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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-France - Le Premier ministre français tente d'atténuer ses propos de la veille Jospin sèchement convoqué à l'Elysée dès son retour d'Israël

Au lendemain des déclarations fracassantes du Premier ministre français Lionel Jospin à Jérusalem, qualifiant les opérations du Hezbollah au Liban-Sud de «terroristes» et affirmant «comprendre» les représailles de l’État hébreu au Liban, le président Jacques Chirac, à qui revient la prérogative de déterminer la politique extérieure de la France, a sèchement convoqué M. Jospin à l’Élysée dès son retour à Paris prévu samedi soir. M. Chirac s’est néanmoins gardé pour le moment de tout commentaire sur le fond des déclarations de son Premier ministre, alors que ce dernier s’employait à en atténuer la portée. La porte-parole de l’Élysée, Catherine Colonna, a annoncé que M. Chirac, qui effectuait un déplacement en province, «a demandé que le Premier ministre prenne contact avec lui dès son retour en France». Elle s’est refusée à toute autre précision sur le fond de ses déclarations. Au ministère français des Affaires étrangères, on observait le même silence embarrassé. «Je ne dirai rien, je ne ferai aucun commentaire sur la visite du Premier ministre en Israël», a ainsi déclaré le porte-parole adjoint du ministère, François Rivasseau, lors du point de presse bihebdomadaire du Quai d’Orsay. «Le Premier ministre est sur place, le ministre des Affaires étrangères (Hubert Védrine) est sur place, le Premier ministre s’est exprimé, le voyage continue et je n’ai dans ces conditions aucun commentaire à faire sur la question du Proche-Orient», a ajouté le porte-parole. Il a également refusé de répondre aux questions des journalistes sur la qualification du Hezbollah et sur les responsabilités du Premier ministre, du président de la République et du ministre des Affaires étrangères dans la définition de la politique extérieure de la France. Interrogé sur la réaction du chef du gouvernement Sélim Hoss qui a estimé «dangereux» les propos de M. Jospin, M. Rivasseau s’est contenté de répondre : «Nous avons pris connaissance de ses propos et déclarations». Des diplomates à Paris ont toutefois estimé que les déclarations de M. Jospin risquaient d’affaiblir le rôle de la France au Proche-Orient. «C’est un moment grave qui risque d’avoir des conséquences négatives. Ces déclarations sont profondément choquantes», a déclaré à l’AFP, à titre privé, un diplomate français qui a requis l’anonymat. L’émotion observée dans certains services du Quai d’Orsay chargés de préparer les éléments de langage des voyages officiels du gouvernement, était accentuée par les commentaires d’un des proches de M. Jospin visant directement le ministère des Affaires étrangères. En effet, selon un de ses proches, M. Jospin a voulu s’affranchir d’expressions qualifiées de «formules codifiées, de mots d’ordre et de slogans élaborés dans des bureaux» dans la tradition d’une «politique arabe» de la France. «Les propos du Premier ministre sont clairs», a assuré un autre diplomate français interrogé sur un possible «lapsus» de la part du chef du gouvernement socialiste. «Lionel Jospin est pro-israélien, entend afficher sa liberté de parole et ne cache pas qu’il est impressionné par la démocratie d’Israël où l’actuel Premier ministre Ehud Barak est, de plus, vice-président de l’Internationale socialiste», selon un autre diplomate. Des « actes de guerre » M. Jospin s’est cependant efforcé hier de dédramatiser et de nuancer ses propos, en critiquant cette fois-ci les «actes de guerre» et non plus les «attaques terroristes». «Au moment où une négociation est nouée difficilement entre Israël et la Syrie, je pense que ce n’est pas le bon moment pour les actes de guerre, surtout si on peut espérer qu’une situation évoluera dans les mois qui viendront», a déclaré M. Jospin à la presse à son arrivée au Domaine français de Sainte-Anne à Jérusalem-Est. Interrogé sur les réactions suscitées par ses déclarations de jeudi, M. Jospin a réaffirmé que «la France est l’amie du Liban» et qu’elle est «attachée à la souveraineté et à l’intégrité» de ce pays. «Nons avons toujours condamné, et moi le premier, l’occupation israélienne au Liban-Sud, nous souhaitons donc qu’Israël se retire du Liban», a-t-il dit, réaffirmant sa «préférence» pour «une solution négociée entre les parties sous l’égide des Nations unies» et à laquelle la France est «prête» à apporter sa «garantie». Afficher sa liberté politique «Les Libanais, dans leur diversité (...), ont besoin de vivre en paix avec leurs voisins, mais aussi de vivre en paix à l’intérieur de leurs frontières», a-t-il assuré. Peu auparavant, M. Jospin avait souligné que «l’essentiel» était pour lui «l’amitié ancienne et traditionnelle de la France pour le Liban, c’est l’attachement de la France à l’intégrité et à la souveraineté du Liban et c’est le souhait que les Libanais puissent vivre en paix avec leurs voisins». Il avait toutefois précisé que sa volonté avait été d’afficher sa liberté en politique étrangère à l’occasion de son voyage en Israël. «Bien sûr que ma position est tout à fait libre», a-t-il dit. S’exprimant par ailleurs devant des intellectuels israéliens dans la cinémathèque de Jérusalem, M. Jospin s’est expliqué sur son attitude en faveur de l’État hébreu. «Pour nous, Israël est une démocratie, surtout à l’aune de ses voisins», a-t-il déclaré. Affirmant que la «question de la démocratie est essentielle», il a indiqué que c’est pour cela qu’il n’avait «jamais épousé une certaine hostilité anti-israélienne, même quand Israël pouvait apparaître dominateur ou spoliant des terres», dans une allusion à la célèbre citation de Charles de Gaulle après la guerre des Six jours sur «le peuple dominateur et sûr de lui». C’est pour la même raison, a poursuivi M. Jospin, qu’il n’a «jamais eu d’indulgence militante envers des partis ou des mouvements arabes».
Au lendemain des déclarations fracassantes du Premier ministre français Lionel Jospin à Jérusalem, qualifiant les opérations du Hezbollah au Liban-Sud de «terroristes» et affirmant «comprendre» les représailles de l’État hébreu au Liban, le président Jacques Chirac, à qui revient la prérogative de déterminer la politique extérieure de la France, a sèchement...