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Actualités - CHRONOLOGIE

Maroc - Deux manifestations, deux slogans diamétralement opposés Droits des femmes : traditionnalistes et modernistes descendent dans la rue

Le débat entre traditionalistes et modernistes marocains sur les droits de la femme est descendu hier dans la rue avec l’organisation à Casablanca et à Rabat de deux manifestations dont les buts et les slogans étaient diamétralement opposés. À Casablanca, capitale économique du royaume, les deux mouvements islamistes traditionnellement rivaux du Parti de la justice et du développement (PJD, légaliste et représenté au Parlement) et de l’association al- Adl wal Ihsane (non reconnue) ont fait le plein en battant le rappel de leurs membres et de leurs sympathisants à travers toutes les régions. Les manifestants, défilant en colonnes séparées – hommes d’un côté, femmes de l’autre – dans un ordre impressionnant, ont mêlé les cris de «Allah Akbar» (Dieu est grand) aux dénonciations de l’Occident. Selon les observateurs, l’imposante manifestation islamiste, la première autorisée depuis l’avènement de Mohammed VI, aurait réuni quelque 200 000 personnes, chiffre contesté par les organisateurs qui affirment «être au moins un million». Nadia Yassine, fille d’Abdessalam Yassine, chef d’al-Adl wal Ihsane, a affirmé que «les Marocaines rejettent les plans imposés par l’Occident alors que la charia (loi islamique) reconnaît les droits de la femme musulmane et la protège». Mais, a-t-elle reconnu, la manifestation «constitue avant tout une démonstration de notre force». La manifestation de Rabat, à laquelle ont appelé tous les partis représentés au gouvernement, a réuni, dans une atmosphère joyeuse, plus de 200 000 personnes, selon des journalistes présents et un million de personnes selon un dernier bilan communiqué par les organisatrices. «Nous soutenons le Plan d’intégration de la femme au développement – préparé par le secrétariat d’État à la Protection sociale, à la Famille et à l’Enfance – et notre objectif n’est pas d’affronter les courants islamistes, mais l’adoption du plan par le gouvernement», déclare de son côté à Rabat Naïma Benoakrim, membre d’un «réseau de soutien» à ce plan. Depuis sa publication, en mars 1999, le plan gouvernemental n’a pas cessé de susciter réactions passionnées et commentaires virulents dans la presse marocaine. «La campagne contre l’égalité et les droits de la femme que mènent les sectes obscurantistes ne s’est pas calmée», écrivait, le 10 mars, le quotidien socialiste Libération qui condamne les «propos de fascistes invétérés et de promoteurs de la division du peuple». La vive réaction des islamistes marocains concerne essentiellement la partie du plan gouvernemental qui préconise de changer des articles du code du statut personnel. Le plan propose notamment de relever l’âge de mariage des jeunes filles de 15 à 18 ans, de supprimer la polygamie, de partager les biens en cas de divorce et de rendre facultatif – et non plus obligatoire – l’accompagnement de la femme par un tuteur lors du mariage. Ces propositions ont fait l’objet d’articles virulents dans la presse islamiste et d’une littérature diffusée sous forme de feuillets, de fascicules ou de cassettes audio et vidéo. Une cassette largement diffusée à Casablanca stigmatise ainsi «les laquais du vil plan satanique boiteux, les partisans des juifs, des chrétiens et des traîtres de la nation», rapporte al-Ahdath al-Maghribya, quotidien proche des socialistes. Le Plan d’intégration de la femme au développement devrait être soumis à une commission multidisciplinaire où seront représentés les oulémas (docteurs de la loi) avant d’être soumis au roi Mohammed VI. Le souverain marocain, estiment les observateurs à Rabat, devrait en sa qualité de Commandeur des croyants, titre officialisé par la Constitution, trancher le débat.
Le débat entre traditionalistes et modernistes marocains sur les droits de la femme est descendu hier dans la rue avec l’organisation à Casablanca et à Rabat de deux manifestations dont les buts et les slogans étaient diamétralement opposés. À Casablanca, capitale économique du royaume, les deux mouvements islamistes traditionnellement rivaux du Parti de la justice et du...