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Actualités - REPORTAGES

Correspondance "Le dernier Harem" au Festival du film à Washington Raffinement culturel et goüt extrême(photo)

Qui dit harem, dit généralement enfermement et femmes langoureuses attendant le bon plaisir du sultan ou tout autre homme. Le dernier harem, film du cinéaste turc Ferzan Ozpetek (présenté dans le cadre du festival du film à Washington), propose une vue prenante à travers la «moucharabia». C’est une ouverture sur un monde où l’esthétique, le raffinement et la culture ont autant droit de cité que l’opulence, l’indolence, les complots de sérail et autres luttes de pouvoir. D’abord, le décor qu’il dresse est d’une magnificence tout en élégance et en goût extrême. Les costumes somptueux et éthérés ne font que parfaire cette toile de fond soyeuse et feutrée. Aucune lourdeur, aucune fausse note, aucune trivialité dans l’évocation de cet univers féminin où tout n’est pas que luxe et volupté. L’histoire se situe au début du XXe siècle, dans le harem du sultan Abdel Hamid, à la veille de l’écroulement de l’Empire ottoman. C’est celle d’une jeune fille d’origine italienne, nommée Safié (l’actrice française Marie Gillain), faisant partie du harem du sultan. Outre sa beauté, elle a à son avantage un esprit fin et une maîtrise des langues : elle traduit avec facilité les livrets des opéras dont est friand le sultan. Puis, elle scelle un pacte avec un eunuque noir, Nadir (Alex Descas), décidé à faire d’elle la favorite et si possible l’épouse du sultan. Parallèlement à la poursuite de leur plan, les deux jeunes gens se lient d’une sincère amitié qui se transformera en un fort sentiment amoureux. Car âme sensible, Safié aspire à l’amour plus qu’au pouvoir. Elle succombera au charme, à l’intelligence et à l’attention que lui voue Nadir, malgré son handicap physique. Elle arrivera, entre-temps, à donner un fils au sultan, mais des rivales empoisonneront l’enfant. Son ascension sera arrêtée par des événements extérieurs (l’exil du sultan) qui viendront perturber la donne. « Hammam », opéra et récital Tout en suivant leur destin, (relaté par Safié âgée, incarnée par l’actrice italienne Lucia Bose), on découvre ce qu’était en réalité un harem. Un lieu organisé et structuré, fait de rituels quotidiens sophistiqués. Il y avait des «hammams» et des salons fabuleux et aussi des salles de musique et de bibliothèques. Le harem était souvent invité à assister, derrière la «moucharabia» à des récitals lyriques. Et dans ce cercle féminin, on cultivait également l’art de conter aussi bien que le «hakawati», comme le prouve la responsable du harem, Gulfidan (l’actrice Serra Ylmaz, qui excelle dans ce rôle). Il y régnait aussi un brassage de cultures, les «pensionnaires» étant de différentes nationalités. Dans ce contexte, on comprend le désarroi et l’effroi de ces jeunes femmes vivant confortablement (certes, au prix d’une liberté perdue) et habituées à être encadrées, lorsque, après la destitution du sultan, les nouveaux dirigeants ont condamné le harem. Dépourvues d’attaches et de références, pour elles, l’indépendance n’a plus aucun sens. On les voit aller à la dérive, menacées par la faim et le froid. Même le couple (Safié-Nadir) qui avait surmonté plus d’un obstacle «intra muros» n’arrive pas à survivre dans ce monde extérieur dont il ignore les règles.
Qui dit harem, dit généralement enfermement et femmes langoureuses attendant le bon plaisir du sultan ou tout autre homme. Le dernier harem, film du cinéaste turc Ferzan Ozpetek (présenté dans le cadre du festival du film à Washington), propose une vue prenante à travers la «moucharabia». C’est une ouverture sur un monde où l’esthétique, le raffinement et la culture ont...