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Actualités - CHRONOLOGIE

Les mineurs, une grande famille unie dans la douleur

Assommé de tristesse, Viktor fixe hagard la liste des 80 gueules noires décimées lors de la pire catastrophe minière de l’histoire de l’Ukraine : son neveu est parmi les morts. «Il n’avait que 23 ans mon pauvre garçon», dit-il doucement. Sa femme qui l’accompagne ne peut même plus parler. Prostrée, elle se contente de sangloter au milieu du bâtiment administratif de la mine de Barakov (région de Lougansk dans l’est du pays), où plusieurs centaines de familles et amis des victimes s’étaient regroupées après avoir assisté à la lente et pénible remontée des corps. Emballés dans des sacs en plastique et recouverts de couvertures, les corps des 80 mineurs tués – le plus jeune avait 19 ans – ont été remontés un par un, allongés sur des civières, par près de 250 secouristes exténués. En outre, sept blessés, dont quatre sont dans un état grave, souffrent de brûlures, de commotions cérébrales et divers autres traumatismes. «En bas, c’est l’enfer, tout est brûlé», s’exclame Sergueï, un secouriste de 42 ans, en émergeant casqué du fond d’un puits, le visage encore noir de suie. «La fumée est tellement dense que l’on peut à peine respirer», poursuit-il essoufflé. La plupart des mineurs sont morts asphyxiés alors qu’ils travaillaient à plus de 700 mètres de profondeur dans la mine Barakov à Soukhodolsk (près de Lougansk). Les autres ont été brûlés vifs ou écrasés par l’effondrement des galeries, affirme encore Sergueï qui a passé la nuit au fond des puits à remonter les cadavres de ses amis et collègues. «Les mineurs forment une grande famille. Et même si nous n’avons perdu aucun fils ou mari, nous sommes tous ravagés de douleur», affirme Olga Kouris, 60 ans, employée de la mine de Barakov dont le mari est parmi les 190 mineurs à être sortis indemnes de la catastrophe. «Dieu merci il travaillait loin de l’épicentre de l’explosion», poursuit-elle d’une voix encore tremblante. «Je suis conscient du danger, mais je descends pour gagner mon pain et nourrir ma famille», explique Sergueï, reflétant ainsi le fatalisme affiché par une grande partie des gueules noires. «On n’a pas le choix car on ne sait rien faire d’autre. De toute façon, le pays est en crise et il n’y a pas de boulot», avoue résigné Vitaly, 25 ans, mineur depuis déjà 7 ans. Quelque 600 000 Ukrainiens travaillent dans plus de 200 mines concentrées principalement dans le riche bassin houiller du Donbass (Est). Les salaires mensuels y dépassent rarement l’équivalent de 100 dollars. «Mon père et mon grand-père étaient mineurs mais je ferai tout pour que mon fils évite mon triste sort», promet Vitaly.
Assommé de tristesse, Viktor fixe hagard la liste des 80 gueules noires décimées lors de la pire catastrophe minière de l’histoire de l’Ukraine : son neveu est parmi les morts. «Il n’avait que 23 ans mon pauvre garçon», dit-il doucement. Sa femme qui l’accompagne ne peut même plus parler. Prostrée, elle se contente de sangloter au milieu du bâtiment administratif de...