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Actualités - CHRONOLOGIE

Chambre - Sabeh tient des propos insultants à l'égard de Corm Budget : l'opposition se déchaîne contre le gouvernement(photo)

Pour la deuxième journée consécutive, le gouvernement est resté sous le feu nourri de l’opposition, encaissant sans broncher, durant les deux séances matinale et nocturne du débat budgétaire, le flot de critiques acerbes et même injurieuses, notamment des députés proches de M. Rafic Hariri. L’équipe de M. Sélim Hoss aura toutefois l’occasion de répondre aujourd’hui, au dernier jour du débat, à toutes les remarques, justifiées ou commandées simplement par des considérations politiques ou électorales, formulées à son encontre au cours des deux derniers jours. «Un gouvernement qui compte parmi ses membres un ministre comme (M. Georges) Corm n’a plus besoin de ternir l’image du Liban» : l’insulte, proférée par M. Bassem el-Sabeh, tombe comme un couperet. Il s’agit d’une réponse à la contre-offensive menée la veille par le ministre des Finances contre l’opposition. Entre le gouvernement et le camp Hariri qui semble vouloir faire payer à l’équipe Hoss le prix du projet de loi sur l’information électorale – qui réduit pratiquement à néant le champ de manœuvre de l’ancien chef du gouvernement en prévision du scrutin à venir –, la guerre est bel et bien déclarée. Les deux auront probablement l’occasion de se mesurer encore une fois devant l’opinion publique, à l’occasion de la réunion parlementaire qui sera consacrée aux interpellations des députés et que M. Berry a promis de convoquer dès qu’une demande en ce sens lui sera présentée, ce que M. Ahmed Fatfat, partisan de M. Hariri, s’est empressé de faire. Le débat budgétaire sera clôturé ce soir normalement. Des 14 députés qui ont pris la parole au cours de la séance matinale, un seul prend la défense du gouvernement et trois autres tentent d’analyser objectivement les prévisions budgétaires pour 2000. Cinq députés des blocs parlementaires de MM. Rafic Hariri et Walid Joumblatt, deux principaux pôles de l’opposition, se sont succédé à la tribune, répétant à quelques nuances près, les mêmes critiques entendues la veille, à l’ouverture du débat budgétaire, au sujet de l’«irréalisme» des prévisions budgétaires, du danger du surendettement de l’État, du «laxisme» gouvernemental face à la crise économique et de l’inopportunité des mesures prises pour assainir les finances publiques. Citons notamment MM. Antoine Andraos, Abdo Bejjani, Alaeddine Terro (bloc Joumblatt) Adnane Arakji et Bahaeddine Itani (bloc Hariri). MM. Khaled Daher, Ahmed Fatfat (Liban-Nord) et Georges Kassarji, (Zahlé) ne ménagent pas eux non plus leurs attaques à l’adresse de l’équipe Hoss. Les interventions de MM. Abraham Dédéyan, Hussein Yatim et Antoine Haddad sont axées sur des sujets divers en rapport essentiellement avec la vocation économique du Liban. Premier à prendre la parole, M. Andraos s’en prend violemment au gouvernement, dont l’action est, selon lui, «caractérisée par trois particularités : la confusion, l’anarchie et l’improvisation». Il note que la politique d’austérité accable la population. «Est-il possible qu’un an après sa formation, le gouvernement reste paralysé et indifférent aux problèmes de la population ?» s’exclame-t-il, reprochant à l’équipe Hoss de prétexter «constamment le lourd legs Hariri pour justifier son action au moment où le pays s’achemine vers une explosion sociale». Se fondant sur l’exposé des motifs du Budget, M. Andraos insiste sur le fait que le gouvernement n’a pas pu réaliser ses prévisions budgétaires et met en doute sa capacité à appliquer son programme de redressement financier. M. Arakji est tout aussi sévère. Il est surtout moqueur, raillant à plusieurs reprises le ministre des Finances. Arakji critique Corm Le député de Beyrouth donne le ton en applaudissant «la compétence académique» de M. Corm et en s’étonnant de ce que le ministre «n’arrête pas de se féliciter des réalisations budgétaires de 1999, alors que le déficit budgétaire s’est creusé». Sarcastique, il note aussi que les tentatives du gouvernement de résorber la dette publique a débouché sur une aggravation de cette dette «qui s’est élevé à près de 3 milliards de dollars». M. Arakaji relève quand même quelques points positifs dans la gestion du gouvernement : la stabilité de la monnaie nationale et la réduction des taux d’intérêt. Il prend toutefois soin de souligner que le mérite en revient au Cabinet Hariri. Il brosse un tableau si sombre et si tragique de la situation économique – «on n’entend même plus des you-you aux mariages» – que M. Berry ne peut s’empêcher de lui dire : «Vous savez quoi ? Je crois que je vais vous inviter aux commémorations de la Achoura», en allusion aux lamentations qui ponctuent la commémoration du meurtre des imams Hassan et Hussein. Campagne électorale oblige, M. Arakji n’oublie pas, tout comme M. Bahaeddine Itani d’ailleurs, de soulever quelques questions intéressant directement les habitants de Beyrouth. Mais ce dernier prend davantage ses distances par rapport à ses collègues et son commentaire de la politique économique et financière du gouvernement reste plutôt tiède. Il met en garde contre toute tentative d’accabler la population par de nouvelles taxes et propose une série de mesures susceptibles d’encourager les investissements au Liban. M. Abdo Bejjani, qui se fonde aussi sur les chiffres réalisés en 1999 pour contester la politique économique et financière du gouvernement, se lance dans un long exposé pour démontrer à quel point la situation s’est détériorée dans le pays et pour montrer, comme MM. Fatfat et Terro plus tard, que les chiffres avancés par le ministère des Finances ne sont pas corrects. «La dette publique représentait en 1999 125 % du PIB alors qu’elle ne représentait que 110 % du PIB à la fin de 1998», dit-il en reprochant au gouvernement de poursuivre la politique d’endettement. Ignorance ou omission volontaire ? M. Bejjani ne parle toutefois pas des intérêts de la dette dont une grande partie avait été accumulée comme on le sait sous le mandat Hariri, et que le gouvernement Hoss est contraint de payer aujourd’hui. C’est M. Émile Naufal (Jbeil) qui relèvera ce point un peu plus tard. Le député d’Aley conteste également les chiffres des recettes douanières, indiquant qu’elles ont augmenté de 1 % seulement, en dépit du fait que les taxes avaient été relevées substantiellement l’été dernier. Selon lui, si le chiffre avancé par le ministère des Finances est différent (11 %), c’est parce que le gouvernement «se fonde sur des déductions incorrectes, en dissociant les deux taxes municipales et de consommation des taxes douanières». Idem pour le taux de croissance du PIB qui a atteint son pire niveau, selon M. Bejjani, et pour le chômage qui représente, dit-il, «25 % de la main-d’œuvre libanaise, alors que ce taux était de 9 % en 1997». Kassarji : 10 milliards de livres réclamées par LibanPost Sans faire réellement partie de l’opposition parlementaire, M. Kassarji n’en est pas moins tout aussi critique à l’égard du gouvernement, à qui il reproche ne pas avoir dépassé, un an après sa formation, «le stade de la recherche d’éventuelles solutions à la crise économique». Il déplore le fait que l’État s’abstient toujours de libérer les fonds municipaux, «qui constituent après tout le moteur de l’action des municipalités au niveau du développement», et soulève une série de problèmes d’infrastructure. M. Kassarji plaide aussi en faveur des droits des Arméniens et réclame que le Liban proclame le 24 avril (date d’anniversaire du génocide arménien) comme étant la «Journée arménienne», qui serait chômée. Il demande aussi que l’arménien soit de nouveau institué comme deuxième langue dans les écoles arméniennes. Commentant les incidents de Denniyé, il met en garde, tout comme M. Khaled Daher plus tard, contre les îlots d’insécurité dans le pays et souligne que c’est la dégradation du niveau de vie de la population qui favorise la poussée de l’intégrisme. M. Kassarji, qui a constitué tout un dossier sur le sujet des secteurs du téléphone et de la Poste au Liban dénonce le fait que LibanPost, la société en charge de la gestion de ce secteur au Liban, avait réclamé «la somme de 10 milliards de livres pour poster les factures de téléphone à qui de droit. Nous avions rejeté cet accord en commission, mais quelle n’a été notre surprise lorsque nous avions par la suite constaté que les factures ont commencé à nous parvenir à travers LibanPost, comme si le contrat avait été conclu». Ses propos font sursauter M. Berry, qui demande des explications au ministre concerné, M. Issam Naaman. Mais le député l’interrompt en se plaignant de ne pas recevoir de réponses aux «nombreuses» questions écrites adressées au gouvernement. On oublie l’histoire de LibanPost pour se concentrer sur l’affaire des questions écrites. M. Berry rappelle la procédure prévue par le règlement intérieur de la Chambre pour la tenue de réunions parlementaires consacrées aux interpellations des députés et se dit prêt à convoquer une réunion au cas où une demande en ce sens lui serait présentée. Il réitérera cet engagement solennellement lorsque M. Ahmed Fatfat déposera un peu plus tard devant lui, «27 questions écrites auxquelles le gouvernement n’a toujours pas répondu». Naufal défend l’équipe Hoss Le gouvernement poussera un «ouf» de soulagement lorsque M. Émile Naufal s’insurge contre l’opposition, l’accusant indirectement de faire preuve de mauvaise foi et insistant sur le fait que l’équipe Hoss ne peut pas être tenue pour responsable de tous les maux du pays. «Il suffit pour nous en rendre compte de poser les questions suivantes : pourquoi la dette publique s’est-elle aggravée ? Où sont les projets exécutés avec l’argent de cette dette par l’ancien Cabinet et quel est leur coût réel» ? insiste-t-il. «Il est vrai que le gouvernement de M. Hoss n’a pas pu exaucer les vœux des Libanais, mais il s’efforce au moins de réaliser un développement équilibré des régions et d’assainir les finances publiques», ajoute M. Naufal. M. Salah Haraké est incontestablement l’un des rares députés à poser un regard objectif sur le projet de Budget et à travers lui, sur l’ensemble de la politique économique et financière du gouvernement. Il est en outre le seul à admettre que le déficit budgétaire peut s’avérer nécessaire, tout en se félicitant des efforts du gouvernement pour ramener ce déficit à des taux acceptables. Son argumentation est la suivante : «La nécessité de résorber le déficit budgétaire est certes indiscutable. Mais il ne suffit pas de réduire le déficit pour stimuler les investissements et pour favoriser une croissance économique. L’accroissement des dépenses d’investissement peut creuser le déficit, mais à ce moment-là, l’aggravation du déficit à travers les dépenses est justifiée, voire même voulue et nécessaire parce qu’elle entraînera une croissance du PIB et des recettes de l’État, qui, à leur tour, contribueront à la réduction du déficit budgétaire». M. Haraké regrette que le gouvernement n’ait pas réussi à aller jusqu’au bout de son projet de réforme administrative, en notant que la refonte du ministère des Finances en particulier est indispensable pour stimuler les investissements dans le pays et améliorer les recettes de l’État. «Certaines grandes sociétés ne s’acquittent pas de leurs impôts et de nombreux contribuables se rendent au ministère des Finances pour payer leurs impôts sans parvenir à connaître le montant de ce qu’ils doivent à l’État ou sans trouver quelqu’un qui puisse encaisser l’argent», explique-t-il. Si M. Fawzi Hobeiche (Akkar) tient un discours tout aussi neutre et détaché, son collègue Khaled Daher reprend la même argumentation de l’opposition pour analyser le projet de Budget. Il insiste en revanche sur les incidents de Denniyé et explique leur portée politique, électorale et religieuse, reprochant au gouvernement, à l’instar de M. Ahmed Fatfat, de vouer à l’abandon les régions les plus déshéritées du Liban-Nord, ce qui a favorisé l’émergence d’îlots d’insécurité. «Leur population demande toujours de l’État, qu’elle ne connaît qu’à travers sa présence militaire dans ses villages. Si le déséquilibre au niveau du développement des régions et l’absence d’aides sociales constituent les ennemis de l’État et menacent la sécurité et la stabilité, les atteintes aux libertés personnelles dans le cadre des enquêtes menées consécutivement aux incidents de Denniyé et les arrestations arbitraires, ainsi que le fait de priver de larges tranches sociales et politiques de la population de leurs droits et l’adoption d’une politique de discrimination favorisent également les actions qui portent atteinte à la sécurité et à la stabilité», fulmine-t-il. Campagne électorale oblige, M. Daher soulève une série de revendications régionales, après avoir exprimé l’espoir que «la volonté des électeurs de porter au Parlement des personnes qui les représentent réellement soit plus forte que les failles de la loi électorale» et que la population puisse «élire des députés qui soient capables de faire face aux défis à venir». Comme lui, M. Ahmed Fatfat insiste sur les incidents de Denniyé, estimant que le gouvernement aurait dû réagir aux nombreux incidents de sécurité qui se sont produits dans le pays et s’empresser de démanteler les réseaux de fauteurs de trouble. Il plaide vigoureusement en faveur du respect de trois principes, la vérité, le dialogue et la liberté, qu’il considère comme étant des facteurs fondamentaux de stabilité. La séance nocturne De la séance nocturne, on retiendra essentiellement les interventions de MM. Najah Wakim, Boutros Harb, Fayez Ghosn, ainsi que la satire de M. Bassem el-Sabeh contre le ministre des Finances. En tout, 8 députés prennent la parole en soirée et tous formulent des critiques plus ou moins sévères à l’encontre de la politique socio-économique et financière du gouvernement, que seul M. Harb défendra. Outre MM. Wakim, Sabeh, Ghosn et Harb, citons MM. Abdel Rahim Mrad, Nazih Mansour, Rabiha Keyrouz, Khaled Saab, Nouhad Souaid et Ahmed Karamé. Le gouvernement encaisse sans broncher le feu nourri de l’opposition dirigé sans relâche contre lui et qui a culminé avec l’intervention, particulièrement blessante de M. Sabeh. Ce dernier dirige essentiellement son attaque contre M. Corm, dans un discours plus politique que technique, dans lequel il répond à ce qu’il a appelé «la guerre sans merci menée» par M. Corm «envers l’opposition». À en croire M. Sabeh, toute l’action du gouvernement est entreprise dans un esprit vindicatif et commandée par «sa rancune» contre l’opposition. «Cette même équipe qui n’a pas voulu donner sa chance au Cabinet Hariri, quatre mois seulement après sa formation, réclame aujourd’hui une période de grâce indéterminée pour appliquer son plan de redressement. Ne pensez-vous pas que le “génie cormien” et le gouvernement de Corm vivent aujourd’hui dans la hantise des précédents Cabinet ? Nous sommes devant un cas maladif et les maladies politiques naissent toutes des rancœurs. L’intégrité ne peut en aucun cas camoufler la corruption de l’esprit et un responsable rancunier est inévitablement l’auteur de pratiques rancunières», tonne-t-il. Poursuivant sur sa lancée, l’ancien ministre de l’Information estime que l’équipe de M. Hoss a «perdu tout crédit auprès de la population». Il débite un chapelet d’adjectifs pour le moins froissants dont il qualifie le gouvernement mais tout en les attribuant à l’opinion publique : «Gouvernement momifié, gouvernement malade, gouvernement des sandwichs de labné et de fromage, gouvernement pourri...». «Mais avec qui devons-nous aujourd’hui engager un débat ? Avec ce gouvernement absent et paralysé ?». M. Sabeh reproche à l’équipe de M. Hoss de n’avoir pas assuré une couverture politique à l’armée lors des affrontements avec des fondamentalistes sunnites à Denniyé. Il l’accuse aussi de «profiter de l’ouverture que lui assure le régime pour masquer ses faiblesses et son inaptitude». Corm, toujours Corm... Concernant le projet de budget dont il conteste évidemment les chiffres, le député de Baabda juge qu’il est «le fruit d’une politique irréaliste». Il relève une série de «contradictions entre les théories développées» par M. Corm» et «la politique qu’il applique sur le terrain», en citant des extraits de déclarations de M. Corm à la presse et se fondant sur certains articles de l’exposé des motifs du budget. Il s’en prend au ministre des Finances tant et si bien que M. Berry l’interrompt. «Corm, toujours Corm, mais parle d’un autre ministre, le ministre de la Santé par exemple». Mais le député ne l’entend pas de cette oreille et poursuit sur sa lancée avant de conclure par une remarque particulièrement blessante que M. Berry demande à ne pas consigner dans le procès-verbal de la séance : «Un gouvernement qui compte parmi ses membres un ministre comme Corm n’a plus besoin de ternir l’image du Liban à l’étranger. Corm n’est pas un ministre des Finances, mais un ministre des “sans le sou” dans un gouvernement des “sans le sou”». M. Wakim, qui ne ménage pas non plus le gouvernement, mais sans être insultant, axe son intervention sur le projet de privatisation, s’étonnant de ce que le gouvernement «commet les mêmes erreurs qu’il reprochait au Cabinet Hariri qui avait lancé en 1992 le projet de privatisation de certains secteurs publics». «Le problème ne réside pas dans les lois mais dans l’absence d’un État pour appliquer les lois et d’une administration saine et moderne pour gérer ces services qu’on veut confier au secteur privé et qui peuvent être rentables», souligne-t-il. Il insiste sur le fait qu’un débat doit être engagé autour de la privatisation, expliquant qu’il est «absurde» de céder à des tiers un département déterminé tel que les postes et télécommunications et l’électricité, sachant que des sommes énormes avaient été dépensées pour les réhabiliter et les développer. M. Wakim, qui invite le gouvernement à récupérer l’argent dilapidé, constate que le budget 2000 «ressemble à tous les précédents» et que «les échanges de critiques politiques sont pareils aux polémiques qui éclataient» sous le mandat Hariri. La paix civile par le développement Le député de Beyrouth commente par ailleurs les incidents de Denniyé et constate, à l’instar des parlementaires qui ont abordé le sujet, que le gouvernement devrait s’attaquer au règlement des problèmes socio-économiques dans les régions déshéritées du pays. Selon lui, c’est la pauvreté et les conditions de vie difficiles qui favorisent l’émergence de mouvements insurrectionnels. Succédant à MM. Rabiha Keyrouz, toujours poète, et Khaled Saab (bloc Hariri), M. Fayez Ghosn, rapporteur de la commission des Finances, commence par énumérer les points à l’avantage du gouvernement avant d’en venir aux critiques. «Jusqu’à quand ce gouvernement va-t-il vivre sur le crédit du régime ?», s’interroge-t-il. Et de demander que le plan d’assainissement financier soit accompagné d’un plan plus global de croissance économique, ce qui correspond aux grandes lignes du rapport de la commission dont il fait partie. M. Ghosn critique par ailleurs le recul des prestations sociales et la réduction du budget du ministère des Affaires sociales, l’absence d’une politique cohérente et globale d’hospitalisation, la dégradation de l’état des hôpitaux gouvernementaux et une meilleure distribution des médicaments aux grands malades chroniques. Sur le plan pédagogique, le député demandera aussi l’application véritable de la loi sur l’enseignement primaire obligatoire. Il défendra également l’intention première du gouvernement de procéder à une réforme administrative et demandera aussi un plan de développement agricole. « One stop shop » Avant de se clôturer, devant une salle aux trois quarts vides, sur une intervention de Mme Nouhad Souaïd et de M. Ahmed Karamé, la séance sera marquée par une intervention de Boutros Harb, qui aurait gagné à être prononcée à une heure de plus grande audience. M. Harb est un proche du régime et du gouvernement, et il le fait savoir d’emblée, en déclarant que c’est justice de donner au gouvernement l’occasion de mettre en œuvre son programme. Mais un bilan provisoire est quand même nécessaire, ajoute-t-il, et après avoir mis au compte du gouvernement le rééquilibrage de la dette et d’autres points positifs comme la réduction des taux d’intérêt, il constate son échec à réaliser la croissance économique. C’est à la recherche de cette croissance qu’il consacrera le reste de son intervention, proposant tour à tour une réforme administrative impérative, moins de clientélisme, un plus grand «courage» dans la politique financière, un meilleur climat et de meilleurs services pour les investisseurs, dont la mise en œuvre du «guichet unique» (one stop shop), etc. M. Harb proposera aussi, dans le cadre de son intervention, le développement des relations commerciales avec l’Irak, qui a toujours été un débouché important pour les produis libanais. Pétrole, à moitié prix, contre produits libanais est un troc qui ne pourrait qu’être bénéfique pour le Trésor et qui ne nécessite aucune sortie de devises, proposera-t-il. La séance est levée à 22h30, après 12 heures de débat. Elle reprendra ce matin pour une troisième et dernière journée.
Pour la deuxième journée consécutive, le gouvernement est resté sous le feu nourri de l’opposition, encaissant sans broncher, durant les deux séances matinale et nocturne du débat budgétaire, le flot de critiques acerbes et même injurieuses, notamment des députés proches de M. Rafic Hariri. L’équipe de M. Sélim Hoss aura toutefois l’occasion de répondre...