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Actualités - ANALYSE

Elections - Les tractations battent leur plein en coulisses L'Est aussi se prépare pour la bataille

Comme le prouve si bien la polémique suscitée par les événements de Denniyé, la caste politique locale tout entière n’est mue que par une idée fixe : bien se positionner pour les élections législatives. À cause du retard pris dans l’élaboration de la nouvelle loi, on se retrouve en effet presque à deux pas de cette échéance cruciale. Les opérations sont prévues à partir du 15 août, dans sept petits mois, et on en est encore aux préliminaires, c’est-à-dire au big bazar pour la formation des listes comme pour contracter des alliances qui parfois se situent à un échelon national. Les tractations battent donc leur plein mais, bien entendu, loin des feux de la rampe car à ce stade initial, personne ne veut «se mouiller» comme on dit familièrement. Bien sûr, malgré le changement de configuration opéré à travers l’adoption d’une nouvelle grille des circonscriptions, les grandes écuries restent grosso modo les mêmes et les noms de la plupart de leurs coursiers sont déjà connus. Mais les accords qui les liaient naguère sur le terrain ne sont pas encore tous reconduits et font l’objet de renégociations serrées. D’autant qu’il y a quand même quelques rookies de taille, comme disent les fans du basket : de jeunes loups aux dents longues, en général nantis, qui veulent se lancer sur la piste et auxquels il faut trouver une place. Ces ambitieux sont légion et démarchent systématiquement les pôles d’influence susceptibles de les sponsoriser, ici même à Beyrouth ou ailleurs... Certains de ces bleus, sachant sans doute qu’ils ont peu de chance d’emporter la timbale dès leur première tentative, saisissent l’occasion pour se faire connaître. Et avec plus ou moins de moyens ou de succès, entreprennent de faire la tournée des popotes, des villages et des quartiers, pour se faire connaître de l’électorat, que cette agitation amuse d’ailleurs beaucoup. Mais à part les gadgets individuels, cette année s’affirme comme un test important, voire décisif, pour certaines formations jusque-là écartées de la scène politique, malgré les concessions que quelques-uns d’entre eux avaient cru devoir faire pour obtenir une place au soleil parlementaire. Ces groupes pénalisés, on ne le sait que trop, sont bien plus nombreux à l’Est qu’à l’Ouest. Les forces traditionnelles du premier camp, taëfistes ou pas, ne disposent à la Chambre que d’une représentation rachitique, pour ne pas dire symbolique ou virtuelle, faite de sympathisants et non d’adhérents. On ne trouve en effet aucun député appartenant officiellement aux Kataëb, au Bloc national, au Parti national libéral, au Parti de la solidarité de M. Émile Rahmé, au courant des Forces libanaises ou à celui des aounistes. Pour la prochaine édition, comme le mot d’ordre de boycott est pratiquement aboli, ces formations vont tenter une percée. Bien que certaines d’entre elles paraissent handicapées par le nouveau découpage, comme c’est le cas des FL après le rattachement de Bécharré, fief natal de leur chef M. Samir Geagea, au lointain canton du Akkar. Une astuce visant à affaiblir l’élément chrétien qui a également été appliquée à Jezzine rattachée contre toute logique à Nabatiyeh et non à l’est de Saïda. Si les partis précités veulent bien se lancer quand même dans l’aventure électorale, c’est à cause en grande partie de la confiance populaire dans le régime qui promet d’assurer un scrutin transparent, libre et honnête. Cette fois, il n’y aurait ni listes ni candidats pouvant se prévaloir de l’appui du pouvoir. L’équilibre et l’impartialité étatique étant garantis par le palais de Baabda, le fait que la présidence du Conseil et surtout le ministère de l’Intérieur soient aux mains de chefs de file engagés dans la bataille n’alarme pas particulièrement les opposants ou les rivaux potentiels de ces deux personnalités. Pour en venir un peu aux détails, signalons qu’un sévère bras de fer semble devoir s’engager pour le siège maronite de Beyrouth. Il est actuellement aux mains du Parti syrien national social (PSNS, ex-PPS) qui tient à y maintenir le député sortant, M. Ghassan Matar. Les stratèges de ce parti indiquent, au stade actuel, que le retour de leur poulain place de l’Étoile est assuré «si une éventuelle liste de coalition ou les deux éventuelles listes principales qui se feraient face laissent vacant le siège maronite et n’y présentent pas de candidat». Mais les Kataëb lorgnent ce fauteuil avec appétence et multiplient les contacts pour le décrocher. C’est en effet important pour eux tant sur le plan symbolique que sur le plan politique, ce siège ayant été occupé jadis par leur chef fondateur, cheikh Pierre Gemayel. Dans cette logique, les Phalanges pensent présenter la candidature de leur président actuel, M. Mounir Hajje. Elles pourraient donc s’opposer au PSNS à Beyrouth. Mais s’allier éventuellement avec lui dans le Metn-Nord, malgré leur inimitié historique. C’est du moins ce qu’indiquent des sources informées qui pensent que M. Michel Murr, grand faiseur d’élections et réconciliateur hors pair, voudra avoir sur sa liste un représentant de chacun de ces deux partis. Mais évidemment, rien n’est encore joué. D’autant que les Kataëb ne sont pas encore tout à fait d’accord entre eux. Au point qu’on n’exclut pas qu’en définitive il y ait au Metn-Nord deux candidats opposés se réclamant de ce parti : M. Hajje, s’il ne se présente pas à Beyrouth, et le Dr Paul Gemayel. Le litige pourrait cependant être réglé au cours d’un séminaire que les Kataëb tiendraient à cet effet prochainement.
Comme le prouve si bien la polémique suscitée par les événements de Denniyé, la caste politique locale tout entière n’est mue que par une idée fixe : bien se positionner pour les élections législatives. À cause du retard pris dans l’élaboration de la nouvelle loi, on se retrouve en effet presque à deux pas de cette échéance cruciale. Les opérations sont prévues à...