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Actualités - ANALYSE

Et pourquoi pas une démocratie à l'iranienne ?

L’opinion libanaise devrait s’inspirer de l’expérience que vient de vivre la République islamique d’Iran, où une nouvelle majorité, animée d’une volonté réformatrice, vient de surgir des élections législatives. Pour certains observateurs de la scène locale, c’est exactement ce dont le Liban et le président Émile Lahoud ont besoin, pour traduire en actes la volonté de réforme du chef de l’État, qui demeure impuissante à dépasser les pesanteurs sociologiques et politiques qui l’entravent. De fait, le président Lahoud se trouve prisonnier d’une mécanique qui l’empêche de réaliser les réformes politiques et administratives auxquelles il s’était engagé. Les timides débuts de la réforme se sont en effet heurtés aux intérêts d’une certaine caste politique et de groupes confessionnels puissants qui n’y avaient pas intérêt. «La réforme commence par le sommet», avait promis le chef de l’État dans son discours d’investiture. Hélas, jusqu’à présent, il demeure limité à d’étroites sphères politiques et administratives et tout indique que la plupart des figures parlementaires actuelles sont appelées à se succéder lors des prochaines élections grâce à un jeu d’alliances artificielles et de listes de coalition qui seront formées dans nombre de circonscriptions. C’est ainsi que beaucoup de figures représentatives de la volonté des électeurs se verront écartées de la nouvelle Chambre, au profit d’autres figures venues par le seul jeu des alliances contre nature et des bienveillantes recommandations parachutées. En somme, ce sera le contraire de ce que l’on voit se produire en Iran, à l’heure actuelle, et la perpétuation de la «démocratie du plébiscite», celle du parti unique et des élections à 99,99 % des voix. Qu’on ne s’y trompe pas, les élections législatives en Iran ont été un modèle d’intégrité et devraient servir d’exemple d’une volonté de changement qui se traduit en actes. Les Libanais devraient y trouver une nouvelle motivation pour participer massivement au scrutin de l’été prochain (le taux de participation aux élections iraniennes a été de 80 %), et voter sans complaisance pour les figures qui incarneraient au mieux leurs aspirations. Certes, les aspirations des Libanais se heurtent à des obstacles insurmontables dans l’immédiat. Ainsi, le fait que l’on ne soit pas parvenu à abaisser la majorité électorale à 18 ans va priver une large partie de la population du droit de s’exprimer, et le pays de tout l’élan qu’un tel vote aurait pu lui imprimer. Les excuses trouvées pour cette injustifiable entorse à la démocratie, c’est qu’il aurait fallu une mobilisation trop grande pour modifier en conséquence les listes d’électeurs. D’autres obstacles, relevant du jeu des alliances, des interférences officieuses et occultes, existent aussi. Mais les obstacles ne doivent pas obnubiler les électeurs, au point de leur faire oublier le possible, et d’abord, la lutte contre l’abstentionnisme, l’indifférence et la paresse. Certes, le président Lahoud dispose d’un gouvernement relativement cohérent et l’entente règne entre lui et le président du Conseil. Mais les projets de loi pris en Conseil des ministres reçoivent parfois des amendements qui les vident de leur substance, faute d’une majorité parlementaire adéquate. Le projet de loi sur la publicité électorale en est un bon exemple. Sur un autre plan, la nouvelle Constitution issue de l’accord de Taëf a privé le président de la République du droit de dissoudre l’Assemblée, dont elle a fixé le mandat à 4 ans. C’est au point que certains ont décrit le Liban comme un pays qui jouit d’un régime d’Assemblée. Ce qui nous renvoie à la case départ : la nécessité d’un changement à la base qui corresponde à la volonté de changement au sommet. Et renvoie la population à ses responsabilités électorales.
L’opinion libanaise devrait s’inspirer de l’expérience que vient de vivre la République islamique d’Iran, où une nouvelle majorité, animée d’une volonté réformatrice, vient de surgir des élections législatives. Pour certains observateurs de la scène locale, c’est exactement ce dont le Liban et le président Émile Lahoud ont besoin, pour traduire en actes la...