Visite officielle - Kotcharian aujourd'hui à Beyrouth Liban-Arménie : série d'accords en vue

La visite aujourd’hui du président Robert Kotcharian est attendue avec impatience par la communauté arménienne. M. Kotcharian est le premier président d’Arménie à fouler le sol libanais ; il est en outre un homme politique jouissant d’une popularité certaine, malgré les réticences exprimées par une partie des Arméniens du Liban. «Même s’il ne fait pas l’unanimité au sein du peuple et de la diaspora, nous le soutenons tous. L’Arménie a besoin de se solidariser avec son président et son gouvernement», commente un Arménien Libanais. Pour la communauté arménienne, le séjour de M. Kotcharian, qui sera accompagné de son épouse et d’une imposante délégation, est d’autant plus symbolique que son voyage avait été prévu puis annulé au mois de novembre dernier, à la suite de la tentative de coup d’État de novembre 1999. Placée sous le signe du renforcement des relations bilatérales entre Beyrouth et Erevan d’une part, et la diaspora et l’Arménie d’autre part, la visite de M. Kotcharian comporte également deux volets importants l’un économique, l’autre politique. «Plusieurs échanges de visites ont déjà eu lieu ces dernières années», déclare le secrétaire général du bureau politique du parti Ramgavar, M. Sevag Panossian. «Il est temps de concrétiser ces contacts préliminaires, par des accords en bonne et due forme», dit-il, en faisant remarquer que la Syrie, elle, est déjà passée à cette seconde phase : «Les produits syriens sont déjà sur le marché arménien alors que tel n’est pas le cas pour les produits libanais». Les échanges économiques et commerciaux figurent au programme de cette visite, qui s’inscrit dans le prolongement du dernier voyage en Arménie effectué par le ministre libanais de l’Économie M. Nasser Saïdi. «Le Liban constitue pour l’Arménie une porte d’accès vers le Moyen-Orient, laquelle constitue à son tour pour le Liban une voie vers le Caucase. C’est une opportunité qui n’attend qu’à être concrétisée dans des accords futurs de coopération», affirme Dikran Djinbatchian, membre du parti Tachnag, pour qui le Liban et l’Arménie partagent les mêmes intérêts et les mêmes soucis. «Outre la complémentarité culturelle et économique qui commence à prendre forme, il est indéniable que les deux pays sont tous deux en lutte pour leurs droits nationaux», estime-t-il. Le Liban et l’Arménie sont d’autant plus proches, que l’adversaire de l’un, en l’occurrence Israël, se trouve être l’allié privilégié d’un pays qui est en désaccord historique avec l’État arménien, à savoir la Turquie. «Face à l’axe turco-israélien mis sur pied depuis quelques années, un autre axe formé par le Liban, la Syrie, l’Iran et l’Arménie commence à prendre forme», explique un spécialiste de la question arménienne. Cet expert reconnaît que la récente visite du président Kotcharian en Israël n’a pas été particulièrement appréciée par la diaspora arménienne. Cependant, reconnaît-il, cette initiative s’inscrivait dans le cadre d’une politique globale adoptée par le chef de l’État arménien depuis sa venue au pouvoir, et qui est caractérisée par l’amorce de pourparlers bilatéraux et de relations diplomatiques avec plusieurs pays. Cette ouverture sur le monde est sans aucun doute quasi vitale pour une Arménie qui se sent de plus asphyxiée géographiquement aussi bien que politiquement, reprend M. Panossian. D’où une constante dans la politique du président Kotcharian, qui consiste à développer des relations solides avec ses voisins, dont l’Iran. Tabler sur de bons rapports avec la communauté internationale, mais aussi avec la diaspora arménienne, qui représente un autre pilier de la politique étrangère du président Kotcharian. Le séjour de 48 heures du président arménien s’annonce chargé. Outre les rendez-vous prévus avec les officiels libanais, c’est l’ensemble de la communauté arménienne, toutes institutions confondues, qui espère rencontrer pour la première fois le président.