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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Le ministre canadien des AE réaffirme l'engagement de son pays au P-O Axworthy : il y a un besoin urgent de stabilité au Liban-Sud

Centrée essentiellement sur l’aide humanitaire aux réfugiés palestiniens, l’action canadienne au Liban-Sud ne peut s’opérer sans stabilité. C’est cette urgence qui a été mise en relief par le ministre canadien des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, dans un entretien qu’il a eu avec un groupe de journalistes du Proche-Orient, dont notre collaborateur Gaby Nasr, dans son bureau à Ottawa. Une attitude qui explique l’appui du gouvernement canadien à la décision israélienne de retrait unilatéral du Liban-Sud, que M. Axworthy a d’ailleurs réaffirmé au cours de l’interview, à la veille de l’arrivée, après-demain jeudi, à Beyrouth, du Premier ministre canadien dans le cadre d’une tournée régionale. Q.: C’est la première tournée d’un Premier ministre canadien au Proche-Orient. De quoi parlera Jean Chrétien avec ses interlocuteurs et qu’espère exactement le Canada de cette tournée ? Lloyd Axworthy: Le Premier ministre aimerait tout d’abord réaffirmer la présence du Canada et son engagement personnel à travers les efforts que nous entreprenons en vue d’un accord dans la région, trouver ensuite les moyens qui permettent d’avancer sur les points convenus pour l’aboutissement du processus de paix. Comme vous le savez, le Canada préside le groupe de travail sur les réfugiés, une situation qui fait que nous avons un intérêt particulier pour le Proche-Orient. Nous sommes également partie prenante dans les négociations multilatérales. Le Canada a des responsabilités évidentes dans cette région et entend les assumer. Donc, je pense que le Premier ministre tentera de voir avec ses interlocuteurs ce qui les intéresse dans les propositions canadiennes et d’évaluer les initiatives spécifiques qui peuvent progresser indépendamment de notre action. Parallèlement, nous avons été très actifs dans le cadre du programme Canada Camp de reclassement des réfugiés palestiniens, tant pour ce qui concerne leur logement, leur éducation, que le lancement de bourses d’études. Au Liban-Sud, par exemple, nous avons actuellement un programme de bourses d’études pour les femmes des camps de réfugiés. Q.: Vous avez mentionné le reclassement des réfugiés palestiniens. Qu’entendez-vous par là ? L.A.: Eh bien, nous avons réussi, je pense, l’année dernière, à rassembler quelque 200 ou 300 familles à Canada Camp. Q.: Vous évoquez Canada Camp seulement, et rien d’autre ? L.A.: Absolument. Bâtisseurs de paix Q.: Comment définissez-vous le rôle du Canada dans le processus de paix au Proche-Orient par rapport à celui des États-Unis ou des Européens ? L.A.: Nous ne sommes pas directement impliqués dans les négociations. Notre rôle fondamental est la présidence du groupe de travail sur les réfugiés et notre participation aux négociations multilatérales. À la dernière réunion de Moscou, par exemple, le Canada a été un donateur majeur. Nous avons ainsi accru notre contribution directe de 40 à 50 %. Ajoutez à cela toute une variété d’initiatives pour le développement économique des territoires autonomes, notamment sur les questions des réfugiés et de l’éducation. Nous avons par ailleurs un important programme de déminage. Si des progrès sont réalisés sur la question du Golan, nous pourrions offrir nos compétences. Ainsi, comme vous le voyez, nous ne nous positionnons pas en tant que nouvel interlocuteur, mais restons actifs dans tout domaine pratique où nous pouvons mettre en place des mesures de confiance concrètes. Q.: Comment voyez-vous actuellement le processus de paix alors que les pourparlers syro-israéliens piétinent, et quel rôle peut jouer le Canada à ce niveau ? L.A.: Je qualifierais notre rôle de bâtisseurs de paix. Nous entretenons sur le Golan une force de paix de quelque 200 hommes. Comme vous le savez, le Canada a une mission particulière dans ce domaine, puisque notre pays a été en 1956 l’inventeur du concept de Casques bleus sous l’égide de l’Onu. Aussi, dans le cadre d’un accord, nous serons certainement disposés à renforcer notre rôle et peut-être même nos effectifs dans cette zone. Cela fait 25 ans que nos hommes sont sur le Golan. Q.: Le Liban-Sud constitue aujourd’hui la seule frontière «active» au Proche-Orient. Cette situation entre-t-elle en conflit avec votre action sur le terrain ? L.A.: Il y a un besoin urgent de stabilité au Liban-Sud, et c’est pourquoi nous avons vivement soutenu la décision israélienne de se retirer de cette région. Je pense que cette décision constitue un pas dans la bonne direction. On peut se demander maintenant ce qui va se passer après ce retrait, et là nous rejoignons les questions de sécurité plus générales dont nous parlions tout à l’heure. Q.: Pourquoi votre aide est-elle en grande partie centrée sur les réfugiés palestiniens ? L.A.: Nous abordons cette question par un volet strictement humanitaire. En tant que président du groupe de travail sur les réfugiés, le Canada s’est employé au cours des trois dernières années à collecter de l’argent afin de fournir une assistance dans les domaines de la scolarisation, du logement et de la réunification de familles à Canada Camp. Q.: Comment situez-vous exactement les rapports entre le Canada et les États-Unis ? L.A: Comme vous le savez, nous avons des relations à la fois très spéciales et complexes avec les États-Unis. C’est un très grand voisin avec lequel nous avons un échange commercial quotidien d’un milliard de dollars. Cela démontre bien sûr une grande intégration économique… mais pas politique.
Centrée essentiellement sur l’aide humanitaire aux réfugiés palestiniens, l’action canadienne au Liban-Sud ne peut s’opérer sans stabilité. C’est cette urgence qui a été mise en relief par le ministre canadien des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, dans un entretien qu’il a eu avec un groupe de journalistes du Proche-Orient, dont notre collaborateur Gaby Nasr, dans...