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Actualités - ANALYSE

Retrait - La polémique intérieure handicape le Liban Le réalisme commande autant l'union que l'expectative

Un ancien diplomate regrette fortement que «le Liban, gouvernement et population confondus, se laisse entraîner dans une vaine controverse sur le retrait israélien et sur le sens qu’il convient de donner aux dispositions de la 425 comme de la 426. Les disputes internes sont par elles-mêmes, en un tel moment, une source de profonde inquiétude. D’autant qu’elles portent les Palestiniens d’ici à se diviser encore plus entre eux. Les uns, se rappelant la guerre dite des deux ans, sortent dans les camps les armes de leurs cachettes. Les autres veulent croire aux accords d’Oslo…». Selon cet homme d’expérience, «le pays aurait dû réagir à l’annonce du retrait israélien par un front unifié. Le réalisme le plus élémentaire veut qu’en un tel cas, on juge uniquement sur pièces. C’est-à-dire que l’on attende de voir ce que les Israéliens vont faire au juste, pour décider en conséquence. Il est certain que la polémique médiatico-politique nuit à nos intérêts. À quoi cela sert-il, par exemple, d’affirmer d’avance que le retrait ne sera pas complet et qu’il s’agit d’un piège ? De même, pourquoi soutenir avant l’heure que même en cas d’application exacte de la 425 sous l’égide de l’Onu, le Liban ne garantira la sécurité frontalière que dans le cadre d’un règlement global, incluant des indemnités ainsi que les questions des réfugiés palestiniens, des détenus ou des eaux. Cela sans compter que même si on devait obtenir gain de cause sur tout, on ne signerait pas sans la Syrie». «En diplomatie comme en politique, souligne ce professionnel, on ne brûle ni les étapes ni ses cartes. On ne vend pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. On ne met pas la charrue devant les bœufs. On ne prend pas position au sujet d’événements qui ne se sont pas encore cristallisés.» Et d’ajouter que «le Liban officiel aurait dû attendre de connaître les résultats du conflit que le projet de retrait provoque en Israël même, au sein des instances dirigeantes, de l’armée et de la population. Il y a ceux qui tiennent à un accord préalable, pour garantir l’arrêt des actions de la Résistance, et ceux qui veulent un retrait unilatéral, assorti le cas échéant de frappes sévères pouvant entraîner une guerre régionale. De plus, s’il est vrai que le gouvernement de Barak a annoncé son intention d’ordonner le retrait, il n’a toujours pas pris des décisions concrètes d’exécution. C’est ce que confirme l’envoyé du secrétaire général, de l’Onu, M. Terry Rod Larsen. Il explique que le secrétariat général, n’étant pas encore notifié par Israël, ne peut discuter le retrait du Sud en détail. Ce qui revient à dire qu’au stade actuel, on en est à une simple déclaration d’intention israélienne qu’aucune partie concernée ne peut valablement commenter. On ne sait pas si Israël ne va pas solliciter une modification de la 425, pour un renforcement considérable de la Finul. On ne sait pas non plus s’il ne compte pas demander une nouvelle force multinationale. Ni si ses éventuelles requêtes seraient ou non accompagnées de cartes détaillant le retrait et jusqu’à quelles frontières. L’État hébreu ne précise ni quand les opérations doivent commencer ni quand elles doivent finir. On ignore de la sorte si le soin de régler ces détails va être assumé par l’Onu, à travers des contacts avec Israël et avec le Liban». «C’est quand notre pays, poursuit l’ancien diplomate, aura reçu copie du projet concret de retrait qu’il pourra en discuter point par point. C’est seulement à ce moment qu’il pourra avancer des exigences ou poser d’éventuelles contre-conditions face aux prétentions israéliennes. Les prises de position prématurées font le jeu d’Israël. En lui permettant de faire croire à l’opinion extérieure que c’est le Liban qui suscite des entraves, en posant des conditions alors que la 425 est inconditionnelle». «Certes, relève cette personnalité, il faut envisager toutes les éventualités pour être prêt à y parer. Mais on ne doit pas prendre position, comme on le fait, avant que les choses se soient décantées. On ne sait même pas en effet si les divergences au sein d’Israël ne vont pas aboutir à un gel du retrait prévu pour juillet. Ni s’il ne va pas être finalement lié à la reprise des négociations israélo-syriennes et libano-israéliennes. On ne sait pas non plus si le retrait va être total, ni si l’ALS va être maintenue, auquel cas la poursuite des actions de la Résistance serait légitime et ne ferait l’objet d’aucune contestation à l’intérieur de notre pays. Tandis que si le retrait était total, la perpétuation de ces opérations ne pourrait être justifiée. De même, on ne peut confondre les torchons et les serviettes. Le Golan, les détenus, les réfugiés et les eaux n’ont rien à voir avec la 425». «En tout cas, conclut l’ancien diplomate, le Liban ne doit pas donner l’impression qu’il craint le retrait et ses retombées».
Un ancien diplomate regrette fortement que «le Liban, gouvernement et population confondus, se laisse entraîner dans une vaine controverse sur le retrait israélien et sur le sens qu’il convient de donner aux dispositions de la 425 comme de la 426. Les disputes internes sont par elles-mêmes, en un tel moment, une source de profonde inquiétude. D’autant qu’elles portent les...