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Actualités - ANALYSE

La parité avec l'occupation israélienne est largement rejetée La controverse sur la présence syrienne axée sur une question de temps

À de rares exceptions près, les composantes politiques locales conviennent que l’on ne peut mettre dans le même panier l’occupation israélienne et la présence syrienne. Les Israéliens ont agressé, et agressent encore ce Liban dont ils ont envahi le territoire. Les forces syriennes sont entrées, avec le plein assentiment des autorités légales en place, pour mettre fin à la guerre domestique. À la demande et au profit de quelles parties devient dès lors une polémique inutile, voire pernicieuse, puisqu’elle attise des divisions internes tout à fait préjudiciables aux intérêts bien compris de ce pays. Mais même si l’on ne doit pas lier directement les deux éléments, il est évident que le retrait israélien fait de suite songer, par analogie physique, à cette question : et les Syriens, quand partiront-ils ? Autrement dit, à quel moment l’État libanais se jugera en mesure d’étendre son autorité à l’ensemble des régions par le truchement de ses seules forces régulières nationales ? Quand donc pourra-t-il se passer du concours de troupes amies importées, comme l’armée syrienne ou la Finul ? Les dirigeants répondent évasivement, depuis des années, que cela se fera lorsque les intérêts du Liban le permettront. Mais cela veut dire quoi au juste, on ne le sait pas trop. Et il serait sans doute plus judicieux d’évoquer une question de circonstances plutôt que d’intérêts. Dans tous les cas, il est certain que sans une position unifiée des Libanais, il est difficile d’envisager une conjoncture permettant une solution raisonnable, bien programmée, au problème posé. Un dignitaire religieux rappelle pour sa part que les accords de Taëf avaient prévu que deux ans après les réformes constitutionnelles, les forces syriennes se replieraient sur la Békaa. À l’expiration du délai, en septembre 1992, ce redéploiement avait été reporté sine die, malgré l’insistance des Américains. Beyrouth et Damas avaient sèchement répondu que cela ne regardait qu’eux. En indiquant tout de même, pour la consommation locale, que le reflux s’effectuerait après l’abolition du confessionnalisme politique. En d’autres termes, qu’il était renvoyé aux calendes grecques, puisque cette évolution devait, dans le plus rapide des projets, prendre deux générations au moins. Le temps de réformer les mentalités à partir d’une formation civique à l’école. Il y avait un précédent : bien avant Taëf, il avait été convenu que les forces syriennes se retireraient à la demande des autorités légales libanaises. Une demande restée sans suite quand le président Amine Gémayel puis le général Michel Aoun l’avaient présentée. Dès l’époque, on avait souligné ce qui est devenu une constante : on ne pouvait mettre à pied d’égalité présence militaire syrienne et occupation israélienne. Il fallait en tout premier lieu que le Sud et la Békaa-Ouest fussent libérés, pour que la Syrie ne se sentît plus menacée à partir du ventre mou que constituait le territoire libanais. Cette logique avait été admise localement et pratiquement personne n’a plus réclamé un retrait simultané des Israéliens et des Syriens. Comme l’État hébreu a continué pendant des années à ignorer la 425, une fraction des Libanais a estimé que cela justifiait automatiquement le maintien de la présence syrienne, puisqu’il est inadmissible que des forces fraternelles sortent avant ou en même temps que l’ennemi. Cependant, dès qu’il a été sérieusement question d’un retrait israélien, des voix se sont élevées pour demander le départ ultérieur des Syriens. Une fois de plus les autorités ont répondu qu’il leur appartient d’en juger, à la lumière des intérêts du Liban et de ses besoins sécuritaires, sans trop préciser les uns ou les autres. La personnalité religieuse citée pense de son côté que «dans la phase délicate actuelle, il convient de se soucier avant tout de solidarité et d’entente nationales. Ce qui implique de la part du pouvoir un certain effort de transparence. Il faut qu’il explique clairement à l’opinion, sans détours, les motifs, le but national, qui justifient le maintien des forces syriennes. Il est nécessaire de bien persuader les Libanais. Sans quoi l’on ouvre la voie à des divisions intérieures qui ne peuvent profiter qu’aux parties qui ne souhaitent ni le bien ni la stabilité de ce pays». Les forces syriennes, entrées voici près de 24 ans, ont réussi à mettre fin aux combats domestiques, à empêcher la partition, à préserver l’unité de l’entité libanaise. Elles ont contribué à l’application du plan de sécurité établi à Taëf. Dont les résolutions les remerciaient d’aider le pouvoir libanais à rétablir progressivement son autorité sur l’ensemble de son territoire. Dans le même esprit, la Syrie acceptait la mission, toujours selon Taëf, de contribuer à l’édification d’un État libanais fort, fondé sur l’entente nationale. Or ce dernier point n’a pas été réalisé, tant s’en faut. Et même pour le plan de sécurité, il est évident que les forces régulières libanaises ne contrôlent pas seules tout le territoire. Dès lors on n’a pas atteint, sur le plan théorique et dialectique, le point prévu dans Taëf à partir duquel l’État libanais peut se passer du concours des forces syriennes. Il n’en reste pas moins que les autorités ont le devoir de s’en ouvrir à l’opinion et de dire combien de temps il faut encore pour que la mission syrienne soit considérée comme accomplie. Afin de couper court à des divisions internes.
À de rares exceptions près, les composantes politiques locales conviennent que l’on ne peut mettre dans le même panier l’occupation israélienne et la présence syrienne. Les Israéliens ont agressé, et agressent encore ce Liban dont ils ont envahi le territoire. Les forces syriennes sont entrées, avec le plein assentiment des autorités légales en place, pour mettre fin à...