Sémantique Un diplomate analyse les menaces de Pérès

La petite phrase du ministre israélien de la Coopération régionale Shimon Peres sur l’intention des Israéliens de frapper «les intérêts économiques et militaires syriens au Liban» a suscité un vif émoi au Liban. La formulation étant (volontairement ?) ambiguë, chacun y a été de son interprétation propre, avec toutefois une certaine inquiétude. Mais que signifie au juste, en langage diplomatico-juridique, la formulation de M. Peres ? Nous avons posé la question à un diplomate chevronné. Selon notre interlocuteur, l’expression «intérêts économiques syriens au Liban» ne signifie pas grand-chose les Syriens, tout en étant très impliqués dans l’économie libanaise, n’y ont pas vraiment des intérêts bien définis. D’autant que, selon la loi, ils ne peuvent posséder en totalité une entreprise ou une société. La formulation serait donc destinée principalement à lancer un avertissement aux Syriens et aux Libanais en créant un climat de peur. Par contre, «les intérêts militaires» sont un peu mieux définis. Il s’agit, en termes juridiques, des positions militaires syriennes au Liban. Selon le diplomate, il ne s’agit pas des barrages sur les routes mais plutôt des positions dans la Békaa, dotées de radars et d’autres équipements plus ou moins sophistiqués. Faut-il dans ce cas considérer le raid de lundi sur la Békaa comme l’application de la menace de Peres ? «Les Israéliens ne peuvent évidemment pas bombarder les positions des Palestiniens arafatistes au Liban, puisqu’ils sont en pleines négociations avec cette partie. Mais les autres Palestiniens sont une cible régulière, surtout lorsqu’il s’agit d’adresser un message aux Syriens», souligne le diplomate interrogé.