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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Affaire japonaise - Kozo Okamoto reçoit la première carte de réfugié politique Jamil sayed lève les ambiguités et attaque l'opposition(photo)

Longtemps resté dans l’ombre, le directeur de la Sûreté, le général Jamil Sayed a tenu hier une conférence de presse pour lever toutes les ambiguïtés sur l’expulsion des 4 Japonais de l’Armée rouge vers la Jordanie. Tout en expliquant qu’aucun «deal» n’a été conclu entre le Liban et le Japon, il a précisé que l’on ne peut pas pour autant dire que la Jordanie a roulé les autorités libanaises. «Nous n’avons pas demandé à la Jordanie ce qu’elle comptait faire des Japonais. Nous nous sommes contentés des visas de courtoisie de deux mois qu’elle leur a accordés». Le directeur de la Sûreté générale s’en est ensuite violemment pris à l’opposition qui «craint que ce ne soit là qu’un avant-goût des traitements qui seront infligés aux résistants libanais, alors que c’est elle qui a emprisonné les militants en 1994». La cohorte de journalistes venus couvrir l’obtention par Kozo Okamoto de la carte numéro 1 de réfugié politique au Liban, au siège de la direction de la Sûreté, se doutait bien que l’avocat du Japonais, Me Béchara Abou Saad, ne serait pas le seul à prendre la parole. De fait, la formalité de la remise de la carte de réfugié politique achevée, c’est le directeur de la Sûreté générale en personne, le général Jamil Sayed, qui s’installe derrière les micros des diverses chaînes de télévision. Sûr de lui, le verbe clair, le général Sayed a bien préparé sa conférence et il répond aux questions avant que celles-ci ne soient posées, ménageant ses effets en alternant phrases choc et silences. Il se montre surtout compréhensif, s’adressant par le biais de la presse aux jeunes universitaires qui ont exprimé vendredi dernier leur amertume devant le domicile du président du Conseil. «Ils ont agi par conviction et par respect de leurs principes. Je comprends parfaitement leur attitude. Par contre, celle de certains membres de l’opposition qui dénoncent aujourd’hui “la trahison des autorités libanaises” envers ceux qui ont servi la cause de la Résistance est incompréhensible. Ceux-là ont oublié comment les Japonais se sont retrouvés en prison. Ils ont oublié aussi comment ils avaient envoyé l’armée au Sud pour frapper la Résistance en 1993 et plus tard dans la banlieue-sud avec pour ordre de tirer sur une manifestation du Hezbollah. Croyez-moi, pour ce régime, et pour le président de la République en particulier, l’appui à la Résistance n’est pas un simple slogan…». Amman au courant Sayed commence par l’exposé des faits. Selon lui, la décision de la commission pour l’asile politique est irrévocable. La commission s’est donc réunie à plusieurs reprises pour étudier les dossiers des 5 Japonais. Elle a même demandé des documents supplémentaires à l’avocat Abou Saad. Finalement, il lui est apparu que seul Kozo Okamoto a effectivement participé à des opérations de résistance contre Israël. C’est pourquoi elle a décidé de lui accorder, à lui seul, l’asile politique. Il s’agissait alors de trouver un pays d’accueil pour les autres, puisque le jugement de la cour criminelle exigeait leur expulsion du Liban à l’expiration de leur peine. Plusieurs pays se sont proposés, mais soit les Japonais ont refusé de s’y rendre soit les conditions n’étaient pas satisfaisantes. Les Japonais avaient eux-mêmes effectué des contacts avec Chypre, l’Égypte, les Émirats et la Jordanie. «Finalement, nous avons reçu un signe de la Jordanie. Nous avons demandé des précisions à l’ambassadeur qui, au bout de quelques heures, nous a indiqué que son pays se proposait d’accueillir les 4 Japonais. Nous leur avons alors délivré des laissez-passer provisoires qui leur permettent de sortir du Liban, mais ne les autorisent pas à y retourner. L’ambassade de Jordanie leur a accordé des visas de courtoisie, (Ils sont gratuits et généralement donnés aux hôtes et aux diplomates. Il ne s’agit donc pas de visas de transit) d’une durée de deux mois. Nous les avons donc envoyés à bord d’un vol ordinaire de la MEA vers Amman en prenant bien soin de vérifier qu’il n’y avait pas de Japonais à bord. C’est pourquoi lorsque le ministre jordanien de l’Information déclare avoir été surpris de l’arrivée des Japonais, il n’est pas tout à fait dans le vrai. Il n’était peut-être pas au courant mais les autorités de son pays, elles, savaient qu’ils devaient arriver». La responsabilité de la décision Sayed affirme être le principal responsable de l’expulsion vers la Jordanie. «J’assume entièrement la responsabilité de la décision, puisque la Sûreté générale est la seule partie habilitée à exécuter l’expulsion de personnes jugées indésirables. S’il y a des critiques, c’est à moi qu’elles doivent être adressées». Sayed précise toutefois que la Sûreté générale doit expulser les indésirables vers un pays d’accueil, mais elle n’est pas habilitée à trouver ce pays. Le directeur général de la Sûreté tient ensuite un langage conciliant à l’égard des jeunes qui ont manifesté leur mécontentement à la suite du rapatriement des Japonais par la Jordanie, mais il ne ménage pas l’opposition, qui avait multiplié les critiques contre le gouvernement à la suite de cette affaire. «Je comprends qu’il y ait des jeunes mécontents de la décision officielle au sujet de l’expulsion des 4 Japonais, tout comme il y a d’autres jeunes qui estiment que l’État n’aurait pas dû accorder l’asile politique à Kozo Okamoto. Mais d’autres, qui ont participé à la décision de garder les militants en prison pendant trois ans, critiquent aujourd’hui la décision du Liban». Selon lui, plutôt que d’accuser le pouvoir d’avoir livré les Japonais, ceux-là «devraient se rappeler comment ceux-ci ont été arrêtés en 1997…». Il rappelle que même avant d’être aux commandes du pays, le président Lahoud a fait de son mieux pour protéger la Résistance et éviter les pièges qui lui étaient tendus. «En accordant, à l’unanimité de ses membres, l’asile politique à Kozo Okamoto, la commission de l’asile politique n’a fait qu’appliquer la stratégie d’appui à la Résistance du pouvoir actuel». De son côté, Me Abou Saad a posé devant les caméras, la carte de réfugié de Kozo Okamoto en main. Il a aussi précisé que le militant japonais avait quitté la prison de Roumié lundi soir en direction d’un hôpital, dont il n’a pas voulu divulguer le nom. Le fait que l’État ait accordé à Kozo l’asile politique (un asile politique sans conditions, a affirmé le général Sayed) le rend responsable de sa sécurité. C’est pourquoi, le militant japonais restera un homme sous haute surveillance, dans son propre intérêt, mais c’est aussi un homme libre qui peut obtenir une carte de séjour définitive au Liban. Quant à Oumayya Abboud, qui avait épousé Masao Adachi au cours d’une cérémonie pittoresque et romantique à la prison de Roumié, elle fuit les médias attendant de voir comment elle pourrait obtenir un droit de visite pour voir son mari à Tokyo. Par contre, le comité des amis de Kozo Okomato tiendra aujourd’hui une conférence de presse pour annoncer les derniers développements dans l’affaire des 4 expulsés vers la Jordanie. Le dossier n’est donc pas encore clos.
Longtemps resté dans l’ombre, le directeur de la Sûreté, le général Jamil Sayed a tenu hier une conférence de presse pour lever toutes les ambiguïtés sur l’expulsion des 4 Japonais de l’Armée rouge vers la Jordanie. Tout en expliquant qu’aucun «deal» n’a été conclu entre le Liban et le Japon, il a précisé que l’on ne peut pas pour autant dire que la Jordanie...