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Actualités - INTERVIEWS

Polémique - Le leader du PSP se déchaîne contre le Premier ministre et le chef du Législatif Joumblatt : le gouvernement n'existe pas

Le leader du Parti socialiste progressiste, M. Walid Joumblatt, a lancé une virulente attaque contre le gouvernement de M. Sélim Hoss qu’il a accusé d’être totalement absent de la scène politique locale du fait que «les ministres se contentent de jouer le rôle de fonctionnaires pour le compte de certains services de sécurité ou auprès des conseillers du président Lahoud». Réclamant dans ce cadre la démission du Premier ministre, M. Joumblatt s’est prononcé pour la formation d’un «gouvernement d’union nationale afin que le Liban puisse s’engager dans les pourparlers avec Israël». Évoquant, par ailleurs, les derniers affrontements entre l’armée libanaise et les miliciens fondamentalistes sunnites à Denniyé (Liban-Nord), le leader du PSP a souligné que la solution du problème mis en relief par ces événements ne devrait pas se limiter au volet sécuritaire mais devrait être axée essentiellement sur une politique de redressement socio-économique de longue haleine. Au cours d’une interview diffusée samedi dernier, en direct, par la Voix du Liban (VDL, radio du parti Kataëb), le leader du PSP a, d’entrée de jeu, tiré à boulets rouges sur le gouvernement. Interrogé sur l’affaire de Denniyé, il a d’abord déploré le manque de «cohésion nationale sur la scène locale». Relevant «l’absence de couverture interne suffisante pour faire face à ce développement sécuritaire», M. Joumblatt a déclaré : «Il n’y a pas de gouvernement dans le pays. Ce vide et la multiplicité des services de sécurité ont abouti à ce chaos. Il est vrai que ce courant fondamentaliste a profité d’appuis financiers extérieurs, sans compter les fournitures en armes. Mais ce soutien a-t-il été découvert subitement ? Il ne faudrait pas, sous le couvert des négociations libano-syro-israéliennes, éclipser les causes sociales et économiques ainsi que le vide créé par le gouvernement ou la multiplicité des services de sécurité. Il ne faudrait pas négliger le recul de la croissance». Et M. Joumblatt d’ajouter sur ce plan : «Y a-t-il un Premier ministre ? Le gouvernement existe-t-il ? Il n’y a pas de gouvernement. Les ministres se contentent de jouer un rôle de fonctionnaires pour le compte de certains services de sécurité ou des conseillers du président Lahoud. Telle est la cause de la faille qui est apparue. Nous attirons l’attention du président Lahoud sur le fait qu’un tel comportement aboutira à de tels résultats». Le facteur palestinien Soulignant que le rôle de l’armée sur le plan de la sécurité ne suffit pas, le leader du PSP a déclaré qu’il faudrait assurer «une couverture politique aux opérations de l’armée». Après avoir rejeté l’instauration d’un «régime policier» au Liban M. Joumblatt a affirmé que les événements de Denniyé «profitent aux Américains et aux Israéliens car ils affaiblissent la position du négociateur syrien». Abordant le dossier de la présence armée palestinienne dans les camps de réfugiés, le leader du PSP a déclaré : «J’ai été le premier à rejeter la présence armée palestinienne car celle-ci ne constitue plus une couverture pour le projet de libération. Mais cela ne signifie pas qu’il faut prendre d’assaut les camps. Il faudrait plutôt régler le problème avec les pays arabes, avec Arafat et les Américains. Je suis contre toute solution militaire, sauf si nous aboutissons à une impasse». Interrogé sur l’émergence du facteur palestinien sur la scène locale dans les circonstances présentes, M. Joumblatt a déclaré : «De peur que les volets libanais et syrien ne devancent le volet palestinien, Arafat pourrait tenter d’exploiter la carte des camps pour entraver les pourparlers. Mais cela ne devrait pas éclipser les causes objectives des derniers événements, à savoir la pauvreté et le sous-développement qui sont à la base du phénomène apparu à la surface» (lors des affrontements de Denniyé). En réponse à une question sur les solutions qu’il préconise pour faire face à la situation actuelle, le leader du PSP a déclaré : «Je n’ai aucun poste de responsabilité (pour suggérer des solutions). Je ne fais qu’interpeller un gouvernement qui est censé avoir des réponses à ces problèmes. Je ne me contente pas des chiffres insignifiants de Georges Corm (le ministre des Finances) au sujet du déficit. Ces chiffres ne fournissent pas à manger à la population de Bab Tebbané (à la périphérie de Tripoli). Il faut d’abord changer de gouvernement car ce dernier est arrivé à une impasse. Il doit démissionner». M. Joumblatt a invité à ce propos «le gouvernement, Georges Corm et les autres à se rendre à Bab Tebbané pour proposer des solutions, au lieu de donner des leçons à partir de leur tour d’ivoire». Prié d’indiquer qui assume la responsabilité de la situation à laquelle sont parvenues des régions déshéritées telles que Bab Tebbané et le Akkar, le leader du PSP a déclaré : «À une certaine période, un différend est apparu entre le président Rafic Hariri et moi-même au sujet des priorités à accorder. Le développement ne se fait pas d’une manière équilibrée. Il doit se faire d’une manière horizontale». Les slogans de Berry et Hoss Interrogé sur le fait de savoir si le slogan de l’abolition du confessionnalisme politique constitue dans le contexte actuel une fuite en avant, M. Joumblatt a déclaré : «Posez la question à Nabih Berry et Sélim Hoss. Ils ont volé nos slogans et les slogans de Kamal Joumblatt pour lesquels il est tombé en martyr. Il y a une limite à la falsification. Nous avons lancé ces slogans qu’ils ont repris à leur propre compte. À mon avis, ils sont arrivés à une impasse et ils tentent de lancer des slogans qui les dépassent». Après avoir souligné que le ministère de l’Intérieur devrait être attribué à une autre personnalité que M. Michel Murr, le leader du PSP a suggéré que le portefeuille des Affaires étrangères soit confié à MM. Farès Boueiz ou Samir Moubarak, précisant que M. Boueiz avait réussi dans sa tâche en tant que chef de la diplomatie. M. Joumblatt a, d’autre part, affirmé que «la plupart des députés sont coupés des réalités sociales et économiques», accusant le pouvoir législatif d’être «soumis au pouvoir exécutif et aux services de renseignements». Il a réclamé dans ce cadre «l’abolition de certains services de sécurité et leur fusion» ainsi que la diminution des effectifs de l’armée libanaise pour «réduire les coûts et accroître l’efficacité de l’armée». Il a affirmé à ce sujet que l’armée a un rôle sécuritaire à jouer «au niveau interne et non pas sur le plan externe». M. Joumblatt a, par ailleurs, accusé «la direction de l’information (de l’armée) et d’autres services de faire pression sur certains journalistes qui reçoivent sur ce plan des appels téléphoniques». En conclusion, le leader du PSP a souligné que «si les chefs spirituels chrétiens se sont substitués aux partis, c’est parce que ces derniers se sont laissé prendre au jeu des acquis ministériels et parlementaires». «L’accord de Taëf, a-t-il précisé sur ce plan, a consacré le rôle des chefs spirituels».
Le leader du Parti socialiste progressiste, M. Walid Joumblatt, a lancé une virulente attaque contre le gouvernement de M. Sélim Hoss qu’il a accusé d’être totalement absent de la scène politique locale du fait que «les ministres se contentent de jouer le rôle de fonctionnaires pour le compte de certains services de sécurité ou auprès des conseillers du président...