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Actualités - CHRONOLOGIE

Les raids israéliens, une manne pour la mafia des générateurs

Les raids aériens israéliens de la nuit du 7 au 8 février contre les stations électriques se sont abattus comme une manne tombée du ciel sur les «vendeurs de courant», qualifiés par la population de «requins de l’électricité», constate l’Agence France Presse. Dès l’instauration du rationnement, après la destruction des trois stations-relais, ces commerçants ont ressorti leur «poule aux œufs d’or», les puissants générateurs privés qu’ils avaient dû remiser depuis que l’infrastructure électrique avait été reconstruite pour la énième fois à la suite d’un précédent raid ennemi, fin juin 1999. Cette infrastructure avait été reconstituée une première fois au lendemain de la guerre civile (1975-90). En un temps record, ces machines ont refait surface dans des terrains vagues à Beyrouth, dans les quartiers périphériques de la capitale, à Baalbeck et au Liban-Nord, soumis au rationnement. «Il n’a pas fallu beaucoup de temps aux rapaces pour reprendre les affaires», affirme un commerçant, qui ajoute avec un sourire : «Les Libanais ne ratent pas une occasion de faire de l’argent». Ces «requins de l’électricité» avaient pourtant été réduits au chômage par la réfection en un temps record du réseau public de production et de distribution, à l’exception d’une poignée d’entre eux, qui continuaient à profiter des défaillances de l’État, notamment dans la banlieue-sud de la capitale et dans des régions reculées et pauvres du Liban. Ils avaient brièvement profité de l’aubaine des raids aériens de juin, qui avaient détruit deux centrales de distribution alimentant Beyrouth et sa banlieue. Cette fois, le rationnement devrait durer jusqu’à la fin du mois de mai, si les réparations progressent au rythme prévu. Les générateurs, qui fournissent du courant par câbles, ont généralement une puissance de 300 kvA mais leurs performances sont limitées par leur vétusté et le manque d’entretien. «Nous n’avons pas vendu nos générateurs, car nous savions que les Israéliens allaient revenir à la charge et détruire nos stations électriques», affirme Abou Ali, qui «gère» six générateurs géants dans la banlieue-sud de Beyrouth. «Il y a huit jours, nous n’avions que 200 abonnés. Maintenant, ils sont 1 200 et leur nombre est en augmentation constante. Les affaires reprennent», affirme cet homme, par ailleurs vendeur de voitures d’occasion en temps normal. Le prix de l’abonnement varie selon la puissance du courant fourni, les quartiers, et la fidélité du client. Ceux qui ont gardé leur abonnement contracté en juin peuvent, moyennant quelques dizaines de dollars par mois, bénéficier de 10 ampères, de quoi éclairer quelques ampoules, le poste de télévision et un réfrigérateur. Les nouveaux abonnés doivent débourser bien plus (jusqu’à 100 dollars les 10 ampères) sans compter les frais de branchement, qui peuvent s’élever à 100 dollars, eux aussi. Dans certains quartiers, où la demande est très forte, les prix peuvent grimper encore, alors que le salaire minimum n’est que de 200 dollars. «Déjà, la situation économique est insupportable. Nous n’avions pas besoin de frais supplémentaires», se lamente un propriétaire d’un magasin. «Les autorités laissent faire, car si nous faisons des affaires, nous rendons aussi service à la population», affirme un autre vendeur de courant. Le ministre des Ressources hydrauliques et électriques, Sleiman Traboulsi, avait d’ailleurs ironiquement souhaité aux commerçants privés «de bonnes affaires» en annonçant le 8 février le rationnement à la population, rappelle l’AFP.
Les raids aériens israéliens de la nuit du 7 au 8 février contre les stations électriques se sont abattus comme une manne tombée du ciel sur les «vendeurs de courant», qualifiés par la population de «requins de l’électricité», constate l’Agence France Presse. Dès l’instauration du rationnement, après la destruction des trois stations-relais, ces commerçants ont...