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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Education - Beydoun et Yaghi à Notre-Dame de Jamhour Une réforme qui dépend les modalités d'application(photo)

Deux conférences traitant de la politique de l’éducation au Liban, et des nouveaux programmes scolaires, ont été organisées au collège Notre-Dame de Jamhour, en présence du ministre de l’Éducation nationale, M. Mohammed Youssef Beydoun, et du directeur p.i. du Centre national pour la recherche et le développement pédagogique M. Moustapha Yaghi. Animées par le recteur du collège, le père Salim Daccache, les conférences ont été données devant un auditoire nombreux composé notamment du directeur du bureau de coopération linguistique de l’ambassade de France, M. Corporeau, du secrétaire général des écoles catholiques, Mgr Camille Zeidan, ainsi que de nombreuses personnalités, de directeurs d’établissements scolaires, d’enseignants, de parents et d’élèves. Conférences qui ont été suivies de questions de la part de l’auditoire, menant à un véritable débat. Le ministre de l’Éducation a tout d’abord rappelé ses 27 années d’expérience à la présidence de l’association de bienfaisance Amiliyé qui compte 3 600 élèves, ce qui lui a permis de connaître les problèmes que vit l’enseignement dans le pays. Exposant la politique de l’éducation au Liban, M. Beydoun a présenté dans un premier temps les fondements de cette politique. Celle-ci tente de faire évoluer le système de manière logique en établissant une échelle de priorités susceptible de limiter le gaspillage en orientant les dépenses. Cette politique consiste à donner à la nouvelle génération les connaissances, expériences et capacités nécessaires tout en insistant sur l’éducation civique et les valeurs essentielles libanaises telles que la liberté et la démocratie. Elle cherche à rétablir l’équilibre entre l’enseignement général et l’enseignement technique, entre la théorie et la pratique. Elle vise aussi à établir des liens entre les écoles, les universités et le monde du travail. Œuvrant à former au sein de la société des individus productifs et ouverts sur le monde, conscients de leurs devoirs envers leur pays et la société, elle entend parvenir, avec l’aide de la société civile, à assurer à chaque enfant une place au sein de l’école, en développant l’enseignement public. Enfin, elle prône la culture comme élément de richesse essentiel. Problèmes nombreux M. Beydoun a ensuite montré la réalité du système éducatif, tel qu’il est vécu aujourd’hui. Ses aspects positifs résident dans l’établissement d’un plan de redressement de l’éducation, la mise en place de nouveaux programmes scolaires, et dans les possibilités de lien entre les différentes voies éducatives. Mais les problèmes sont encore nombreux, car la réforme scolaire, difficile à appliquer, nécessite de nouvelles méthodes d’enseignement et un équipement onéreux. De plus, certains secteurs accusent un manque d’enseignants qualifiés, alors que d’autres sont surchargés et comptent des enseignants trop âgés. Une telle situation se répercute sur le niveau des élèves, puisque 47,7 % d’entre eux ont déjà redoublé au moins une classe primaire. Quant à l’orientation professionnelle des étudiants, elle est encore inexistante dans un pays où 65,4 % des élèves choisissent des voies académiques, alors que le marché du travail n’en englobera que 20 %, et 9 % seulement choisissent des voies commerciales et de services qui représentent 39,5 % des besoins du marché du travail. En troisième lieu, le ministre a évoqué les efforts déployés par son département pour pallier ces lacunes. Ainsi, tous les établissements scolaires seront équipés d’ordinateurs, outil indispensable du troisième millénaire ; des enseignants qualifiés seront engagés et d’autres formés selon les nouvelles méthodes. Quant au recrutement des directeurs des écoles publiques, il se fait dorénavant selon des normes strictes, après une sélection rigoureuse. De plus, pour éviter le gaspillage et dans le but d’accueillir tous les élèves qui affluent chaque année vers l’école publique, plusieurs établissements n’ayant qu’un nombre restreint d’élèves sont regroupés, et l’âge de la retraite des enseignants sera baissé à 60 ans. Enfin, des écoles techniques seront ouvertes, assurant les formations selon les besoins du marché du travail. Les ambitions du gouvernement ne s’arrêtent pas là, et l’enseignement pour tous reste sa préoccupation principale. Alors que 97 % des enfants de 3 à 4 ans suivent quotidiennement le chemin de l’école préscolaire, il est important d’augmenter le taux de fréquentation des enfants de 13 à 15 ans dans les écoles, et d’intégrer ceux qui ont quitté le système scolaire dans des centres de formation professionnelle. Sans oublier les handicapés, qui devront bénéficier d’un enseignement adéquat. Un enseignement pour tous qui sera appuyé par des programmes culturels diffusés dans les médias, et qui a pour but de développer le patrimoine culturel du pays, par le biais d’une bibliothèque ouverte à tous, mais aussi de la recherche, sans laquelle le développement est impossible. Les nouveaux programmes Prenant la parole à son tour, M. Moustapha Yaghi a abordé les problèmes essentiels de l’éducation de 1968 à 1997. Problèmes dus à des programmes scolaires dépassés, dans lesquels l’on compte trop sur la mémoire de l’élève, à une mauvaise répartition des enseignants, à un manque de formation adéquate, et à leur âge souvent avancé. À cela s’ajoute le manque de matériel dans la plupart des établissements, et l’état déplorable de certains bâtiments. Devant tous ces problèmes qui se sont accumulés pendant les années de guerre, la réforme scolaire a pris l’aspect d’un véritable chantier, et représente un défi pour le gouvernement. Car elle se devait d’être l’aboutissement d’un travail d’équipe œuvrant à rassembler les Libanais autour d’une seule et même politique de l’éducation, dans le respect de la nation, de son histoire et de ses traditions. Elle se devait aussi d’ouvrir des horizons à la nouvelle génération, dans un monde en constante évolution culturelle et technologique. Et c’est grâce à l’étroite collaboration entre les deux secteurs public et privé, et avec l’aide du ministère de l’Éducation nationale que le CNRDP a réussi à entreprendre cette réforme. La nouvelle école a pour but de former l’élève comme individu et membre d’une société unie et démocratique, de lui donner les meilleures chances de trouver du travail dans une société où le chômage des jeunes est très élevé, et de contribuer à l’évolution de la société. C’est ainsi que les nouveaux programmes se basent sur la réflexion et l’analyse, la recherche et la synthèse, libérant l’élève du harassant travail de mémoire que les anciens programmes lui imposaient. Une réforme qui introduit le travail de groupe et développe l’esprit de collaboration et l’écoute de l’autre. Une réforme qui montre à l’enfant la nécessité de continuer à s’instruire toute sa vie, car l’analphabétisme n’a plus sa place au troisième millénaire. Evidemment, la réussite de la réforme scolaire dépend des modalités d’application, et de facteurs techniques et matériels qu’il est indispensable d’assurer. Elle dépend aussi de la formation continue de tous les enseignants et directeurs d’établissements comme elle a besoin d’enseignants jeunes. De plus, et dans un souci constant d’évolution, la recherche doit être encouragée, et la collaboration entre les deux secteurs public et privé renforcée. Évidemment, une réforme ne peut se faire sans erreurs et failles. Et c’est en l’appliquant que l’on parvient à les découvrir et à les corriger, avec la collaboration étroite des établissements scolaires publics et privés. Deux conférences complémentaires et qui ont suscité des questions comme le contenu trop chargé des nouveaux programmes scolaires, la langue d’enseignement de certaines matières, le livre d’histoire et le côté prétentieux de ces nouveaux programmes. Questions reprises par Mgr Zeidan, qui s’est fait l’écho l’inquiétude des élèves qui se présenteront aux examens officiels sans savoir de quelle manière ils devront s’y préparer, et qui a fait part de son scepticisme quant à une solution prochaine de toutes les questions laissées en suspens. Mais le ministre de l’Éducation a tenu à rappeler que des solutions seront trouvées d’ici à deux mois aux nombreux problèmes posés par les nouveaux programmes scolaires, expliquant qu’une commission se réunissait régulièrement, au moins deux fois par semaine, pour y apporter les modifications nécessaires. Avec l’espoir que ces promesses ne resteront pas hypothétiques…
Deux conférences traitant de la politique de l’éducation au Liban, et des nouveaux programmes scolaires, ont été organisées au collège Notre-Dame de Jamhour, en présence du ministre de l’Éducation nationale, M. Mohammed Youssef Beydoun, et du directeur p.i. du Centre national pour la recherche et le développement pédagogique M. Moustapha Yaghi. Animées par le recteur du...