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Actualités - ANALYSE

Alliances électorales préfabriquées... en toute démocratie

En marge des remous politiques, diplomatiques et militaires dont la scène libanaise et régionale continue d’être le théâtre, responsables et hommes politiques poursuivent leurs préparatifs en vue de la bataille électorale de l’été prochain. Beaucoup de réunions se tiennent loin des médias, et l’on y discute ferme alliances électorales et formation de listes. Pourtant, de l’aveu même des personnes concernées, les alliances ne sont pas librement choisies, mais servent des intérêts qui ne sont pas toujours libanais. Pour un haut responsable qui préfère taire son nom, il est du droit de toute autorité publique de chercher à servir ses propres intérêts. Le découpage des circonscriptions en fonction de tel ou tel candidat, les alliances, même forcées, entre les partis, forces ou personnalités locales, pour la formation de listes unifiées réunissant des personnalités de sensibilités politiques opposées, ont cours, même dans les démocraties les plus avancées, soutient ce responsable. Toutefois, ces interventions doivent se limiter à la période préélectorale. Passée cette phase, la liberté la plus grande doit être laissée à l’électeur de choisir ses candidats et de former ses propres listes, par le biais du panachage, et grâce à la généralisation de l’isoloir. Aucune pression positive ou négative illégitime ne doit être exercée pour infléchir son libre choix, et l’autorité publique a le devoir d’observer la neutralité la plus rigoureuse à l’égard des listes en présence. Le président Lahoud tient, pour sa part, à ce que les élections législatives uniques de son mandat soient un modèle de liberté et de démocratie, et que nul ne puisse accuser les autorités de s’être montrées partiales en faveur d’un candidat quelconque, ou dire qu’une fraude s’est produite ou qu’une pression de nature à fausser les résultats se soit exercée. Selon le haut responsable précité, le président Lahoud considère que l’écrasante majorité des candidats adhèrent à la nouvelle réalité constitutionnelle, aux relations privilégiées avec la Syrie, au discours d’investiture, et que ces derniers peuvent livrer leur bataille électorale sans problème. Mais même ceux qui continuent de rejeter les accords de Taëf peuvent présenter leur candidature et s’en remettre au suffrage des électeurs, ajoute le chef de l’État, qui estime un tel recours tout à fait sain, en démocratie. C’est, selon lui, le meilleur moyen de combattre le défaitisme, «l’ihbat», que ressentent ceux qui sont gouvernés par des représentants qu’ils n’ont pas choisi. «Voilà pourquoi, ajoute la source citée, après un découpage presque équilibré, et au nom de la raison d’État et de l’intérêt supérieur de la nation, les autorités se considèrent en droit d’anticiper sur la volonté populaire et de tenter d’inscrire sur une même liste électorale, pour un parcours de courte durée, des personnalités de bords politiques opposés, voire ennemis, mais dont l’élection est de nature à empêcher les Libanais d’être plus divisés qu’ils ne le sont en ce moment». Certes, les résultats de ces efforts conciliatoires ne sont pas toujours garantis, et fort heureusement, dans certaines circonscriptions, c’est à travers le panachage que la volonté populaire se manifestera. Pour sa part, la source citée ajoute qu’il est nécessaire de faire preuve de la plus grande prudence et de distinguer entre les alliances bien reçues par l’opinion, et certaines autres, qui risquent de produire un effet contraire. Dans le second cas, ces alliances artificielles risquent de pousser les électeurs à se comporter exactement à l’opposé de ce que le régime souhaite et d’élire par dépit une liste opposée à la «liste officielle», ou perçue comme telle. Bien entendu, souligne le haut responsable, le régime ne cherche pas à faire élire une Chambre monochrome, mais il serait utile qu’il dispose d’une majorité législative cohérente qui faciliterait son action. Cette majorité pourrait être amenée à exister soit avant les élections, par le biais des «listes officielles», soit après le scrutin. Pour les loyalistes démocratiques, il est préférable que l’on ne parle pas de «listes officielles», et que la majorité parlementaire se dégage après la bataille électorale, et en fonction de ses résultats. Ce qui serait de loin à l’avantage de la démocratie et du régime.
En marge des remous politiques, diplomatiques et militaires dont la scène libanaise et régionale continue d’être le théâtre, responsables et hommes politiques poursuivent leurs préparatifs en vue de la bataille électorale de l’été prochain. Beaucoup de réunions se tiennent loin des médias, et l’on y discute ferme alliances électorales et formation de listes....