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Actualités - ANALYSE

Trois mois pour sortir du guêpier

La situation régionale influe sur la conjoncture locale à plus d’un niveau. Ainsi, dans les milieux officiels, on s’interroge spéculativement sur l’opportunité d’un report des législatives de l’été, au cas où, mettant ses projets à exécution, le Premier ministre israélien ordonnerait le retrait de l’armée israélienne du Liban sans accord préalable avec la Syrie et le Liban. Pour certains observateurs, ce retrait se fera sans incidents, même sans accord, et n’aura aucune incidence sur la paix civile. Toutefois, un retour institutionnel dans la bande frontalière aura certainement des conséquences sur le plan électoral local. Ainsi, le rapport de forces politiques pourrait être modifié au profit de certaines parties qui se sont volontairement mises, aujourd’hui, en marge de la vie politique, en attendant que les circonstances leur rendent leur électorat. D’autres pensent qu’un retrait israélien unilatéral du Liban ne se fera pas pacifiquement, mais sera marqué par des soubresauts de natures politique et sécuritaire, dont les effets se feront sentir non seulement dans la bande frontalière, mais par ricochet dans de nombreuses autres régions. Les tenants de cette dernière hypothèse estiment qu’en cas de retrait israélien unilatéral, la Résistance islamique n’arrêtera pas ses attaques contre l’armée israélienne, mais utilisera la pression militaire pour régler les autres contentieux en suspens : retrait du Golan, d’abord, mais aussi récupération des sept villages libanais, libération des prisonniers, paiement d’indemnités au Liban. Il va de soi que des attaques de la Résistance à travers la frontière entraîneront une riposte très dure de la part d’Israël contre l’infrastructure civile au Liban, ce que la précaire économie libanaise ne saurait supporter, et que les États-Unis et la France ne pourront que condamner. Mais ce sont les conséquences d’une poursuite des actions militaires après un retrait israélien unilatéral, sur la situation libanaise interne, qui doivent être redoutées. Les Libanais, qui soutiennent en principe à l’unanimité la résistance contre l’occupation d’une bande frontalière au Sud et dans la Békaa-Ouest, risquent fort d’être divisés au sujet d’une poursuite des actions armées après un retrait unilatéral. Une telle discorde interne, qui s’accompagnerait d’une dégradation de la situation de la sécurité, empêcherait la tenue d’élections législatives dans de nombreuses régions, et commanderait alors une prorogation du mandat de la Chambre. Une troisième possibilité serait que rien ne se passe comme prévu, et que l’armée israélienne reste en place, passée l’échéance de juillet que s’est fixée Ehud Barak, même sans qu’Israël ne soit parvenu à un accord. Pour les tenants de ce point de vue, il ne faut pas sous-estimer un retrait israélien unilatéral sur la situation en Israël même et l’ensemble de la région. Effet dissuasif Envisageant le pire, les tenants de cette hypothèse estiment que l’effet dissuasif d’une telle perspective est réel, et que le réalisme commande que le retrait israélien se fasse dans le cadre d’un accord global, et qu’un règlement entre Israël d’une part, le Liban et la Syrie de l’autre, aura lieu inéluctablement d’ici à la fin de l’an 2000. Toutefois, au cas où les pourparlers se retrouveraient dans l’impasse, l’armée israélienne se retirerait unilatéralement du Sud, tandis que l’armée libanaise prendrait le contrôle des régions évacuées, estiment les tenants de cette troisième hypothèse. Et, dans ce cas, il ne se passerait rien non plus, car l’armée veillerait au maintien du calme sur les frontières et ne donnerait à l’État hébreu aucun prétexte pour troubler les Législatives. Une fois les Législatives libanaises et l’élection présidentielle américaine terminées, à l’automne, le Liban examinera avec les États-Unis et les autres puissances concernées (France, Union européenne, Russie) l’attitude à adopter pour obtenir à la fois justice et réparation de la part d’Israël (les sept villages, les prisonniers libanais, les réfugiés palestiniens, l’eau, etc). Pour les optimistes, le Liban n’aura plus alors à se battre seul pour obtenir gain de cause, mais bénéficiera de l’assistance des grandes puissances, qui seront désormais convaincues qu’Israël est responsable de l’impasse régionale, et conduit la région vers l’inconnu. La réponse à toutes ces spéculations doit être attendue dans les trois prochains mois. Il est donc probable que le subtil équilibre de la terreur qui s’est installé dans la région soit suffisamment dissuasif pour mener les différents parties à reprendre le chemin des négociations et de la paix. Et que les indispensables décisions difficiles soient prises pour sortir du guêpier.
La situation régionale influe sur la conjoncture locale à plus d’un niveau. Ainsi, dans les milieux officiels, on s’interroge spéculativement sur l’opportunité d’un report des législatives de l’été, au cas où, mettant ses projets à exécution, le Premier ministre israélien ordonnerait le retrait de l’armée israélienne du Liban sans accord préalable avec la...