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Actualités - CHRONOLOGIE

Elections - Abou Rizk présente sa démission du Conseil économique et social Un conflit sur la composition du bureau du CES provoque le report du scrutin

L’élection du bureau du Conseil économique et social (CES) n’aura pas lieu aujourd’hui. Le scrutin a été reporté au 12 février prochain, mais si le conflit relatif à la composition de ce bureau, au niveau communautaire et hierarchique, n’est pas réglé d’ici là, il est peu probable que l’élection se déroule à la nouvelle date fixée. En d’autres termes, pour que le scrutin puisse avoir lieu, il faut que le CES puisse élire les membres de son bureau sans avoir à respecter scrupuleusement, comme il lui est ajourd’hui demandé, une répartition communautaire savamment dosée. Menée discrètement depuis quelque temps, la lutte engagée par certaines composantes de cet organisme pour tenter de «déconfessionnaliser» les élections du CES a pris aujourd’hui la forme d’une véritable bataille, que le président de la CGTL, M. Élias Abou Rizk, a ouverte en annonçant sa démission du CES. Le CES serait-il mort-né ? Si le leader syndical, qui a voulu protester par sa démission contre «la nomination du bureau du CES» se dit pessimiste quant à l’avenir de cet organisme et pense qu’il est mort-né, d’autant que les personnes pressenties au directoire du CES sont toutes des représentants du gouvernement, le président de l’Association des industriels du Liban, M. Jacques Sarraf, n’écarte pas la possibilité de convaincre les artisans de la liste «préfabriquée» de la nécessité de laisser les membres du CES choisir eux-mêmes les neuf membres de leur bureau, sans être contraints de respecter l’appartenance communautaire des personnes pressenties à chaque poste. Et c’est là où le bât blesse : à l’heure où des voix s’élèvent dans le pays pour plaider en faveur de l’abolition du confessionnalisme, on s’efforce sournoisement de faire appliquer la règle de la répartition confessionnelle à la seule instance peut-être qui en échappe dans le pays. Conformément à cette règle, il faut que la présidence du bureau du CES revienne à M. Roger Nasnas, grec-catholique, la vice-présidence à Sélim Kheireddine (druze), et la direction à Mahmoud Hammoud (chiite), tous trois nommés par le Conseil des ministres. La liste consensuelle que les composantes du CES tentait d’établir comprend d’ailleurs ces trois personnes, ainsi que MM. Jacques Sarraf et Makram Sader (patronat), Élias Abou Rizk et Saadeddine Hamidi Sacre (CGTL), Abdel Karim Khalil et Samir Abillama (professions libérales) et Nawaf Salam, nommé par le Conseil des ministres. Il était toutefois entendu que les candidats élus se réuniraient par la suite pour choisir leur président et leur vice-président (le directeur général étant nommé par le gouvernement, bien que certaines personnes plaidaient en faveur du respect de la part des communautés au sein du nouveau bureau. L’élection était donc supposée se dérouler aujourd’hui sans problème jusqu’à ce que les représentants du patronat et de la CGTL – qui avaient formé une alliance – aient été informés lundi des résultats sur lesquels les élections devraient déboucher. C’est à partir de ce moment que les tiraillements sous-jacents ont éclaté au grand jour. Devant l’insistance des artisans de la liste «communautaire», à faire appliquer la règle proposée, M. Abou Rizk a décidé de présenter sa démission, sachant que ses alliés au CES étaient d’un avis contraire. Réunion nocturne à la CCIB En soirée, les composantes du CES ont tenu au siège de la CCIB une réunion au terme de laquelle le doyen dâge de cet organisme, M. Toufic Abou Khalil, a annoncé, dans un communiqué, le report du scrutin, «pour ouvrir la voie à de nouvelles concertations devant faciliter l’élection du bureau du CES, surtout que les médias ont fait état de résulats connus d’avance». Selon M. Abou Khalil, l’annonce de ces résultats par les médias a suscité une vague de contestation au sein du CES et entraîné une démission. «Certains nous ont également communiqué leur volonté de présenter leur démission ou de boycotter la réunion de demain (aujourd’hui)», a-t-il encore déclaré, soulignant que le report du scrutin se justifie aussi par la nécessité de «préserver l’unité du CES et de lui assurer un démarrage sain». Au cours de cette réunion, les représentants des organismes économiques et des professions libérales ont tenté de convaincre M. Abou Rizk de revenir sur sa décision et proposé l’élaboration d’une liste rivale, avant de décider d’ajourner les élections au 12 février, selon des sources proches du CES. Si les personnes réunies ont pris soin d’adopter un ton modéré dans leur communiqué, le président de la CGTL a tiré à boulets rouges contre le gouvernement l’accusant de ne pas vouloir donner au CES la possibilité de démarrer. «S’“ils” sont attachés à la répartition communautaire au sein du bureau du CES, “ils” n’avaient qu’à la définir lors de la nomination des membres de cet organisme et non pas à la veille du scrutin», a-t-il déclaré en soirée à L’Orient-Le Jour. Selon lui, si l’Exécutif souhaitait aussi «remédier à certaines failles» dans les nominations administratives, «il aurait pu les combler au niveau des 20 membres qu’il nomme» en les désignant en fonction de leur appartenance communautaire. Les 20 personnes nommées par le gouvernement représentent, rappelle-t-on, les experts et les émigrés. Poursuivant sur sa lancée, M. Abou Rizk a considéré que le gouvernement a également violé le décret d’application de la loi sur le CES en s’abstenant de tenir compte des critères qu’il avait lui-même fixés et en fonction desquels les composantes du CSE étaient supposées proposer la candidature de certains de leurs membres à cet organisme. Pour M. Abou Rizk, la loi portant création du CES «a vidé (cet organisme) de son sens et rend possible les interventions dans les affaires intérieures du CES». Hoss : «Le gouvernement ne se mêle pas des élections» Le chef du gouvernement devait répondre en soirée aux accusations du président de la centrale syndicale. «Le gouvernement n’a rien à voir dans les élections du Conseil économique et social, contrairement aux rumeurs qui circulent à ce sujet», a-t-il déclaré. Selon M. Hoss, le gouvernement «laissera le processus démocratique suivre son cours durant l’élection du bureau du CES et ne s’en mêlera pas». Sans être aussi sévère que le président de la CGTL à l’encontre du gouvernement, M. Jacques Sarraf n’en a pas moins critiqué la tendance à décider à l’avance des résultats de l’élection. «Nous ne sommes pas contre la liste proposée mais contre le principe suivant lesquel le scrutin était supposé se dérouler», a-t-il déclaré à L’Orient-Le Jour. «Comment peut-on garantir à l’avance l’élection d’un président grec-catholique à la tête du bureau ?» du CES, s’est étonné M. Sarraf en indiquant qu’il n’a rien contre les personnes «désignées» du directoire du Conseil économique et social tout en insistant sur le fait qu’il est plus normal, à titre d’exemple, d’élire à la tête du CES des représentants des majoritaires. Il a aussi reproché aux artisans de la liste contestée d’essayer de mettre des bâtons dans les roues du CES «alors que le patronat et la CGTL sont pour la première fois sur une même longueur d’onde». «Nous pouvons pour la première fois faire quelque chose ensemble pour tenter de trouver une solution à la crise économique», nous a-t-il encore dit, avant de mettre en garde contre le confessionnalisme. Le président de l’Association des industriels, qui a exprimé sa confiance dans le nouveau régime, a particulièrement insisté sur la nécessité de tenir le CES à l’abri des tiraillements à connotation politique et communautaire. Il a aussi souligné son opposition à la décision de M. Abou Rizk de démissionner, affirmant qu’il a proposé au leader syndical de se retirer de la liste. «Nous pouvons toujours très bien travailler au niveau de la base», a estimé M. Sarraf en affirmant que si le président de la CGTL se retirera du CES, «nous nous retirerons aussi». Le président de l’Association des banques semble optimiste quant au dénouement de cette affaire. «Ce qui s’est passé hier est certainement un pas en arrière. Mais il nous permettra de mieux avancer». Quoi qu’il en soit, c’est à partir de ce matin que des contacts seront entrepris pour régler le conflit autour des élections du bureau du CES.
L’élection du bureau du Conseil économique et social (CES) n’aura pas lieu aujourd’hui. Le scrutin a été reporté au 12 février prochain, mais si le conflit relatif à la composition de ce bureau, au niveau communautaire et hierarchique, n’est pas réglé d’ici là, il est peu probable que l’élection se déroule à la nouvelle date fixée. En d’autres termes, pour...