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Actualités - CHRONOLOGIE

Ghada Amer : de l'engagement féministe à la couture (photos)

Féministe engagée, l’Égyptienne Ghada Amer est à l’heure actuelle une styliste «atypique» dont parle avec fascination la presse internationale. Installée aux États-Unis, à Harlem, le quartier «noir» de New York, elle expose ses étranges créations aux quatre coins du monde, rencontrant partout un succès égal. Car ce que fait Ghada Amer est unique : elle peint des vêtements-tableaux où s’associe à la couture la broderie. Sans avoir jamais appris à broder, elle construit une œuvre qui intrigue, fascine et mobilise l’intérêt international. Elle-même s’étonne aujourd’hui de constater que sur les podiums de mode les évocations de sa démarche deviennent de plus en plus nombreuses. Sans en vouloir aux créateurs qui lui «piquent» ainsi certaines de ses trouvailles, elle s’en flatte en exprimant tout de même le souhait d’être incluse, à l’avenir, dans le processus de la création qu’elle inspire. Le langage de la couture Née en Égypte en 1963, Ghada Amer a suivi ses parents partis s’installer en France lorsqu’elle n’avait que onze ans. Elle s’est trouvée ainsi dès son jeune âge imprégnée de deux cultures: celle de l’Orient et celle de l’Occident. C’est à Nice, où elle apprend la peinture auprès d’un professeur misogyne, fanatique, qui évitait même d’adresser la parole aux étudiantes, que va se forger et se réveiller sa révolte. Elle en sort avec un profond sentiment de frustration et l’impression que la peinture est une affaire d’hommes. De retour en Égypte en 1984, elle se tourne résolument vers la couture. À l’époque régnait dans ce pays une crise économique et sociale aiguë, doublée d’un militantisme religieux exacerbé. Avec stupeur, la jeune femme découvre que dans les magazines de mode les photos des mannequins présentant les modèles des grands couturiers étrangers étaient altérées par photomontage : décolletés couverts, manches ajoutées, ourlets rallongés pour ménager pudeur et interdits. Intriguée par ce processus, elle croit y voir une métaphore de sa propre condition d’Orientale, mi-Occidentale, mi-affranchie, évoluée mais mi-moderniste ! Cette prise de conscience de son dédoublement a germé en elle et elle se mit à travailler autour de ce thème. À découper des patrons, à jouer avec les formes, les tissus. Progressivement vient le tour de la couture et de la broderie. «Au lieu de peindre des femmes qui brodent, je me suis mise à broder moi-même, puis coudre et combiner le tout», dira-t-elle plus tard. Une de ses œuvres brodées, Cinq femmes au travail, datant de 1991, devenue célèbre aujourd’hui, représente quatre femmes en train d’accomplir des tâches ménagères : repassage, cuisine, ménage, emplettes. La cinquième, évoquée par le titre, c’est elle-même, en train de coudre... Le tout évoqué par un trait très simple d’images stéréotypées, calquées des illustrations des revues de mode. Drôles et en même temps pertinentes et éloquentes, elles plaident pour la cause des femmes. En brodant des clichés, volontairement kitsch, empruntés à l’imagerie des années 50-60, elle symbolise, point par point, la quête identitaire de la femme actuelle et la sienne propre. «C’est difficile d’être femme aujourd’hui, explique-t-elle, c’est un peu comme un pays colonisé qui se réveille après avoir réussi sa révolution. Il est libre mais au fond il a perdu son identité. Les images stéréotypées que j’utilise parlent de cette perte». Les clichés de Ghada Amer, multipliés à l’infini, deviennent les motifs décoratifs de ses robes, dissimulés derrière des broderies bizarres : des jeux de fils enchevêtrés, de couleurs différentes ou de bouts de cotonnades brodées, collées ou pendantes, voilant les dessins, en pointillé. L’effet produit est étrange, envoûtant, totalement inédit. On dirait l’envers d’un vêtement qui laisse voir tout le travail élaboré qu’a exigé son exécution. La créatrice avoue sans complexe qu’elle ne sait broder qu’un seul point : le point droit... Quant à ses robes, très singulières, proches des sculptures, elles sont d’une incroyable simplicité. La plus réputée d’entre elles c’est une robe de mariée, d’une extrême rigueur, entièrement rebrodée blanc sur blanc...
Féministe engagée, l’Égyptienne Ghada Amer est à l’heure actuelle une styliste «atypique» dont parle avec fascination la presse internationale. Installée aux États-Unis, à Harlem, le quartier «noir» de New York, elle expose ses étranges créations aux quatre coins du monde, rencontrant partout un succès égal. Car ce que fait Ghada Amer est unique : elle peint des...