La presse US divisée sur l'opération contre le domicile des Gonzalez

Les principaux journaux des États-Unis se montraient divisés sur l’intervention musclée menée samedi à l’aube par les autorités fédérales pour extraire le petit Elian de la maison de ses proches à Miami. «Le gouvernement a fait ce qu’il fallait, proprement et correctement, en s’emparant d’Elian Gonzalez et en le rendant à son père», estime le Washington Post. «Le raid a été rapide, respectant l’enfant et ce sont les proches qui l’ont provoqué». L’attorney general (ministre de la Justice) Janet Reno «n’avait pas le choix», selon le journal. Le Post reproche à Albert Gore et George Bush, les deux candidats à la présidentielle, d’avoir «fui leurs responsabilités à la recherche de votes» en condamnant le recours à la force. Le New York Times condamne au contraire «un raid précipité». «La vision d’agents fédéraux fortement armés pénétrant dans la maison de Lazaro Gonzalez (...) risque de hanter ce pays pour les années à venir», estime le journal. «La nation se demande aujourd’hui pourquoi le gouvernement avec toute sa puissance n’aurait pas pu agir avec plus de retenue et une patience continue». Selon le Times, «le respect de la loi est sacré en Amérique et le mépris des proches de Miami était inacceptable», mais Janet Reno «aurait dû exercer davantage de pressions judiciaires sur les proches de Miami avant de fracasser la porte pour sortir Elian». Le Miami Herald se dit lui outré d’«un raid choquant», mais lance un «appel au calme» pour éviter que le «dictateur cubain» Fidel Castro ne tire avantage d’«un comportement violent» des habitants. «Tout montre que les parents de Miami étaient enfin prêts à remettre Elian à son père dans un délai très bref. Une enquête indépendante sera nécessaire dans cette affaire». «Nous avons soutenu le désir de Juan Miguel Gonzalez de retrouver son fils depuis son arrivée aux États-Unis», mais pas au prix du «traumatisme infligé à notre communauté», ajoute le journal. Quant au Los Angeles Times, il approuve une «action dure mais juste. Reno a pris une décision dure, mais elle s’y est tenue. Elian est là où il devait être, dans les bras de son père». «Parler d’une solution plus facile, c’est ignorer la fièvre politique qu’ont allumée les dirigeants de la communauté américano-cubaine à Miami». Si ces derniers «brandissent la photo d’un policier armé et cuirassé, elle sera dépassée par d’autres images», comme «la photo plus tard d’un Elian souriant embrassant son papa. Le drame n’est pas fini, mais il a pris un virage positif», conclut le Los Angeles Times.