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Actualités - OPINION

Limiter les dégâts

La recherche de la paix au Moyen-Orient se heurte à des difficultés majeures. Deux logiques, l’une se fondant sur le droit, l’autre sur les faits, s’affrontent. Et il est difficile, dans l’état actuel des choses, de voir comment envisager leur dépassement. Quel est l’état des lieux ? La position libanaise se fonde sur le droit des peuples à lutter contre toute occupation étrangère. Le principe est clair et ne souffre aucune interprétation. Mais cette position n’était réellement confortable au niveau de la communauté internationale que tant qu’Israël refusait de reconnaître la résolution 425 des Nations unies. Or, pour des raisons tactiques évidentes, l’État hébreu a fini par accepter cette résolution plaçant les Libanais devant un choix difficile : appliquer la résolution des Nations unies et rompre la coordination établie avec la Syrie ou bien maintenir le statu quo actuel au Liban-Sud dans l’attente d’un accord syro-israélien et donc subir les pressions d’Israël. Le gouvernement libanais a opté pour cette dernière solution estimant que le coût était limité, la reprise de la négociation syro-israélienne laissant présager une solution rapide. Mais très vite, des divergences essentielles sont apparues entre les négociateurs. Pour les Syriens, la paix signifie, avant tout, un retour à la situation d’avant-guerre avec la promesse d’une normalisation par étapes des relations avec l’État hébreu, alors que pour ce dernier elle n’est que le prélude à l’établissement d’un nouvel ordre régional qui consacrerait une réalité de fait, celle d’une prédominance israélienne sur le Moyen-Orient. La suspension de la négociation est venue donc confirmer l’existence d’un conflit sur le contenu même de la paix. Les Syriens, qui fondent leur logique sur le droit, réclament, avant tout, un engagement formel de la part d’Israël concernant le retrait de ses forces du Golan. Les Israéliens, qui fondent leur logique sur le rapport de forces existant, estiment que le retrait des territoires syriens occupés est l’aboutissement, et non le prélude, à la négociation. L’impasse est totale. La relance de la tension au Liban-Sud en est la preuve la plus évidente. L’objectif que les Israéliens cherchent à atteindre est clair. Il consiste à placer les Syriens devant un choix impossible : • Soit obtenir d’eux, comme préalable à la reprise de la négociation, qu’ils imposent l’arrêt des opérations de la Résistance au Liban-Sud, ce qui aurait pour résultat de les priver de la seule carte de pression dont ils disposent encore et les placerait dans une situation de conflit avec le Hezbollah. • Soit alors procéder à un retrait unilatéral des troupes israéliennes du Liban-Sud, ce qui aurait pour effet de clore le chapitre de la guerre et de maintenir l’occupation israélienne du Golan. Les atouts dont la Syrie dispose sont dramatiquement limités. La solidarité arabe ne fonctionne plus, Barak a même choisi d’adresser ses mises en garde contre le Liban et la Syrie à partir du Caire et d’Amman. La Russie, empêtrée dans le conflit tchétchène, ne s’intéresse que très peu au Moyen-Orient. La communauté européenne ne marque sa différence que sur le plan humanitaire. Bref, il n’y a pas grand-chose à attendre de l’extérieur. Que faire ? Il est évident, dans la situation actuelle, que les choix stratégiques sont laissés à la Syrie, le gouvernement libanais estimant ne pas avoir de contribution à apporter dans ce domaine. Les choses sont claires à ce niveau. Par contre, ce qui l’est moins, c’est le refus du gouvernement de prendre les précautions qu’une telle situation impose. Or, s’il n’est pas dans nos moyens d’infléchir le cours des événements, il nous est toujours possible de voir comment en contenir les effets. La seule politique à adopter aujourd’hui est celle qui permet de limiter les dégâts en accordant la priorité à la réalisation de l’unité nationale.
La recherche de la paix au Moyen-Orient se heurte à des difficultés majeures. Deux logiques, l’une se fondant sur le droit, l’autre sur les faits, s’affrontent. Et il est difficile, dans l’état actuel des choses, de voir comment envisager leur dépassement. Quel est l’état des lieux ? La position libanaise se fonde sur le droit des peuples à lutter contre toute...