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Actualités - OPINION

Sam suffit

Généalogie d’un crime, autopsie de monstres, cas ultraclinique de freaks, sérial-killers en puissance : Sam, Sami, Samir, Samia, Samira, âges 17, 19 ans, taille, poids, sexe, on s’en fout, tout est bon à tabasser, nationalité libanaise, religion libanaise, crime, euh... Eh ben quoi, allez, crime ! Non ? Mais si, messieurs qui nous gouvernez, ils sont bien criminels quelque part… Tenez, d’abord ils sont jeunes, et ça, c’est inadmissible n’est-ce pas, ils sont cultivés, ils s’instruisent, c’est inacceptable, ils s’opposent, ils défendent une idée, une valeur, quelque chose, quelqu’un, ils ont la foi, c’en est trop, hein, messieurs qui nous gouvernez ? Ils veulent façonner, ils bouillonnent d’envie, de besoins, de rêves, oh pas seulement d’une nation souveraine, libre, belle, grande, forte, non, ça c’est tellement chimérique que leurs âmes seraient au chômage technique des années durant, ils veulent, par exemple, tout bêtement, comme tous les ayants droit d’une vie normale, chanter quelques mots tirés d’un livre saint, écrire ou filmer leur pays au quotidien, sa réalité, vous savez messieurs qui nous gouvernez, celle que vous êtes censés modeler, chaque jour, pour nous, on vous a, tout de même, élus, non ?, ils veulent mettre en scène la beauté, souvenez-vous, elle est universelle celle-là, du corps humain, ils veulent suicider la corruption, sauver les petits poussins mutilés au violet ou au vert, créer leur love parade, aller cueillir des fraises sauvages, se baigner dans une mer propre, se tenir par la main lorsqu’ils s’aiment d’amour, bref, vous comprenez messieurs qui nous gouvernez, ils veulent, oh juste s’exprimer, et vivre, et ça, c’est interdit, «no way», «abadan», «no pasaran», n’est-ce pas messieurs qui nous gouvernez... Alors, comme, évidemment, il n’y a pas assez d’argent pour acheter des milliers, des milliers de muselières et de laisses, comme l’avenue Abdallah Yafi était un poil plus étroite que la place Tiananmen, vous avez demandé qu’on leur casse le bras, qu’on s’acharne sur leur nuque, leur dos, leur tête, qu’on les détienne, qu’on les torture, qu’on les juge, qu’on les stocke en tôle, au moins un mois... Messieurs qui nous gouvernez, est-ce que vous savez que c’est grâce à votre amnésie, à votre inconstance et à votre absurdité, mais oui c’est vous, rappelez-vous il y a quelques seize mois, qui aviez redoré notre Constitution, ils avaient trouvé ça génial et cool, qu’est-ce qu’ils étaient cruches, que vous avez remis au goût du jour un adverbe un peu folklo, le plus long mot, paraît-il, de la langue française, et ce bon monsieur Kafka, qu’est-ce qu’il doit se gausser maintenant, et Sam, Sam ne rêve plus, Sam pleure, Sam hurle, Sam maudit, Sam suffit pour cracher aux yeux du monde la dégueulasse et purulente image de ce pauvre, pathétique et pauvre Liban, mais Sam, continue, s’il te plaît, t’arrête pas...
Généalogie d’un crime, autopsie de monstres, cas ultraclinique de freaks, sérial-killers en puissance : Sam, Sami, Samir, Samia, Samira, âges 17, 19 ans, taille, poids, sexe, on s’en fout, tout est bon à tabasser, nationalité libanaise, religion libanaise, crime, euh... Eh ben quoi, allez, crime ! Non ? Mais si, messieurs qui nous gouvernez, ils sont bien criminels quelque...