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Actualités - CHRONOLOGIE

Menaces sur le Dakar : et si c'étaient les dromadaires

Et si les «menaces terroristes», qui ont obligé les organisateurs du rallye Dakar-2000 à annuler en catastrophe les étapes du Niger, n’étaient dues qu’au recensement des dizaines de milliers de dromadaires du sud algérien entrepris quelques jours avant le passage des concurrents. Ce recensement a donné lieu, ces derniers jours, à un intense mouvement de véhicules tout-terrain des propriétaires de camélidés cherchant à rassembler leurs bêtes pour leur enregistrement par l’administration de la wilaya (préfecture) de Tamanrasset, la capitale du sud algérien, ont indiqué plusieurs commerçants en relation avec des éleveurs du grand sud. «Les autorités algériennes souhaitent depuis plusieurs années développer le cheptel des camélidés, pour sa viande, pour le lait des chamelles qui contient peu de matière grasse, et aussi parce que le dromadaire algérien, le méhari, est un excellent coureur très prisé sur les champs de course de Dubaï» dans le Golfe, selon l’un des habitants de Tamanrasset. Des primes sont accordées pour développer cet élevage en déclin. L’administration a entrepris, quelques jours avant le passage du Dakar au Niger, près de la frontière algérienne, un recensement du cheptel avoisinant les 100 000 têtes dans la wilaya de Tamanrasset. Depuis des générations, les camélidés, ignorant superbement la frontière tracée au cordeau entre l’Algérie et le Niger, vont régulièrement dans des pâturages nigériens. Peu après le départ du Dakar-2000, des services de renseignements occidentaux avaient affirmé avoir recoupé des informations sur une menace terroriste «réelle» sur ce rallye au Niger. Un groupe de 300 islamistes armés commandé par un certain Mokhtar Belmokhtar, opérant dans la région de Laghouat (400 km au sud d’Alger), serait descendu avec ses hommes au Niger selon, notamment, des satellites espions américains et des interceptions radio relevant des «traces sérieuses» de convois armés. La présence de «terroristes» dans les ergs du Sahara laisse de marbre les habitués de ce désert à Tamanrasset. «Quand le recensement a été lancé, les éleveurs sont allés tout naturellement chercher leurs bêtes de l’autre côté de la frontière pour les ramener en Algérie, afin de les comptabiliser et toucher la prime», explique un vieux de Tamanrasset, qui s’amuse beaucoup de tout ce bruit. «Lorsque ça a éclaté, nous avons tous été étonnés. On a pensé que les Américains avec leur technologie ne voulaient voir que ce qu’ils avaient envie de voir», renchérit un autre habitant. «Ici, nous n’avons jamais eu le moindre attentat depuis sept ans, les groupes armés ne sont jamais descendus dans le Grand Sud et cela nous a paru bizarre», ajoute un commerçant travaillant avec des éleveurs. Pour toucher leurs primes, nombre d’éleveurs sont partis à bord de leurs tout-terrain rassembler leurs bêtes, dont un certain nombre se trouvait au Niger, confirme ce commerçant. «De là, à traduire ces mouvements de véhicules en menaces terroristes, il ne faut pas exagérer. Les Américains et les Français font des fixations et réagissent parfois en total méconnaissance des réalités», ajoute un autre commerçant. «Comment voulez-vous qu’un satellite fasse la différence entre un éleveur dans une Toyota 4X4 et un barbu» (ndlr : un islamiste armé algérien), renchérit avec un sourire goguenard un targui grand connaisseur de la région. Tous ces habitants ont catégoriquement affirmé qu’il serait extrêmement difficile, pour un groupe armé de 300 hommes équipés d’une quarantaine de véhicules, de franchir plus de 2 000 kilomètres sans être repéré dans des zones désertiques, comme avancé par ces services de renseignement. Les autorités de Tamanrasset ont précisé qu’il n’y avait pas de «problème de sécurité» dans leur wilaya, qui couvre près de 600 000 km2, soit l’équivalent de la péninsule ibérique (Espagne et Portugal).
Et si les «menaces terroristes», qui ont obligé les organisateurs du rallye Dakar-2000 à annuler en catastrophe les étapes du Niger, n’étaient dues qu’au recensement des dizaines de milliers de dromadaires du sud algérien entrepris quelques jours avant le passage des concurrents. Ce recensement a donné lieu, ces derniers jours, à un intense mouvement de véhicules...