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Actualités - REPORTAGES

Liberté d'expression - Une dizaine de blessés lors des heurts, hier, près du musée Une manifestation estudiantine durement réprimée par les forces de l'ordre (photos)

Les manifestations estudiantines en faveur de la liberté d’expression qui se sont tenues hier devant le musée national rappelaient celles qui ont eu lieu pour la même raison il y a deux ans et qui avaient mobilisé quelque deux mille étudiants devant le Parlement. Une dizaine d’entre eux ont été blessés cette fois. Le mouvement (visant à obtenir la libération de neuf étudiants encore détenus) a été réprimé avec une violence d’autant plus inadmissible que le gouvernement actuel s’était engagé à garantir le droit de manifester. Quelle que soit l’identité des protestataires, qu’est-ce qui justifie une telle répression des libertés ? La marche pacifique organisée hier par un groupe de quelque 500 étudiants a vite tourné au cauchemar. Une dizaine de personnes ont été blessées, et trois d’entre elles transportées par la Croix-Rouge à l’Hôtel-Dieu (deux jeunes filles et un jeune homme, atteint au dos et au cou). Les manifestants ont été bousculés par les forces armées (Armée et FSI), battus à coups de crosses de fusils-mitrailleurs et de matraques, et aspergés d’eau sous les lances de pompiers. Même les journalistes n’ont pas été épargnés, et un photographe a été violemment bousculé alors qu’il prenait des photos de jeunes fuyant les jets d’eau. Deux étudiants ont été arrêtés durant la manifestation : Georges Sawma et Tony Harb. Tout avait commencé dans la nuit du 13 au 14 avril, quand trois étudiants faisant partie du mouvement aouniste, le Courant national libre (CNL), ont été arrêtés «sans mandat d’arrêt», comme l’a assuré à L’Orient-Le Jour l’un d’eux, Marc Choucair. «Il est vrai que nous n’avons pas été agressés physiquement, mais nous avons quand même été perquisitionnés pour avoir distribué des tracts à l’université». Ces arrestations ont été suivies d’autres lorsque des partisans du général Aoun ont distribué des tracts après avoir installé des barrages sur l’autoroute de Jounieh dénonçant l’arrestation de leurs camarades. Lundi, cinq nouveaux membres du CNL ont été détenus lors d’altercations qui les ont opposés aux forces de l’ordre : Ziad Abs, Tony Orian, Tony Atayek, Patrick Semaha et Naïm Aoun. Selon des sources du CNL, l’un d’eux aurait le bras cassé et un autre serait gravement blessé au cou, sans que des soins sérieux ne leur soient administrés. Quatre autres arrestations ont suivi dans la nuit du lundi au mardi, également en raison de la distribution de tracts : Jean-Paul Dib, Paul et Pierre Bassil et Rabih Maalouli. Hier matin les trois premières personnes arrêtées avaient déjà été relâchées. Mais il était trop tard pour calmer la colère des étudiants. Ils étaient à peu près cinq cents devant le musée national à partir de treize heures, portant des bandeaux noirs autour de la tête ou du bras et scandant des slogans pour la liberté d’expression. Ils étaient entourés de forces de sécurité (appartenant à l’Armée et aux FSI), assistées d’éléments de la brigade antiémeutes. «Il est incorrect de dire que cette manifestation est simplement aouniste», déclarent les étudiants. «Nous sommes venus ici pour défendre notre liberté de parole et pour demander le départ des troupes syriennes du Liban. Nous réclamons également la libération de nos camarades». Les étudiants étaient en effet issus de plusieurs universités. Quelques-uns d’entre eux portaient un cercueil en bois sur lequel était inscrit en noir le mot «liberté». Plusieurs organisations politiques avaient signé lundi un communiqué dénonçant les arrestations. Peu après quatorze heures, les étudiants se sont dirigés vers le tribunal militaire, où ils ont poursuivi leur sit-in. Leur prochaine étape devait être la caserne Hélou, où se trouvent vraisemblablement les jeunes détenus. Un responsable des FSI, s’est alors adressé aux responsables estudiantins, leur accordant dix minutes pour évacuer les lieux et retourner vers le musée. Ils les a informés qu’il avait des ordres de ne pas leur permettre de se diriger ainsi groupés à la caserne Hélou. Quand les responsables estudiantins ont informé leurs camarades de la décision des FSI, la réaction des étudiants ne s’est pas fait attendre et un sit-in a été aussitôt organisé sur place. C’est là que les choses se sont gâtées. Les jets des lances à eau des pompiers ont obligé les manifestants à se replier vers le musée national et les rues latérales. Certains manifestants ont tenté de résister et ceux qui ont fait face aux crosses des fusils ont reçu des coups. Quand l’atmosphère s’est calmée quelques minutes plus tard et que les forces armées se sont assurées de la dispersion des étudiants, ceux-ci n’ont pas caché leur déception. «Est-ce de cette manière que l’on garantit la liberté d’expression?», a crié l’un d’eux. Un autre étudiant a renchéri : «Qu’avons-nous fait de faux ? Crier «liberté, souveraineté, indépendance» ? N’est-ce pas la devise des autorités ?»
Les manifestations estudiantines en faveur de la liberté d’expression qui se sont tenues hier devant le musée national rappelaient celles qui ont eu lieu pour la même raison il y a deux ans et qui avaient mobilisé quelque deux mille étudiants devant le Parlement. Une dizaine d’entre eux ont été blessés cette fois. Le mouvement (visant à obtenir la libération de neuf...