Les relations jordano-israéliennes : un ton en dessous avec le nouveau monarque

La première visite en Israël du roi Abdallah II de Jordanie, qui a eu lieu dimanche à Eilat, s’était fait attendre, le souverain ayant volontairement pris ses distances avec l’État hébreu, depuis son accession au trône en février 1999. Il aura fallu au jeune roi plus d’un an pour se rendre en Israël, Abdallah II ayant donné la priorité, dès son intronisation, aux relations de son pays avec le monde arabe. Les relations jordano-israéliennes sous le règne du roi Hussein, père de l’actuel roi, depuis la signature du traité de paix en octobre 1994, ont généralement été chaleureuses. Le défunt roi était convaincu de la nécessité de rapprocher les deux peuples et de tourner définitivement la page des inimitiés passées. Lorsque le soldat jordanien Ahmad Dakamseh a tué en mars 1997, sept collégiennes israéliennes en excursion à la frontière jordano-israélienne, le roi Hussein n’a pas hésité à se rendre en Israël pour rencontrer les familles des fillettes assassinées. Mais les images du roi Hussein agenouillé devant les parents éplorés avaient choqué les Jordaniens, notamment ceux, nombreux, qui continuent de s’opposer à la normalisation avec Israël, alors qu’elles avaient profondément ému les Israéliens. Face aux forces anti-israéliennes dans son pays et à l’hostilité de certains pays arabes, notamment la Syrie, qui ont condamné la signature du traité de paix jordano-israélien, Abdallah II a préféré prendre ses distances avec l’État hébreu, sans mettre toutefois en péril les relations des deux pays. Il a ainsi mis au pas les dirigeants du mouvement intégriste palestinien Hamas dans son pays, ce qui a été accueilli chaleureusement par Israël, ennemi juré du Hamas. Abdallah II a en outre œuvré pour créer une «atmosphère adéquate» entre la Syrie et Israël en préparation de la reprise de leurs négociations fin 1999. Le roi de Jordanie, qui avait prévu de se rendre en Israël en février, n’a pas hésité à ajourner cette visite, à la suite d’un bombardement israélien au Liban et du blocage des négociations syro-israéliennes. Sa visite dimanche en Israël constitue une nouvelle tentative jordanienne de rapprocher les points de vue entre Israël, la Syrie et les Palestiniens.