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Actualités - ANALYSE

Processus de paix - Craintes pour l'indépendance du Liban Les milieux politiques s'inquiètent des dernières prises de position israéliennes

Les sons de cloche en provenance de Tel-Aviv concernant la politique de l’État hébreu au Liban ne sont guère rassurants. La semaine dernière, le chef d’état-major israélien, Shaoul Mofaz, et le chef de la délégation d’experts israéliens aux pourparlers de paix avec la Syrie, Uri Saguy, ont tous deux adopté une attitude belliqueuse à l’égard du Liban. Le premier avait ainsi souligné la nécessité de procéder à une modification des frontières avec le Liban en vue de garantir la sécurité des habitants du nord d’Israël. De son côté, M. Saguy avait proposé que les États-Unis et l’État hébreu reconnaissent «de jure» «l’autorité syrienne au Liban». Si le Premier ministre Sélim Hoss a répondu au général Mofaz en revendiquant les sept villages annexés par Israël, aucun responsable officiel n’a toutefois réagi aux propos de M. Saguy. De fait, Beyrouth estime que les allégations de ce dernier ne méritent pas qu’on y réponde... Dans certains milieux politiques, on analyse d’abord comme suit la déclaration du général Mofaz : celui-ci aurait revendiqué une modification des frontières à l’avantage d’Israël en riposte à la volonté libanaise de récupérer les sept villages annexés. Les frontières libano-israéliennes sont internationalement reconnues et ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’un litige. Du reste, Beyrouth a tenu à abroger les accords du Caire pour éviter de donner à l’État hébreu le prétexte d’occulter l’armistice de 1949 consacrant la reconnaissance des frontières actuelles... sans compter la résolution 425 qui, elle, stipule clairement le retrait d’Israël du Liban jusqu’aux frontières «internationalement reconnues». Les propos israéliens consistant à modifier le tracé des frontières avec le voisin du Nord ne seraient donc destinés qu’à riposter aux exigences du secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, qui a notamment affirmé que la récupération des sept villages susmentionnés est une condition préalable à la conclusion d’un accord de paix avec l’État hébreu. La contre-attaque du général Mofaz viserait aussi probablement à étouffer dans l’œuf les revendications de Beyrouth concernant le versement par Israël d’indemnités évaluées à huit milliards de dollars pour toutes ses agressions directes ou indirectes perpétrées contre le Liban. Reste à savoir évidemment si les propos du chef d’état-major reflètent une position officielle sérieuse ou s’ils s’inscrivent uniquement dans le cadre des atermoiements traditionnels précédant l’étape des négociations. La proposition de Saguy Plus inquiétante encore est la proposition du chef de la délégation israélienne aux pourparlers engagés avec Damas. Les milieux politiques craignent en effet que la paix dans la région ne se fasse au détriment de la souveraineté et de l’indépendance du Liban. Pourtant le président américain Bill Clinton a déjà affirmé à plusieurs reprises qu’on ne saurait porter atteinte à la souveraineté du Liban et que Washington insistait toujours sur le retrait de toutes les forces étrangères du territoire libanais. Mais pour cela, il convient que Beyrouth fasse au moins acte de présence dans le cadre des pourparlers multilatéraux qui auront lieu à la fin de ce mois à Moscou. En un mot, le Liban doit savoir ce qu’il veut, selon les Américains. L’ambassadeur des États-Unis, David Satterfield, a d’ailleurs précisé la position de son gouvernement lors d’une intervention devant les élèves de l’école de «La Sagesse» en déclarant : «L’essentiel est que les Libanais sachent eux-mêmes quel est l’État, le gouvernement et la société qu’ils veulent. Depuis la création de leur État, les Libanais ne sont encore jamais parvenus à un consensus à ce sujet. Tant que cette situation durera, le pays ne connaîtra jamais la stabilité sur les plans intérieur et extérieur». Dans l’une de ses homélies dominicales, le patriarche maronite Nasrallah Sfeir avait fait écho au diplomate américain en affirmant que les Libanais devraient s’entendre sur le pays qu’ils désirent bâtir de manière à prouver qu’ils sont capables de se gouverner en l’absence de toute tutelle étrangère. En tout état de cause, les milieux politiques susmentionnés estiment qu’il incombe à l’Administration américaine de traduire concrètement sa détermination à préserver l’indépendance du Liban. On saura effectivement quelles sont les véritables intentions des États-Unis quand on abordera les arrangements de sécurité après le retrait israélien du Sud et de la Békaa-Ouest. Quelle sera donc l’identité de la force qui prendra en charge la sécurité des régions que l’armée israélienne aura évacué : libanaise seulement ? multinationale ou autre ? En définitive, la question fondamentale est de savoir si le Liban, qui a survécu à 25 ans de guerre, de destructions et de tueries, survivra à un accord de paix dans la région.
Les sons de cloche en provenance de Tel-Aviv concernant la politique de l’État hébreu au Liban ne sont guère rassurants. La semaine dernière, le chef d’état-major israélien, Shaoul Mofaz, et le chef de la délégation d’experts israéliens aux pourparlers de paix avec la Syrie, Uri Saguy, ont tous deux adopté une attitude belliqueuse à l’égard du Liban. Le premier...