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Actualités - REPORTAGES

Festival du documentaire - Rétrospective des 6 derniers films de Maï Masri et Jean Chamoun Pour un cinéma utile (photos)

Au programme du Festival du documentaire, qui se clôture demain, dimanche 23 avril, au Centre culturel français, des films de réalisateurs d’Europe et du monde arabe, des rencontres avec les auteurs, des débats, ainsi qu’une rétrospective des films de Maï Masri et Jean Chamoun, réalisés entre 1988 et 1998. Une rencontre sera organisée avec les auteurs à la suite de la projection des Enfants du feu, dimanche à 17h00, salle Montaigne. Elle est de père palestinien et de mère américaine : son éducation libérale lui a donné une grande capacité de compréhension, mais aussi un sentiment de forte appartenance à sa terre natale. Il est libanais, d’une famille «de la plaine de la Békaa», comme il le précise. Fasciné par l’Histoire, il a toujours voulu «se rendre utile». Tous les deux ont trouvé les réponses à leurs questions personnelles à travers les études de cinéma, puis le documentaire. En 1982, Maï Masri et Jean Chamoun se rencontrent et tournent Sous les décombres, un des rares témoignages – «avec celui de Jocelyne Saab, ajoute la réalisatrice –, sur la vie quotidienne à Beyrouth pendant le siège de la capitale par les Israéliens. Dix-huit ans et neuf films plus tard, ils ne se sont pas quittés, et travaillent ensemble à leurs convictions communes : «Nous avons la même approche», dit Maï Masri. «Notre but, c’était de trouver un nouveau langage à partir du réel». Le couple tient à parler d’un «documentaire d’auteurs, celui qui est habité par une réflexion et une technique propres, et pas un film réalisé à partir d’une “recette” toute faite». Le pire et le meilleur Fleur d’ajonc (1986) donne la parole aux femmes du Liban-Sud; Beyrouth, génération de la guerre (1988) laisse s’exprimer trois générations libanaises sur la réalité de la guerre; Les enfants du feu (1990) montre les petits combattants de l’Intifada; Rêves suspendus (1992) raconte comment on recommence à vivre après 17 ans de guerre; Otage de l’attente (1994), ou le Liban-Sud à travers le regard d’une femme médecin; Hanane Ashrawi : femme de son époque (1995) présente une des grandes figures palestiniennes; Les enfants de Chatila (1998) donne la caméra à ces oubliés du camp tristement célèbre. Enfin, Rami, derrière les lignes, en cours, sera terminé dans le courant de l’année. Dans toutes ces œuvres, il n’est question que de la guerre. D’abord, parce que les réalisateurs l’ont vécue, de bout en bout, se sont déplacés pour voir comment les autres la vivaient, hors de la capitale, qu’ils soient libanais ou palestiniens, de Naplouse ou de Chatila. Mais surtout parce que la guerre est «bouleversante et émouvante, tout simplement», explique Maï Masri. «Elle est capable de révéler le meilleur et le pire de l’individu. Par exemple, les enfants de Chatila, avec les pierres comme seules armes, avaient acquis un sens de la liberté et de la force extraordinaire». Voir à travers la vision des autres Un film, pour eux, n’est jamais à sens unique : «Il y a un échange et une communication réels entre nos personnages et nous», poursuit la réalisatrice. «Je connais bien la réalité de Chatila, ses enfants, leurs familles. Au fil des années, nous sommes restés en contact avec eux, des liens se sont tissés. Je suis heureuse de constater que certains enfants ont plus confiance en eux-mêmes, sont plus épanouis depuis notre première rencontre». Il y a une raison à cela : dans Les enfants de Chatila, Maï Masri a confié sa caméra à ses petits témoins-acteurs. «J’aime par-dessus tout voir à travers la vision des autres et la montrer au public», affirme-t-elle. Pour comprendre la guerre, il n’y a pas de secret, il faut «se rapprocher du monde, mais dans un mouvement poétique». C’est ce regard à la fois réaliste et personnel qui fait la particularité de ces films ni trop longs, ni trop courts (environ une heure, pour répondre aux exigences des télévisions concernant les documentaires). Subjectivité hypocrite La subjectivité du regard d’un cinéaste ? Le mot fait rire Jean Chamoun : «Pour moi, ce n’est qu’un synonyme d’hypocrisie», dit-il. «Le personnage qui parle dans nos films ne s’adresse pas à la caméra, mais à moi. Grâce à cette spontanéité, on peut démasquer l’individu, mais surtout détruire des barrières qu’on pouvait croire inébranlables». Maï Masri tient le même discours : «L’image est plus forte que les mots. Elle peut briser tous les stéréotypes». Démasquer, mais aussi respecter les individus, dans leur douleur, leur révolte, leurs rêves : la caméra des deux réalisateurs laisse les femmes parler, parce qu’elles en ont besoin, mais aussi les enfants, parce qu’elle leur permet de débrider leurs imaginations. Celles-ci donnent alors une autre dimension aux films, sans doute une infime dose de poésie, proche de la fiction. C’est de cette manière que Jean Chamoun et Maï Masri poursuivent leur idéal : pour l’un, être utile, pour l’autre, être authentique. Mais ils se retrouvent toujours derrière une seule caméra. • Projections des documentaires de Jean Chamoun et Maï Masri : – Samedi 22, 10h00, Beyrouth, génération de la guerre; 14h00, Rêves suspendus; 15h45, Hanane Ashrawi, femme de son époque. – Dimanche 23, 17h00, Les enfants du feu. Renseignements : 01 615 863/887.
Au programme du Festival du documentaire, qui se clôture demain, dimanche 23 avril, au Centre culturel français, des films de réalisateurs d’Europe et du monde arabe, des rencontres avec les auteurs, des débats, ainsi qu’une rétrospective des films de Maï Masri et Jean Chamoun, réalisés entre 1988 et 1998. Une rencontre sera organisée avec les auteurs à la suite de la...