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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - La montée de la tension préparerait-elle la reprise des pourparlers ? La politique du bord du gouffre, un préambule à la paix

La politique du bord du gouffre à laquelle on assiste en ce moment, avec les bluffs qui l’accompagnent, est destinée à pousser les parties concernées à préférer une solution négociée, estime un diplomate libanais. Il parie sur la prochaine rencontre entre le président Bill Clinton et le chef de l’État égyptien Hosni Moubarak pour faire pencher la balance en faveur de la paix et poser les jalons nécessaires à une reprise des pourparlers sur le volet syrien, et donc à un retrait israélien négocié du Liban-Sud. Il suffit d’observer ce qui se passe, affirme cette source : la tension politique qui monte, accompagnée d’une escalade sur le terrain. Tout cela ne peut être qu’une préparation à une reprise des pourparlers qui épargnerait à la région les conséquences d’un retrait israélien de la bande frontalière sans accord. Israël a été prévenu, assure ce diplomate. Il ne peut pas ne pas en redouter les séquelles. L’État hébreu se retire sans garanties de sécurité pour sa frontière nord, qui serait exposée à des attaques libanaises ou palestiniennes, et à des tentatives d’infiltration en territoire israélien. Une telle perspective devrait faire réfléchir Israël par deux fois. Des infiltrations qui mettraient en évidence l’incapacité de l’armée israélienne à contrôler sa frontière seraient bien plus défavorables au Premier ministre Ehud Barak, que les pertes infligées par la Résistance islamique à l’armée israélienne. En tout cas, ces infiltrations justifieraient les réserves libanaises exprimées par le président Émile Lahoud, qui a affirmé qu’il n’est pas prêt à engager l’armée dans une nouvelle «guerre des camps», dont l’unique bénéficiaire serait Israël. Le Liban lui-même est conscient qu’une partie de la communauté internationale ne comprendrait pas qu’il ne puisse pas contrôler la situation à sa frontière sud, en cas de retrait israélien conforme à la résolution 425. La Résistance islamique a plaidé avec conviction en faveur de la légitimité de son action. Mais une attaque à travers la frontière, ou un bombardement d’Israël à partir du Liban, après un retrait, seraient immanquablement perçus comme des violations de la souveraineté israélienne. Deux mois de délai De même, une partie de l’opinion au Liban serait choquée de voir l’État retourner à la case départ, et une armée réunifiée et renforcée incapable de maintenir la sécurité au Liban-Sud, après avoir entendu neuf années durant le président Élias Hraoui assurer que pas une cartouche ne serait tirée du Liban en direction d’Israël, si l’armée israélienne se retirait, en application de la résolution 425. Les spéculations vont bon train sur la nature de la riposte israélienne, en cas de poursuite des attaques, après un retrait de la bande frontalière. Ces représailles s’exerceront-elles contre l’infrastructure au Liban ? Viseront-elles des intérêts syriens au Liban, comme l’a laissé entendre Shimon Pérès ? Israël laisse planer le doute à ce sujet, assurant seulement qu’il ne «conseille à personne de tester sa réaction». Entre-temps, le Premier ministre israélien s’est donné deux mois pour déterminer la modalité d’un retrait du Liban. C’est dire que les choses sérieuses commenceront à se poser début juin. Dans le cadre d’un scénario de retrait sans accord et de bombardements israéliens du Liban, Israël risque aussi de provoquer une réaction de solidarité arabe avec le Liban, dans le sillage des résolutions du conseil de la Ligue arabe qui vient de se tenir à Beyrouth. Ces réactions pourraient même compromettre le processus de normalisation engagé par certains pays arabes avec l’État hébreu, ou enrayer un processus de normalisation en cours, ou encore conduire certains États arabes à se retirer des multilatérales. Les conséquences désastreuse du scénario-catastrophe pourraient enfin éclabousser les États-Unis, et compromettre les chances du ticket démocrate à la Maison-Blanche. Les pressions conjuguées des résolutions ministérielles arabes, des raids militaires israéliens, des efforts américains en faveur d’une reprise des pourparlers poussent à une reprise des pourparlers de paix sur la base de la conférence de Madrid, et du principe de la paix en échange des territoires, estime donc le politicien cité. Seul ce principe peut épargner aux pays de la région les conséquences désastreuses d’une guerre larvée et empêcher une partie de poker de se transformer en un bain de sang.
La politique du bord du gouffre à laquelle on assiste en ce moment, avec les bluffs qui l’accompagnent, est destinée à pousser les parties concernées à préférer une solution négociée, estime un diplomate libanais. Il parie sur la prochaine rencontre entre le président Bill Clinton et le chef de l’État égyptien Hosni Moubarak pour faire pencher la balance en faveur de la...