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Actualités - OPINION

Tribune Les bonheurs qui nous attendent

Les bonheurs qui nous attendent ne se comptent plus. En cas de paix, il pleuvra de l’or sur nos têtes. en cas de poursuite de la guerre, la gloire nous couvrira de lauriers. De toute façon, rien ni personne ne pourra ébranler l’État de droit que nous avons érigé. Les institutions sont en voie de stabilisation définitive. La pureté des élections est avalisée par des listes déjà gagnantes. La vertu des dirigeants est cautionnée par l’opposition aseptisée de leurs adversaires. Le confessionnalisme sera bientôt aboli. L’assainissement d’une information mesurée par la sagesse des journalistes et la circonspection des lois est déjà réalisé. Et, last but not least, la sacro-sainte sécurité, mis à part quelques caprices turbulents vite réprimés, est désormais garantie à tout jamais sur chaque centimètre carré du territoire. Telles sont les prédications et les prédictions de nos tribuns, prononcées et annoncées avec la solennelle inanité qui fait les grands hommes. Nous pouvons être rassurés : le navire vogue sur des eaux sûres. Aucune place n’est laissée à l’arbitraire ou au provisoire. Quoi qu’il arrive, la situation est tenue et bien tenue – et pour longtemps. C’est sans doute au regard de ces prévenantes vaticinations, que des centaines de nos jeunes gens patientent dans les antichambres des consulats dans l’attente fiévreuse d’un visa ou d’un permis de séjour. En toute apparence, ils préfèrent bravement porter le flambeau du nouveau Liban aux confins de la planète, plutôt que de bénéficier passivement du bien-être qu’on leur assure sur place. La confiance qu’ils manifestent ainsi en eux-mêmes et en leur capacité à réussir ailleurs, ne serait guère possible sans tous les efforts déployés au Liban pour les aguerrir et les exercer à affronter les aléas d’une vie aventureuse. Le goût des adversités et des embûches leur est inculqué comme par osmose. Ils auront, après un tel départ, – on peut en être sûr – toutes les forces et tous les courages qu’on prête généralement aux désespérés, pour soutenir leur détermination à étendre au-delà des mers la bonne renommée du pays auquel ils se seront arrachés avec tant d’abnégation. Leurs descendants pourront peut-être un jour, à l’instar d’une autre diaspora, entreprendre le retour à la terre des ancêtres. Ce serait, par comparaison, vers la fin du quatrième millénaire que cet heureux événement pourrait se produire. Comme on le voit, l’avenir n’est plus tout à fait ce qu’il était ; mais on ne perd rien pour attendre.
Les bonheurs qui nous attendent ne se comptent plus. En cas de paix, il pleuvra de l’or sur nos têtes. en cas de poursuite de la guerre, la gloire nous couvrira de lauriers. De toute façon, rien ni personne ne pourra ébranler l’État de droit que nous avons érigé. Les institutions sont en voie de stabilisation définitive. La pureté des élections est avalisée par des listes...