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Actualités - ANALYSE

Confessionnalisme - La controverse rebondit Il faut prendre les abolitionnistes au mot, estiment des pôles chrétiens

Bien que jugée inopportune par tous les courants, la controverse suscitée par les récentes déclarations de M. Sélim Hoss sur l’abolition du confessionnalisme politique se poursuit. Sans doute est-ce dû au fait que c’est là un sujet extrêmement sensible qui, une fois soulevé, ne manque jamais de provoquer une durable onde de choc. Pour y couper court «et faire en sorte que cette question cesse d’être exploitée comme un article de bazar», il faut, selon des pôles chrétiens, «trancher une fois pour toutes, en entamant la longue marche de l’abolition par la mise sur pied du comité national consultatif prévu dans la Constitution». Il s’agirait donc de prendre au mot et à leur propre jeu les abolitionnistes, dont M. Hoss. Cela, répètent ces sources, «afin que l’on cesse de se rappeler l’article 95 C (Constitution) pour des raisons de convenance personnelle et d’une manière plus ou moins opportune, ce qui provoque polémique et confusion». Dès lors, des tractations devraient être engagées sans tarder pour la désignation des membres du comité national qui doit être formé, selon l’article 95 C, des trois présidents, des personnalités politiques, intellectuelles et sectorielles du pays. Une fois sur pied, cette instance établirait un plan, comme le veut la loi fondamentale, proposant des mécanismes pour l’abolition du confessionnalisme politique. Ses réunions se tiendraient loin de tout tapage médiatique, pour éviter des controverses qui nuiraient à son action. Bien entendu, comme M. Hoss le souligne lui-même, la déconfessionnalisation est un processus de longue haleine qui concerne en premier lieu les mentalités. Il faut en quelque sorte créer un citoyen nouveau, libéré sur le plan socio-politique des attaches communautaires et relié dans ce domaine à un État laïc. En tant que citoyen, le Libanais ne devrait donc plus avoir d’allégeance qu’envers la patrie, la nation. Ce qui n’affecterait du reste pas, en tant que particulier, sa liberté de croyance religieuse ou d’affiliation politique. Pour former un tel citoyen et répandre dans la population un véritable sens civique, il faut d’abord, de toute évidence, porter l’effort général sur l’éducation, en unifiant le manuel d’histoire locale et en introduisant à l’école un programme d’éveil soutenu par des articles de presse, des émissions de radio et de télévision. Ainsi prendrait naissance une génération nouvelle, élevée dans une mentalité différente gommant les susceptibilités confessionnelles. Les Libanais deviendraient vraiment égaux en droits comme en obligations face aux charges publiques, et la répartition communautaire des postes officiels pourrait alors être supprimée sans peine, à tous les niveaux, présidences comprises. Parallèlement, l’État retirerait leurs licences aux formations politiques confessionnelles et en interdirait la constitution, les partis devant tous devenir nationaux. Ce qui favoriserait du reste la mise en place d’un système démocratique basé sur les partis, permettant par exemple de faire du Liban tout entier une seule circonscription lors des élections législatives. L’unité nationale s’en trouverait consacrée et le pays ne serait plus éclaté entre communautés et régions. Ces personnalités chrétiennes soulignent encore une fois qu’il serait vain de supprimer le confessionnalisme dans les textes si on ne l’a pas fait au niveau des esprits. Elles relèvent également que l’on a tort de penser à des formules intermédiaires comme la constitution d’un directoire où les communautés seraient représentées ou encore comme la rotation entre les maronites, les sunnites et les chiites pour les trois présidences. À leur sens, il est également mauvais de songer à un Sénat où la représentation confessionnelle serait cantonnée, tandis que la Chambre des députés serait élue sur des bases nationales, car dans le fond on n’aurait rien changé tant qu’on n’aurait pas traité le problème à la racine, c’est-à-dire à l’école. Il faut donc commencer par le commencement, c’est-à-dire par la formation du comité national. Mais ce n’est pas simple. Comme le relève M. Hussein Husseini, l’article 95 C est un texte d’orientation générale et il s’agit de définir quelles sont les personnalités politiques, intellectuelles ou sectorielles qu’il mentionne. Il s’agit aussi de savoir comment les sélectionner.
Bien que jugée inopportune par tous les courants, la controverse suscitée par les récentes déclarations de M. Sélim Hoss sur l’abolition du confessionnalisme politique se poursuit. Sans doute est-ce dû au fait que c’est là un sujet extrêmement sensible qui, une fois soulevé, ne manque jamais de provoquer une durable onde de choc. Pour y couper court «et faire en sorte que...