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Actualités - CHRONOLOGIE

Budget - Le débat a largement débordé les questions financières L'opposition fait flèche de tout bois (photos)

Les interventions de MM. Corm et Hobeika ont donné du punch à une séance matinale tandis que l’opposition se déchaînait en soirée. Aucun des sept députés qui ont pris la parole le matin n’a vraiment présenté une étude ou un commentaire du budget proposé par le gouvernement. MM. Ali el-Khalil, Talal Merhebi, Ibrahim Bayan, Abdallah Cassir, Gebrane Tok, Hassan Alawiyé et même Élie Hobeika ont tous survolé le texte du projet de loi de finances pour axer leurs interventions sur des remarques cent fois formulées sous la coupole du Parlement, en commençant par la nécessité de briser le marasme économique, de stimuler la production nationale et de mettre fin à la corruption administrative, en passant par les doléances des agriculteurs et les problèmes d’infrastructure, pour finir avec l’appel au développement du système et des programmes scolaires. Il ne faut pas non plus oublier l’incontournable insistance sur la concomitance des deux volets libanais et syrien des négociations de paix avec Israël, exprimée de telle sorte qu’on ne peut s’empêcher de s’interroger sur le rapport qui peut bien exister entre le budget et la concomitance de ces deux volets. Les députés songeaient-ils davantage à leurs campagnes électorales et à la nécessité de faire bonne figure devant leurs électeurs, plutôt qu’à l’examen du budget ? La question se pose. L’opinion publique qui a suivi en direct le débat budgétaire, retransmis en direct par les médias audiovisuels, a pu d’ailleurs constater que le nombre de parlementaires présents diminuait au fur et à mesure que le temps passait. Lorsque M. Hobeika a pris la parole, il n’y avait dans l’hémicycle que les chefs du Parlement et du gouvernement, ainsi que trois ministres et 21 députés. La salle était pourtant comble à l’ouverture de la séance à 10h50. Une minute de silence a été observée à la mémoire du président Saëb Salam que M. Berry a désigné comme un «grand homme et un président exceptionnel». M. Khalil Hraoui a donné lecture du rapport de la commission qu’il préside, puis la parole a été donnée au ministre des Finances avant que les députés ne se succèdent à la tribune. La séance a été marquée par trois interventions du chef du Parlement qui s’est déchaîné contre le confessionnalisme lorsque M. Talal Merhebi a évoqué les élections reportées au Conseil économique et social. M. Berry a aussi interrogé le gouvernement sur les raisons pour lesquelles il gèle l’application de la loi sur la régularisation des atteintes à la loi sur le bâtiment, alors que sa mise en vigueur drainera, selon lui, d’importantes recettes supplémentaires au Trésor. Il a également laissé entendre que des articles du budget, relatifs notamment aux indemnités de certains fonctionnaires, pourraient être retirés du texte parce qu’ils doivent faire l’objet de lois séparées. Lorsque M. Élie Hobeika a pris la parole, il n’y avait qu’une dizaine de députés dans l’hémicycle. Leur nombre a légèrement augmenté par la suite pour atteindre 21. M. Hobeika, qui refuse de voter le budget, a donné le ton en se moquant presque du gouvernement «qui est différent de celui qui a participé au débat budgétaire de l’an dernier». «L’autre était formé dans sa majorité de ministres nouveaux, inconnus dans les milieux politiques et non contaminés par les fléaux politiques et moraux de la classe politique au pouvoir, comme certains parmi eux aiment se décrire. Les ministres du gouvernement présents parmi nous cette année sont tous connus, grâce à la transparence qu’ils ont annoncée et qu’ils ont exercée dans le cadre de l’édification de l’État de droit», a-t-il déclaré sarcastique. L’Inquisition M. Hobeika s’est insurgé contre le gouvernement en l’accusant de «suivre la trace de ceux qu’il accuse de dilapidation de fonds publics». «Brandir des slogans est une chose et les appliquer en est une autre. Pour mettre en application un slogan, il faut établir un plan objectif, mais le gouvernement s’est inspiré de l’Inquisition espagnole pour lancer des accusations et des rumeurs contre tous ceux dont il met en doute l’allégeance. Il a accusé tous ceux qui l’ont précédé de dilapidation de fonds publics, oubliant que les fonds publics peuvent aussi être gaspillés lorsqu’on détruit ce qui a été construit et non seulement lorsqu’on exécute des projets sans utilité réelle». M. Hobeika a ainsi répondu indirectement aux rumeurs relatives à une dilapidation de fonds publics, sous son mandat, au ministère des Ressources électriques et hydrauliques. Il a énuméré une série de projets dont la réalisation a commencé sous son mandat, reprochant en des termes très durs à son successeur de les avoir gelés et d’avoir annulé l’exécution d’autres. M. Hobeika a expliqué aussi dans le détail les causes techniques de la panne survenue récemment à la station de relais électrique de Baalbeck, après avoir vivement reproché à M. Traboulsi d’avoir «insinué devant des visiteurs que cette panne révèle en fait un scandale financier». Il s’est insurgé dans ce cadre contre «une décision stupide» de son successeur, «qui, pour économiser moins de 500 000 dollars, a annulé un contrat conclu avec l’Électricité de France (EDF) pour la mise en fonctionnement et l’entretien de la station de Baalbeck». Le chapelet de critiques de M. Hobeika sur la gestion de son successeur est particulièrement long. Le député, qui a vivement reproché à son successeur de «fermer tous les services de son ministère à 14h, de peur de payer des heures supplémentaires aux fonctionnaires», a estimé que M. Traboulsi ignore tout de la gestion de son département et des moyens de développer le secteur de l’électricité au Liban. Il s’est demandé comment M. Traboulsi «pourra relier le Liban au réseau électrique à cinq (regroupant la Turquie, la Syrie, la Jordanie, l’Égypte et l’Irak) alors qu’il vient d’annuler l’adjudication des travaux d’installation du Centre de contrôle national, indispensable pour gérer le transfert et la distribution de l’énergie ainsi que pour l’achat et la vente de cette énergie». La séance de l’après-midi Le député Hussein Hajj Hassan, du Bloc de la fidélité à la résistance, a ouvert la séance de l’après-midi vers 18h15, en commençant par déplorer les «réactions négatives» aux opérations de la Résistance, notamment celle qui a visé dimanche le responsable de l’ALS Akl Hachem. Abordant par la suite la question du budget, M. Hassan a imputé une part de la responsabilité de la crise économique aux gouvernements précédents. Mais selon le député du Hezbollah, la situation de crise dont il a hérité ne disculpe pas pour autant le Cabinet Hoss qui souffre essentiellement d’une absence de politique et de vision économiques. Les chiffres énoncés par le ministre des Finances Georges Corm sont certes positifs mais le citoyen n’en ressent aucun effet bénéfique. C’est en substance l’argument qu’a développé M. Hassan en insistant sur la pauvreté et le chômage qui sévissent dans le pays. Soulignant dans ce cadre l’ampleur de l’exode rural qui a atteint, selon lui, le taux de 70 %, le député s’est demandé si le gouvernement avait une vision claire du rôle qui devrait être attribué aux différents secteurs de l’économie. Où sont donc les subventions que l’État a promises aux agriculteurs ? «Nombre d’entre eux vont se retrouver en prison pour émission de chèques sans provision», a martelé M. Hassan qui a affirmé dans ce cadre que le gouvernement se gargarisait de promesses creuses. Et de s’interroger sur les moyens de développer le secteur industriel et de stimuler les investissements dans ce domaine alors que, jusqu’à présent, rien n’a été fait pour créer des zones industrielles. Sur le plan commercial, M. Hassan s’est dit offusqué par les importations massives du pays, contrairement à ses exportations qui restent excessivement limitées. D’où, selon lui, la nécessité de réviser tous les accords commerciaux que le Liban a conclus avec ses partenaires au bénéfice des producteurs libanais. Si le pays est en crise, la ville de Baalbeck vit quant à elle une véritable «catastrophe», a encore souligné M. Hassan. Pour illustrer son affirmation, le député a indiqué que le taux de chômage y avait atteint le chiffre exorbitant de 70 %. Pour M. Hassan, la chose est entendue : «Les habitants de la ville ne se sentent nullement pris en charge par l’État». Hamadé : Personne ne veut entrer au gouvernement Caustique. C’est ainsi qu’on peut qualifier l’allocution du député Marwan Hamadé. Affirmant d’emblée que le projet de budget n’était pas du style de M. Corm mais qu’il lui avait sans doute été dicté, le membre du Bloc de la lutte nationale (Joumblatt) s’est félicité de l’intervention de la commission parlementaire des Finances qui a permis d’atténuer quelque peu «les hérésies» figurant dans le projet de budget. «Peut-être M. Corm a-t-il simplement changé de style», a lancé le président Berry sur un ton ironique. Reprenant la parole à la suite de cette interruption, M. Hamadé a voulu «rassurer» les membres du gouvernement sur leur survie politique. «Nous ne cherchons pas à provoquer un remaniement ministériel», a-t-il dit, car, selon lui, nul ne souhaiterait faire partie d’un tel Cabinet. Et si celui-ci est encore en vie – et le restera sans doute jusqu’aux prochaines législatives – c’est à cause de la conjoncture actuelle. M. Hamadé estime que le gouvernement ne jouit ni de la confiance du Parlement ni de celle du peuple. Aucune initiative prise, aucune réforme entreprise, échec de la politique fiscale, des projets dont l’exécution n’est jamais achevée, un chômage qui bat son plein et une croissance économique égale à environ 0 %. Tel est le sombre tableau que brosse le député de la situation socio-économique, un an et demi après la naissance du nouveau Cabinet. M. Hamadé reproche au budget de l’an 2000 un manque évident de réalisme, son aspect «académique et théorique». Selon lui, sous prétexte de réduire le déficit et la dette publics, le gouvernement ne fait que paralyser encore plus l’activité économique dans le pays. En outre, M. Hamadé affirme qu’en s’attaquant à l’opposition, le Cabinet Hoss crée un climat d’instabilité et de désespoir qui ne stimule pas les investissements de même que l’augmentation des impôts. Critiquant aussi le projet de privatisations du gouvernement Hoss, le député a indiqué que celui-ci restait indécis face au dilemme suivant : si l’institution officielle est rentable, inutile de la privatiser ; si, au contraire, elle s’avère perdante, il est difficile de lui trouver des acheteurs... En conclusion, M. Hamadé a affirmé que le plan de redressement élaboré l’an dernier par le Cabinet est voué à l’échec parce que utopique. Le député Ismaïl Succarieh a donné le ton dès le début de son intervention : à ses yeux, le gouvernement lance des slogans creux. Ce dernier prévoit une baisse du déficit dans son projet de budget alors qu’il recourt en même temps à une politique d’endettement. Se plaignant de l’absence d’une justice sociale pourtant préconisée par le gouvernement, M. Succarieh a souligné la nécessité de renflouer la classe moyenne et contribuer dans ce cadre au développement des secteurs économiques qui sont aujourd’hui en difficulté, notamment l’agriculture et l’industrie. Le député a longuement critiqué par la suite la politique du Cabinet dans le domaine de la santé publique. Prenant à son tour la parole, le député Béchara Merhej, membre du bloc de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, a estimé que les prévisions du gouvernement au niveau des recettes et des dépenses étaient totalement «irréalistes». Selon lui, le gouvernement serait incapable de s’en tenir au déficit prévu. Par exemple, le remboursement du service de la dette ne saurait en aucun cas égaler celui de l’année dernière comme l’a calculé le gouvernement, et, selon M. Merhej, le Trésor devrait débloquer 300 milliards de LL de plus par rapport à 1999. Le député a en outre reproché au Cabinet d’interpréter les chiffres à sa guise. Il a déclaré dans ce cadre que, si la balance des paiements est effectivement excédentaire cette année, c’est essentiellement en raison des nouveaux emprunts que l’État a lancés à l’extérieur. À noter que M. Merhej a tout de même clôturé son intervention par un appel au dialogue en vue de résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté : un dialogue avec le Parlement et avec les instances économiques concernées. De son côté, le député Jacques Tchoukhadrian a fait état de sa déception à l’égard de la gestion du gouvernement qui, selon lui, n’est guère parvenu à mettre en application le discours d’investiture du président de la République Émile Lahoud. Les députés Abdel Latif Zein et Wajih Baarini sont également intervenus pour évoquer essentiellement des problèmes propres à leurs régions respectives, en l’occurrence, le Sud et le Akkar. À 22h15, le président de la Chambre a levé la séance, annonçant que le débat reprendrait ce matin à 10h30.
Les interventions de MM. Corm et Hobeika ont donné du punch à une séance matinale tandis que l’opposition se déchaînait en soirée. Aucun des sept députés qui ont pris la parole le matin n’a vraiment présenté une étude ou un commentaire du budget proposé par le gouvernement. MM. Ali el-Khalil, Talal Merhebi, Ibrahim Bayan, Abdallah Cassir, Gebrane Tok, Hassan Alawiyé et...