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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Le danger de dissensions est écarté Les Ligues chrétiennes s'activent pour la concorde nationale

Le Liban a senti passer le souffle du boulet. Les graves événements de Denniyé, qui ont couronné toute une série de noirs forfaits dont le massacre des juges à Saïda et les attentats aux explosifs dans les églises, ont prouvé deux choses. D’abord que ce pays, sans doute mal soigné par un Taëf tronqué, reste à l’état de convalescent dix ans après la fin de la guerre domestique. Ensuite que ses ennemis s’efforcent de le déstabiliser en jouant sur la fibre ultrasensible des dissensions confessionnelles. Le complot, contré sur le terrain par l’armée au prix de lourds sacrifices, a certes échoué. Mais pour colmater au plus vite les brèches et couper court à toute nouvelle tentative d’exploitation des disparités libanaises, les Ligues chrétiennes ont lancé d’elles-mêmes une campagne de dialogue intensifié avec les divers pôles mahométans du pays. Dans ce cadre, et comme on sait, une délégation des Ligues a fait la tournée de ces centres de décision : responsables officiels, instances religieuses et leaders musulmans. Au-delà des échanges de courtoisie habituels sur le thème de la fraternité, c’est-à-dire au-delà de ce que l’on nomme en dialectal les «moujamalates», ce dialogue a permis de faire comprendre aux dirigeants de la communauté islamique les appréhensions qu’éprouvent les Libanais chrétiens. En soulignant qu’il est dans l’intérêt de tous de dissiper le lourd climat empoisonné que les actions des extrémistes déchaînés ont pu propager ces derniers mois dans le pays. La délégation a donc précisé que les Ligues déploient un effort pour dédramatiser la situation. En expliquant à leur opinion qu’il ne faut voir dans les événements de Denniyé que des incidents sécuritaires isolés. Cependant, la délégation n’a pas manqué de soulever la question de l’armement massif dont les activistes disposent et qu’ils n’ont pas hésité à tourner contre la légalité. Pourquoi ces armes, qui les a fournies et comment sont-elles entrées au Liban ? Et de souligner ensuite que d’une manière générale, le fait que la population libanaise continue à être largement armée est alarmant en soi. Revenant à l’objet pratique de leur mission, les délégués des Ligues ont proposé un congrès national sur le thème du rejet des armes, que seules les forces régulières et la Résistance au Sud devraient détenir. Il s’agirait de régler également la question de l’armement dont disposent les camps de réfugiés palestiniens, pour mettre un terme au laisser-aller à ce propos. Les sources des Ligues soutiennent avoir reçu des échos favorables à leur démarche, notamment de la part du Hezbollah. Elles ajoutent que leurs interlocuteurs ont tous dénoncé l’extrémisme, les dérives fondamentalistes et l’attaque contre l’armée à Denniyé. Tous les pôles relancés par les Ligues ont affirmé que les gens du Takfir wal-Hijra sont des imposteurs qui se masquent derrière des slogans religieux alors qu’en réalité, ils n’ont rien à voir avec l’islam et constituent un mouvement politique. De même, la suggestion d’un congrès pour lutter contre la présence d’armes aux mains de la population a été bien accueillie.
Le Liban a senti passer le souffle du boulet. Les graves événements de Denniyé, qui ont couronné toute une série de noirs forfaits dont le massacre des juges à Saïda et les attentats aux explosifs dans les églises, ont prouvé deux choses. D’abord que ce pays, sans doute mal soigné par un Taëf tronqué, reste à l’état de convalescent dix ans après la fin de la guerre...