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Actualités - INTERVIEWS

Dossier régional - Réserves francaises concernant le déploiement de Casques Bleus sur la frontière méridionale Alain Richard critique le rôle syrien au Liban

La Syrie ne veut pas d’un accord avec Israël qui remettrait en cause «sa domination sur le Liban», a estimé le ministre français de la Défense Alain Richard, dans une interview dont des extraits ont été diffusés mardi par le ministère français des Affaires étrangères. «Ce que je redoute – pour dire les choses très franchement –, c’est que le pouvoir syrien compte parmi ses atouts principaux d’avoir la domination sur le Liban. Par conséquent, toute solution, même lui rendant son intégrité territoriale, mais qui aboutirait à remettre en cause sa domination sur le Liban, ne lui convient pas», a déclaré le ministre dans une interview à la station de radio publique France-Inter et dont des extraits ont été diffusés hier sur le site Internet du Quai d’Orsay. «Nous voulons nous rapprocher d’une pleine souveraineté du Liban parce que, derrière, il y a aussi cette question de la domination de la Syrie (sur ce pays)», a-t-il dit, ajoutant que Paris désirait tout autant continuer à soutenir «efficacement» le processus de paix, «parce qu’il y a quand même des choses qui avancent», et donner un rôle à l’Onu pour fixer sa légitimité, «ce qui a été souvent discuté par les acteurs sur le terrain, et notamment par Israël». Qualifiant le retrait annoncé par Tel-Aviv pour le 7 juillet prochain de «bienvenu et souhaitable pour (l’État hébreu) comme pour la paix dans la région» et certifiant qu’il était «sûrement programmé», Alain Richard a toutefois souligné que ce retrait impliquait, pour l’État libanais, «relativement faible et sous domination syrienne», qu’il aurait «à maintenir la sécurité alors qu’il y a (dans sa zone sud) des groupes armés et des groupes dissidents qui ne demanderaient qu’à être armés et qui peuvent continuer à exercer des actions de combat contre Israël, même en traversant la frontière avec des projectiles». Au sujet d’un éventuel rôle direct que jouerait la France dans le processus de paix au Proche-Orient, et notamment par le déploiement, le long de la frontière israélo-libanaise, de Casques bleus, Alain Richard a émis quelques réserves. «Si nous y allons sans qu’il y ait d’accord (entre Israël et la Syrie) du tout, nous y allons dans une situation très instable, avec par conséquent des risques sérieux pour les soldats français, a-t-il souligné, des risques vitaux, bien sûr, mais aussi des risques de se trouver en position fausse, si le mandat des Nations unies ne permettait pas de réagir aux violences». Indiquant que ce n’était pas une position de la France seule et que Paris était en contact étroit avec Kofi Annan et le département des opérations de maintien de la paix à l’Onu, le ministre français de la Défense a estimé que «même si c’est modeste, même si c’est hésitant, on est dans une phase de progression du processus de paix : cela avance avec les Palestiniens». Et à la question de savoir si les Israéliens veulent vraiment qu’il y ait, dans cette zone, des Casques bleus français, le ministre, qui s’est rendu la semaine dernière en Israël, a répondu : «Oui, c’est sûr ! (Les Israéliens) me l’ont dit avec franchise». Reconnaissant, en revanche, qu’avec la Syrie, «il y a, en réalité, très peu de contacts», de par «la personnalité complexe» du président Hafez el-Assad et parce que «le régime syrien est très refermé sur lui-même», Alain Richard a souhaité que les différents partenaires «fassent, les uns et les autres, des sacrifices par rapport à leurs intérêts privilégiés». Espérant, d’autre part, que le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Ehud Barak allaient «presser le pas pour aboutir à des accords ensemble», il a précisé, évoquant le statu quo des négociations entre Damas et Tel-Aviv, les deux tendances qui prévalent actuellement au sein du Cabinet israélien. «D’aucuns disent qu’il vaut mieux commencer par la Syrie parce que c’est une puissance qui a un certain poids, qui peut être une menace, etc., d’autres pensent qu’il faudrait aller le plus loin possible avec les Palestiniens parce que c’est quand même cela le cœur de la difficulté pour le Proche-Orient : je crois que c’est progressivement cette deuxième tendance qui prend le dessus», a estimé Alain Richard. Enfin, au sujet de l’éventuelle annonce de la création d’un État palestinien, il a déclaré que «dans l’esprit des dirigeants israéliens, cela fait partie d’un deal total : cela veut dire qu’il faut aussi que les dirigeants palestiniens prennent un certain nombre d’engagements quant aux rapports réciproques, quant à leur propre gestion, etc. Mais je pense que c’est vraiment, maintenant, tout à fait sur le haut de la pile des priorités», a conclu Alain Richard. Interrogé sur ces déclarations, le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, François Rivasseau, a déclaré que «la France parle d’une seule voix», tout en ajoutant que «le ministre de la Défense, naturellement, lorsqu’il s’exprime, fait part de la sensibilité propre à son ministère».
La Syrie ne veut pas d’un accord avec Israël qui remettrait en cause «sa domination sur le Liban», a estimé le ministre français de la Défense Alain Richard, dans une interview dont des extraits ont été diffusés mardi par le ministère français des Affaires étrangères. «Ce que je redoute – pour dire les choses très franchement –, c’est que le pouvoir syrien compte...