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Actualités - CHRONOLOGIE

Droit de retour, gel de la normalisation, aide financière : les trois piliers du document de travail libanais (photos)

«Heureuse agression qui nous vaut cet élan sans précédent de solidarité arabe». Le mot est d’un observateur libanais. Il décrit bien ce «happening» politique et diplomatique dont le Liban ne soupçonnait pas, il y a encore un mois, qu’il fut possible. Pour la première fois depuis sa création le conseil ministériel de la Ligue arabe se réunit au Liban, pour y manifester sa sollicitude et sa solidarité avec l’un des plus petits de ses membres, mais celui qui a sans doute le plus souffert, après le peuple palestinien, de la tragédie de 1948. Le conseil ministériel de la Ligue arabe s’ouvre solennellement au Grand Sérail, vers midi. Des agressions israéliennes contre le Liban et les pourparlers de paix gelés sur les volets syrien et libanais figurent en tête de l’ordre du jour en dix points de cette réunion de deux jours. Presque toutes les délégations arabes étaient arrivées hier soir, conformément au calendrier prévu. Une permanence ministérielle a été assurée à l’AIB pour accueillir les hôtes. Le chef du gouvernement s’est toutefois déplacé en personne pour accueillir le prince héritier du Qatar. Seule la délégation séoudienne est encore attendue ce matin Examen minutieux Un document de travail a été élaboré par le Liban , qui servira de base à la formulation des résolutions finales. Il a été minutieusement examiné hier matin par le président du Conseil Sélim Hoss et le secrétaire général de la Ligue arabe Esmat Abdel Méguid, réunis trois heures durant au Grand Sérail. Selon une source très bien informée, le conseil ministériel de la Ligue adoptera presque sans amendement le document de travail présenté par le Liban, et dont les points forts sont les suivants : – L’insistance sur le droit de retour des Palestiniens, un point qui ne doit pas être réglé dans le cadre des négociations multilatérales, comme une question purement humanitaire, mais figurer au cœur du processus de paix. L’absence d’un règlement de cette question constituant une bombe à retardement qui compromettrait la paix escomptée. – La révision éventuelle de la normalisation des rapports avec Israël par les pays arabes qui se sont engagés dans cette voie, si les agressions contre le Liban se poursuivent, et au cas où Israël continue d’entraver le processus de paix ou en attendant que ce processus se complète sur tous les volets en suspens. Cette position est confortée par les résolutions du sommet arabe tenu au Caire en 1996 , après l’arrivée au pouvoir de Benjamin Netanyahu, et qui a préconisé la suspension de la normalisation en réponse aux entraves mises par le nouveau Premier ministre israélien au processus de paix. – L’octroi d’une aide de 2 milliards de dollars au Liban, sans aucune référence aux arriérés de l’aide promise lors du sommet de Tunis. L’octroi de ces aides devra faire l’objet d’accords bilatéraux entre le Liban et les divers pays arabes, lors d’une tournée arabe que doit effectuer le président Lahoud en avril prochain. Par ailleurs, le document appuiera les constantes libanaises comme l’application de la résolution 425, la libération des prisonniers libanais détenus en Israël, l’indemnisation du Liban par Israël, le retrait du Golan jusqu’aux frontières du 4 juin 1967. Fermeté de ton En dépit des efforts israéliens pour détendre l’atmosphère, notamment sur le volet palestinien et même syrien, le Liban tient à ce que les résolutions prises soient fermes, notent les observateurs. Pour lui, un retrait israélien unilatéral du Liban n’est pas nécessairement un pas vers la paix, mais pourrait être une opération tactique destinée à améliorer la position d’Israël dans ses négociations avec Damas et Beyrouth. Cette fermeté s’est illustrée hier à travers les déclarations des ministres syrien et koweïtien des Affaires étrangères. «Israël ne pourra pas nous dicter ses conditions et sa volonté», a déclaré M. el-Chareh à son arrivée au poste frontière libano-syrien de Masnaa, où il a été accueilli par le ministre des TP Négib Mikati. «C’est un message important que les Arabes adressent aux parties concernées, et d’abord à Israël. Il faut que les agressions israéliennes contre le Liban cessent. Le retrait israélien est bienvenu, s’il est inconditionnel et se fait conformément à la résolution 425. C’est la position de la Syrie. Tout ce qui se dit d’autre, comme par exemple que la Syrie est gênée, embarrassée ou qu’elle ne souhaite pas un retrait du Liban, jusqu’aux frontières internationales, est faux et dépourvu de fondement, et cache en fait des intentions israéliennes malveillantes à l’égard du Liban et des Arabes», a encore affirmé M. el-Chareh, après avoir été reçu par le chef du gouvernement. Pour sa part, le chef de la diplomatie koweïtienne, cheikh Sabah el-Ahmed el-Sabah, a déclaré avant son départ du Koweït que «cet Étatt ne normalisera pas ses relations avec Israël tant qu’il occupera des territoires arabes». Souplesse égyptienne L’Égypte, pour sa part, qui est pour beaucoup dans la tenue à Beyrouth de la réunion du conseil de la Ligue, plaide pour une détente propice aux négociations de paix. Interrogé sur l’éventualité d’un retrait unilatéral israélien, le ministre égyptien des Affaires étrangères Amr Moussa a déclaré que son pays était «pour un retrait israélien de toute terre arabe» et «appuyait le Liban». Il a ajouté que «si le Liban n’était pas favorable à un retrait, qu’il soit unilatéral ou dans le cadre d’un accord, il était libre» de sa position. M. Moussa s’est néanmoins dit optimiste au sujet du processus de paix au Proche-Orient. «Il y a un mouvement sur le volet palestinien et nous nous attendons à ce qu’il y en ait sur les autres», libanais et syrien, a-t-il indiqué. «L’amélioration du climat est un facteur important pour restaurer la confiance des négociateurs arabes. Elle est utile à tout le monde», a répondu M. Moussa à un journaliste qui lui demandait si Israël, en participant jeudi à Charm el-Cheikh (Égypte) à un sommet tripartite avec les Palestiniens et les Égyptiens, n’avait pas voulu désamorcer la mobilisation arabe. Le Hezbollah a d’ailleurs mis en garde, hier, dans un communiqué, contre la tentation de baisser le ton à l’égard d’Israël, en raison des déclarations récentes d’Ehud Barak. L’un des députés du Hezbollah, Ibrahim el-Sayyed, a rencontré hier le secrétaire général de la Ligue Esmat Abdel Meguid, auquel il a fait part de ce point de vue. Le Hezbollah estime que Barak, en rencontrant les présidents égyptien et palestinien, visait à empêcher le conseil de la Ligue arabe de hausser le ton face à l’État hébreu.
«Heureuse agression qui nous vaut cet élan sans précédent de solidarité arabe». Le mot est d’un observateur libanais. Il décrit bien ce «happening» politique et diplomatique dont le Liban ne soupçonnait pas, il y a encore un mois, qu’il fut possible. Pour la première fois depuis sa création le conseil ministériel de la Ligue arabe se réunit au Liban, pour y manifester...