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Actualités - DISCOURS

Vatican - Le souverain pontife a reçu Sfeir et un groupe de maronites Jean-Paul II aux libanais : le pape est toujours proche de vous tous

Jean-Paul II a exprimé hier sa solidarité aux Libanais, en recevant au Vatican le patriarche Nasrallah Sfeir et un groupe de maronites venus du Liban et d’autres pays du Proche-Orient, à l’occasion du Jubilé. «Je suis à vos côtés comme un père et un frère dans cette période où l’intolérance conduit parfois à raviver les fantasmes de haine que nous voudrions voir disparaître pour toujours», leur a-t-il dit, en ajoutant : «Le pape est toujours proche de vous tous». Le souverain pontife a souhaité que le Liban continue à rester fidèle à sa vocation de «message» : «Un lieu où les chrétiens peuvent vivre en paix et en fraternité avec les adeptes d’autres croyances, et où ils soient capables de promouvoir une telle convivialité». Jean-Paul II a annoncé aux pèlerins que le collège pontifical maronite de Rome avait rouvert officiellement ses portes mercredi, après une très longue fermeture, due à la Seconde Guerre mondiale, puis à la situation au Liban. L’allocution du pape Nous reproduisons ci-dessus le texte de l’allocution prononcée en français par Jean-Paul II : «Chers frères dans l’épiscopat, chers frères et sœurs de l’Église maronite, je vous souhaite la bienvenue dans la maison du successeur de Pierre et dans la Ville éternelle, qui conserve les tombes des apôtres Pierre et Paul, et de tant d’autres saints martyrs et confesseurs. Vous êtes venus du Liban, d’autres pays du Proche-Orient et de la diaspora, pour célébrer en ces jours le grand Jubilé, avec Sa Béatitude le cardinal Nasrallah Pierre Sfeir, patriarche d’Antioche, père et chef de l’Église maronite. Votre pèlerinage à Rome inaugure celui des Églises catholiques orientales. En effet, au cours des prochains mois, arriveront à Rome les patriarches, les évêques et des fidèles des autres traditions orientales. «Voulant donner une nouvelle preuve de votre adhésion indéfectible et pluriséculaire au Siège apostolique romain, vous êtes venus à Rome pour la fête de saint Maron, pierre milliaire de votre Église, dont la mémoire est célébrée, selon votre calendrier liturgique, le 9 février. Vous avez participé dans la basilique Sainte-Marie Majeure à une célébration eucharistique solennelle, présidée par votre bien-aimé patriarche. La célébration d’hier, tout comme l’audience d’aujourd’hui, renforce le lien étroit qui existe entre le siège de Rome et celui d’Antioche, cette ville très ancienne où “les disciples furent pour la première fois appelés chrétiens” et où saint Pierre lui-même a vécu. Attirés donc par “un impératif intérieur” venant de votre foi, vous êtes venus “rendre visite à Pierre”, pour vivre avec lui la communion ecclésiale. Votre pleine communion avec l’Église de Rome est en effet une manifestation tangible de la conscience que vous avez de l’unité : “L’unité est une caractéristique primordiale de l’Église et elle est requise par sa nature profonde”. Cette unité ecclésiale, que vous expérimentez avec force ces jours-ci, vous aidera à son tour à vous engager toujours davantage dans l’évangélisation du monde, la tradition maronite étant aussi “une occasion privilégiée pour raviver le dynamisme et l’élan missionnaires auxquels chaque fidèle doit participer”. «Consciente et fière de l’importance de l’unité avec Rome, votre Église, fille spirituelle de saint Maron, a vu fleurir de nombreux saints et saintes au cours des siècles. Le 9 octobre 1977, mon prédécesseur, le pape Paul VI, a canonisé Charbel Makhlouf, moine ermite et prêtre de l’Ordre libanais maronite, et moi-même j’ai eu la joie de procéder le 17 novembre 1985 à la béatification de Rafqa (Rebecca), moniale maronite de l’Ordre libanais maronite, et, le 10 mai 1998, à celle de Nimatullah al-Hardini, moine et prêtre du même Ordre et père spirituel de saint Charbel. Cri de résurrection et de paix «La béatification de Nimatullah al-Hardini a eu lieu exactement un an après mon pèlerinage de 1997 en terre libanaise. C’est pourquoi il m’est agréable d’évoquer ici les heures que j’ai passées au Liban, où l’Église maronite a ses racines et son centre effectif. «L’espérance nouvelle pour le Liban, exprimée dans l’Exhortation post-synodale, document qui fait suite aux travaux de l’assemblée spéciale pour le Liban du Synode des évêques, a été “mon cri de résurrection et de paix”, par lequel j’ai “présenté à nouveau la terre biblique des cèdres à la conscience du monde”. J’encourage tous les pasteurs et fidèles des communautés catholiques du Liban à accueillir et à assimiler toujours davantage les propositions et les suggestions de cette Exhortation. Je suis heureux de savoir qu’il y a déjà des premiers signes encourageants d’une mise en œuvre concrète, comme il ressort aussi des travaux de la dernière assemblée des patriarches et évêques catholiques du Liban, qui s’est tenue en novembre dernier à Bkerké. «J’ai aussi le plaisir d’annoncer que, hier, après une très longue fermeture, due à la Seconde Guerre mondiale, puis à la situation difficile du Liban, le Collège pontifical maronite a rouvert officiellement ses portes grâce sutout aux efforts inlassables de son excellence Mgr Émile Eid, procureur patriarcal à Rome. Cet institut, voulu par le pape Grégoire XIII, remonte au XVIe siècle. Il eut d’innombrables et illustres élèves, dont les plus renommés furent le futur patriarche maronite Stéphane Douaihi et le grand savant Joseph S. Assemani, premier custode de la Bibliothèque vaticane, célèbre orientaliste et canoniste qui eut, entre autres, un rôle important au Synode libanais maronite de 1736. «Je forme le vœu que les jeunes maronites qui vivront désormais dans ce collège historique contribuent efficacement, comme leurs prédécesseurs, à la vie ecclésiale maronite, dans la fidélité à l’esprit de l’Église universelle. «Et quant à la terre bien-aimée du Liban, vers laquelle se tourne avec nostalgie le cœur des croyants, je lui souhaite de continuer à rester fidèles à sa vocation de “Message” : un lieu où les chrétiens peuvent vivre en paix et en fraternité avec les adeptes d’autres croyances, et où ils soient capables de promouvoir une telle convivialité. Je veux aussi vour dire aujourd’hui, avec la force de l’amour : “Le pape est toujours proche de vous tous”. Je suis à vos côtés comme un père et un frère dans cette période où l’intolérance conduit parfois à raviver les fantasmes de haine que nous voudrions voir disparaître pour toujours. «Par l’intercession de la Mère de Dieu, des saints apôtres Pierre et Paul, de saint Maron, de saint Charbel, de la bienheureuse Rafqa, du bienheureux Nimatullah al-Hardini et de tous les saints de votre terre, je demande au Seigneur que ce soit là le premier fruit du grand Jubilé que vous célébrez à Rome. Je vous accorde de grand cœur la Bénédiction apostolique». Sfeir : Une paix insaisissable Le cardinal Sfeir devait déclarer pour sa part : «Très Saint-Père, venus du Liban, ce pays qui a toujours été près de votre cœur de Père commun des fidèles et des pays d’émigration, nous nous estimons heureux de pouvoir accomplir notre devoir de pèlerins en cette année jubilaire. Conformément au calendrier du Jubilé, qui nous a fixé le jour de la saint Maron, patron de notre Église maronite, pour célébrer la messe selon le rite maronite en la basilique Sainte-Marie Majeure, nous avons prié, pasteurs et fidèles, aux intentions de Votre Sainteté, en vue de gagner l’indulgence plénière attachée à ce pèlerinage. «Certes, nous avons prié aussi pour que la paix règne au Moyen-Orient et particulièrement au Liban ; et qu’elle soit une paix juste et globale que nous appelons de tous nos vœux et qui, malheureusement, s’avère jusqu’ici insaisissable. Il est vrai, le canon s’est tu, les barrages armés sont tombés, bien que nous ne puissions oublier ce qui se passe quotidiennement au Sud du Liban. Ce n’est plus une guerre ouverte, mais plutôt larvée, qui se montre plus meurtrière parce que insidieuse. Elle continue à charrier la crème de notre jeunesse vers l’étranger, pour manque de travail, en l’absence de la dignité nationale et faute de confiance dans l’avenir. «Jamais nous n’oublierons ce que Votre Sainteté a fait pendant les années de guerre et ne cesse de faire pour notre pays. Le synode pour le Liban, à l’instar d’un continent, votre visite pastorale, historique et inoubliable, l’Exhortation apostolique, faisant preuve d’une profonde connaissance des problèmes libanais et de l’âme libanaise, et d’une richesse insoupçonnée en matière de conseils paternels, tout cela encourage les Libanais, de toutes confessions religieuses, à avoir confiance en eux-mêmes et à poursuivre l’expérience de vivre ensemble, entamée il y a déjà près de quinze siècles. Ils demandent seulement l’application des résolutions prises au niveau du Conseil de sécurité en leur faveur qui leur permettra d’assumer leur responsabilité à l’égard d’eux-mêmes et de leur pays, à l’exclusion de toute ingérence, d’où qu’elle vienne. «Implorant la bénédiction apostolique de Votre Sainteté qu’Elle voudrait bien étendre à tous les Libanais a Liban et à l’étranger, nous prions le Seigneur de Lui prêter bonne santé pour le bien de l’Église et de l’humanité».
Jean-Paul II a exprimé hier sa solidarité aux Libanais, en recevant au Vatican le patriarche Nasrallah Sfeir et un groupe de maronites venus du Liban et d’autres pays du Proche-Orient, à l’occasion du Jubilé. «Je suis à vos côtés comme un père et un frère dans cette période où l’intolérance conduit parfois à raviver les fantasmes de haine que nous voudrions voir...