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Actualités - ANALYSE

Processus de paix - Beyrouth marine dans l'incertitude Entre l'optimisme US et les réserves syriennes

Malgré les réserves syriennes, les Américains se disent toujours confiants et prédisent une toute prochaine reprise des pourparlers. À Beyrouth, les informations précises manquent. Cependant, les responsables y décryptent avec attention des rapports diplomatiques provenant de sources variées. L’une de ces dépêches soutient que les États-Unis ne peuvent pas vraiment être accusés de partialité en faveur d’Israël. Ils insisteraient en effet fermement sur l’application du principe de Madrid «la terre moyennant la paix». Ce qui implique évidemment un retrait israélien total des territoires arabes occupés avant, pendant ou après la guerre de juin 1967, à l’exclusion cependant des conquêtes de 1948 sur lesquelles s’est fondé l’État hébreu. Dès lors, la position américaine devrait signifier en bonne logique qu’au Golan, c’est la frontière du 4 juin 1967 qu’il faudrait rétablir, comme le demande la Syrie, et non celle de 1923 dite Sykes-Picot, comme le prétend Israël. Selon le même rapport, Ehud Barak aurait fait mine d’admettre ce retour aux lignes du 4 juin 1967. Pour s’empresser ensuite d’affirmer qu’elles sont mal définies, qu’il faut les redessiner, chacune des parties prenantes présentant à ce sujet des cartes qui offrent des tracés différents. En d’autres termes, le problème reste entier et ce qu’Israël propose en pratique, c’est un compromis frontalier ménageant ses intérêts sécuritaires et hydrauliques. Ce qu’on sait peu en effet, c’est que si la Syrie peut disposer d’une frontière jouxtant la rive orientale du lac de Tibériade, elle pourrait prétendre à presque la moitié de ce lac. En vertu de la règle internationale qui dans un tel cas de figure ordonne que la frontière passe au-dessus du point le plus profond, généralement le milieu, de l’étendue d’eau considérée sur le plan juridique comme «mer intérieure». Bien évidemment, ce n’est là qu’une question de pur principe : jamais la Syrie n’a avancé de prétentions en ce qui concerne le lac. Toujours est-il que les deux commissions syro-israéliennes des frontières sont chargées de s’entendre sur la ligne derrière laquelle les Israéliens doivent se retirer au Golan. Quand un tel accord aura été conclu, les pourparlers généraux reprendront. Et il deviendrait possible à ce moment, le plus gros ayant été fait, d’inviter le Liban à se joindre aux négociations. Sur le plan pratique, une question se pose : la Syrie a toujours exigé qu’avant dire droit, Israël devait confirmer l’engagement pris jadis par Rabin de lui rendre tout le Golan. Comment se fait-il que les pourparlers aient repris sans assurance d’un retour à la ligne du 4 juin 1967 ? Une source diplomatique répond, assez évasivement, en indiquant que «la délégation israélienne a suscité un problème d’ordre du jour, en demandant que le dispositif de sécurité mais aussi la normalisation relationnelle soient discutés avant la question du retrait. Cela sous le prétexte que l’étendue de la normalisation conditionnait l’étendue du retrait. Naturellement, la délégation syrienne a rejeté une telle approche en répétant que l’accord sur la ligne du 4 juin 1967 devait constituer le point de départ des négociations». Ce litige a certainement eu lieu ; mais il prouve par lui-même que la prise de contact syro-israélienne est intervenue, sous la pression US, sans garantie de restitution totale du Golan. La même source enchaîne en soulignant que «la manifestation monstre organisée à Jérusalem par les colons hostiles au retrait du Golan est venue mettre en relief ce constat : pour Israël, c’est le territoire et l’étendue d’un éventuel retrait qui comptent avant tout. Barak s’est retrouvé en quelque sorte coincé sur le plan populaire, d’autant que deux de ses ministres l’ont menacé de démission s’il cédait le Golan. Par contre, le peuple syrien, qui considère la récupération du Golan comme un droit inaliénable, se soucie pour sa part de ce que le mot “paix” voudra dire en termes de normalisation relationnelle. Car a priori ce peuple, à l’image d’ailleurs du monde arabe, répugne à une paix cordiale et la préfère froide. Cependant dans ce domaine, tout est affaire de circonstances et d’évolution, dans un sens ou dans un autre».
Malgré les réserves syriennes, les Américains se disent toujours confiants et prédisent une toute prochaine reprise des pourparlers. À Beyrouth, les informations précises manquent. Cependant, les responsables y décryptent avec attention des rapports diplomatiques provenant de sources variées. L’une de ces dépêches soutient que les États-Unis ne peuvent pas vraiment être...