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Actualités - REPORTAGES

Droits de l'homme - Rapport annuel Le Liban dans la zone grise

«La situation globale des droits de l’homme au Liban peut être considérée comme “intermédiaire” d’après les standards internationaux», affirme le rapport récemment publié par la Fondation des droits de l’homme et des droits humanitaires (FDHDH-Liban), une association membre de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Ayant passé en revue l’ensemble des droits politiques, sociaux et économiques, ce document, d’un intérêt considérable, retrace, tous les ans, les exactions et violations des lois et conventions internationales en vigueur, commises sur le plan des droits individuels ou collectifs. Ce bilan, dont s’inspirent plusieurs missions diplomatiques au Liban, constitue un outil de pression indispensable aux mains des ONG et des observateurs internationaux. Dans l’ensemble, si la période qui a fait suite aux accords de Taëf est marquée par une nette tendance à réprimer les droits et libertés fondamentales, une légère amélioration est à relever pour l’année écoulée dans certains domaines (notamment au niveau de la loi électorale, de la liberté de presse – toute relative encore – ainsi qu’au niveau des arrestations arbitraires – d’un style bien nouveau, comme le souligne le rapport ), alors que dans d’autres secteurs, un net recul de ces droits a été enregistré. Voici quelques extraits du texte : Liberté d’association Alors que sous le gouvernement précédent, un état d’urgence, prohibant les manifestations et rassemblements publics, avait été décrété, cette mesure fut supprimée par le Cabinet Hoss. Toutefois, les rassemblements restent soumis à une autorisation préalable délivrée par le ministère de l’Intérieur. Une condition bien étrange accompagne toutefois cette démarche, relève le texte, à savoir le fait que le «requérant» s’engage à assumer personnellement la responsabilité pour tout préjudice causé lors d’une manifestation. Par ailleurs, la loi sur les associations et partis politiques prévue depuis bien longtemps n’a toujours pas vu le jour, «les autorités ne paraissant pas particulièrement pressées de faire voter cette législation». Élections et droits politiques À travers l’histoire de la vie parlementaire, les élections «n’ont jamais été libres ni équitables», à la différence près que les consultations qui avaient eu lieu avant Taëf sont moins entachées d’irrégularités que celles qui ont suivi l’accord. Quant à la nouvelle loi électorale, elle apparaît comme étant moins partiale que les deux textes de loi précédents, l’inégalité ayant été réduite mais non complètement éliminée, soutient le texte du rapport. Liberté d’expression et de la presse «Il n’y a pas d’organe de presse libre. Il existe simplement quelques journalistes indépendants». C’est par ces termes que l’état de la presse écrite au Liban est décrit dans le rapport sur la liberté d’expression, qui relève en outre que le phénomène de l’autocensure s’est amplifié pour devenir une pratique courante dans le monde de la presse. Dès 1991, l’accord sécuritaire conclu entre le Liban et la Syrie comprenait une clause prohibant la publication de toute information «qui pourrait nuire à la sécurité des deux États». Par conséquent, le journaliste libanais se voit interdire toute publication sur les diverses questions. Sur le plan des autres médias, le rapport note une plus grande emprise des organes de sécurité de l’État sur les talk-show politiques télévisés. Plusieurs chaînes de télévision ont été soumises à des pressions diverses et sommées de ne pas diffuser des interviews avec les politiciens ou intellectuels de «l’opposition», affirme le rapport qui évoque à titre d’exemple l’interdiction, pour la Future TV, de diffuser une interview avec l’ancien juge Salim Azar, «connu pour avoir le courage de ses idées». D’ailleurs, les titres des différents talk-show politiques ne sont-ils pas assez évocateurs à cet égard : Chater Yehké (Que le plus courageux s’exprime), Al-Kalem bi-Sarrek (Confidentiellement), Sireh Win Fatahit (Tant que nous y sommes), etc. Quant à la diffusion par satellite, elle est tout aussi censurée, rapporte l’association. Le domaine artistique n’aura pas échappé non plus à l’ingérence des agents de la Sûreté, qui soumettent systématiquement à leur contrôle les publications étrangères ou locales, films, pièces de théâtre, chansons, et récemment, les représentations de danse (allusion faite aux modifications imposées aux danseurs de Maurice Béjart, ainsi qu’à la condamnation de Marcel Khalifé). Libertés religieuses Le rapport de la FDHDH fait état d’attentats perpétrés contre des églises durant les trois derniers mois de l’année, ainsi que des incidents de Denniyé dont la prise d’otages chrétiens par des fondamentalistes. Ingérence dans la vie privée Bien que la loi pour régulariser les écoutes ait été votée, le sentiment général qui prévaut est que la pratique des écoutes reste très répandue. Ce type de violation n’est toutefois pas exclusif aux agents du gouvernement. Le Hezbollah aussi bien que les Syriens ont leurs propres réseaux de surveillance. De même que les Israéliens et les membres de l’ALS au Sud violent régulièrement le droit à la vie privée des habitants de la région qu’ils occupent. Arrestations politiques Les forces de sécurité n’ont pas renoncé aux arrestations arbitraires, une pratique bien courante sous les différents gouvernements. Dans la plupart des cas, les «activistes» sont sommés de signer un document dans lequel ils s’engagent à se retirer de la vie politique. Cependant, souligne le rapport, c’est la méthode adoptée qui a récemment changé, à savoir que les agents de sécurité ne détiennent plus les personnes arrêtées plus de deux heures (juste assez pour obtenir les effets d’intimidation requis), de peur que les organisations des droits de l’homme n’aient le temps de divulguer l’information et d’actionner les parties concernées. Des exceptions sont toutefois à noter, à savoir les arrestations de Salman Samaha (Forces libanaises) et Walid Achkar (Courant national libre) qui ont été emprisonnés durant trois jours chacun. Quant aux personnes détenues dans les prisons syriennes, elles seraient non moins de 200. Aucune information n’est disponible sur leur cas. Torture et conditions dans les prisons La torture ne serait pas étrangère aux forces de sécurité libanaises, y compris la police et les services de renseignements, affirme le rapport de la FDHDH. Les conditions des prisons sont lamentables et ne correspondent pas aux conditions requises internationalement, que ce soit sur le plan de l’hygiène ou de l’espace minimal nécessaire pour loger un certain nombre de prisonniers. (Le texte intégral du rapport peut être obtenu auprès du siège de la FDHDH aux numéros suivants : 04-922978 ou 03-296477).
«La situation globale des droits de l’homme au Liban peut être considérée comme “intermédiaire” d’après les standards internationaux», affirme le rapport récemment publié par la Fondation des droits de l’homme et des droits humanitaires (FDHDH-Liban), une association membre de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Ayant passé en revue...