Diplomatie - L'envoyé spécial de l'UE reçu par Lahoud et Hoss Moratinos fait état d'une reprise prochaine des négociations bilatérales avec Israël (photos)

Le président Émile Lahoud a réaffirmé une fois de plus l’attachement du Liban aux «constantes nationales» en vue de la réalisation d’une «paix juste et globale» avec Israël. Le chef de l’État a tenu des propos en ce sens au cours de l’entretien qu’il a eu hier au palais de Baabda avec l’émissaire spécial de l’Union européenne au Proche-Orient, M. Miguel Angel Moratinos, qui a également conféré à ce propos avec le Premier ministre Sélim Hoss ainsi qu’avec le directeur des affaires politiques au palais Bustros, M. Nagi Abi Assi. Au terme de ses entretiens, M. Moratinos a indiqué que des efforts intensifs sont déployés dans plus d’une capitale étrangère en vue d’aboutir à une relance du processus de paix entre Israël et la Syrie «dans les prochaines semaines». «Nous sommes à la veille d’une relance des négociations», a-t-il affirmé avant d’indiquer que l’UE œuvre en vue de paver la voie à une solution du problème des réfugiés palestiniens. M. Moratinos, qui est arrivé à l’aube d’hier à Beyrouth pour une visite de vingt-quatre heures, vient de conclure une tournée régionale qui l’a mené en Israël et en Syrie. À sa sortie du palais de Baabda, l’émissaire européen a précisé que sa visite au Liban s’inscrivait «dans le cadre des efforts déployés par l’Union européenne en vue de réactiver le processus de paix et de relancer les efforts diplomatiques afin de remettre sur le tapis les pourparlers de paix syro-israéliens et libano-israéliens dans les prochaines semaines». «J’ai discuté en détail avec le président Lahoud de la question d’une réactivation rapide des travaux du comité international de surveillance issu des arrangements de 1996, a déclaré M. Moratinos. Le chef de l’État a indiqué qu’il attendait à ce sujet le retour à Beyrouth vendredi des deux coprésidents du comité». Et l’émissaire européen de poursuivre : «Nous espérons qu’avec la reprise des travaux du comité de surveillance, nous parviendrons à créer à nouveau un climat de paix et de stabilité dans la région. Cela devrait paver la voie aux conditions diplomatiques adéquates qui permettraient de prendre les grandes décisions qui s’imposent et de relancer les pourparlers dans les délais les plus brefs». Et d’ajouter : «J’ai voulu mettre l’accent sur le soutien de l’Union européenne au Liban, plus particulièrement dans le cadre de cette action diplomatique. J’ai tenu à rassurer les Libanais sur le fait que l’Union européenne est totalement engagée à tout mettre en œuvre au cours des prochaines semaines afin de replacer la région sur la voie de la paix, comme convenu, au début de l’année. Nous sommes là pour rappeler la position de l’Union européenne concernant la nécessité d’appliquer les résolutions internationales, dont notamment la résolution 425 ainsi que l’accord sur le comité de surveillance issu des arrangements de 1996». La rencontre avec Hoss Le dossier de la relance des pourparlers de paix avec Israël a également été au centre de l’entretien que M. Moratinos a eu dans la matinée avec le Premier ministre. À l’issue de la rencontre, l’émissaire européen a rappelé qu’il s’était rendu la semaine dernière en Israël en compagnie de la présidente du Parlement européen, Mme Nicole Fontaine, avant d’effectuer une visite éclair à Damas où il avait conféré avec le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh. Il avait regagné par la suite Jérusalem pour s’entretenir avec le chef du gouvernement israélien Ehud Barak. «Je pense qu’il est temps de redoubler d’efforts au stade actuel afin de redonner une chance à la paix, a déclaré M. Moratinos. Nous devons redoubler d’efforts sur ce plan. Nous sommes sur le point de retourner à la table des négociations. Il est de notre devoir d’œuvrer en ce sens». Après avoir réaffirmé l’appui de l’UE au rétablissement de l’autorité de l’État sur «l’ensemble du territoire libanais», M. Moratinos a souligné la nécessité de pratiquer une politique de retenue au Liban-Sud. Il a indiqué, par ailleurs, qu’il avait évoqué avec M. Hoss le dossier des réfugiés palestiniens. «L’Union européenne, a-t-il déclaré à ce sujet, déploie des efforts intensifs afin d’aboutir à une solution adéquate à cette question par les voies politiques et diplomatiques. Je pense que le problème des réfugiés au Liban doit être traité d’une manière adéquate». L’émissaire européen a indiqué, d’autre part, qu’il devait se rendre, au terme de sa visite à Beyrouth, aux États-Unis pour regagner ensuite la Syrie «dans le cadre de l’action entreprise par l’UE pour aboutir dans les deux prochains mois à des solutions politiques et diplomatiques à la situation actuelle». En réponse à une question, M. Moratinos a souligné en outre qu’il n’était pas en possession d’informations lui permettant d’affirmer que les négociations syro-israéliennes reprendront dès le mois prochain. «Les Américains, a-t-il précisé, déploient des efforts intensifs afin d’aboutir à un accord qui aboutirait à une reprise des réunions syro-israéliennes. Je pense qu’il existe une chance sur ce plan d’ici au début de l’été prochain. Nous devons donc œuvrer avec sérieux afin de ne pas laisser passer cette chance». Interrogé, par ailleurs, sur les récents propos du Premier ministre français Lionel Jospin qui a qualifié de «terroristes» les attaques du Hezbollah dans la zone de sécurité, l’émissaire européen a jugé «compréhensibles» les réactions libanaises à la déclaration de M. Jospin. «Je comprends les réactions des autorités et du peuple libanais aux déclarations de M. Jospin mais je suis un diplomate et je ne me permets pas de les juger», a-t-il déclaré en conclusion.