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Actualités - CHRONOLOGIE

Diaspora - Vers une redéfinition des rapports des émigrés avec le Liban Le pouvoir cherche à ressouder l'ULCM

Il a fallu que la crise au sein de l’Union libanaise culturelle mondiale atteigne un point de non-retour, après que l’ULCM se soit scindée en deux, pour que le Liban officiel et populaire réalise les retombées d’une éventuelle marginalisation, voire d’un éclatement définitif de cette association représentant la diaspora libanaise. Dès le début du nouveau mandat présidentiel, le chef de l’État, le président Émile Lahoud et le Premier ministre Sélim Hoss se sont tous deux montrés très sensibles à cette question (voir « L’Orient-Le Jour » du lundi 13 et du samedi 25 décembre 1999). Peu de temps après la prise en charge par le général Lahoud de ses nouvelles fonctions, une commission officielle ad-hoc a été formée pour présenter un plan de sauvetage de l’ULCM. Présidée par le chef du gouvernement lui-même, secondé par M. Fouad Turk, ancien secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, cette commission regroupe plusieurs conseillers représentant la présidence de la République et les différents ministères concernés par ce dossier (Affaires étrangères et Émigrés). Les propositions retenues par la commission, dont le rapport a été remis aux autorités le mercredi 29 septembre dernier, dépassent le strict problème de l’«Union». Elles posent l’ensemble du problème de l’émigration libanaise (M.Turk que nous avons rencontré préfère utiliser le terme arabe «intichar», l’équivalent français le plus proche étant «déploiement», naturellement sans la connotation militaire que ce terme sous-entend ). La commission ad hoc a voulu aborder (et redéfinir) sur ce plan la question de la relation de la diaspora avec la mère patrie. Cette relation a toujours évolué en dents de scie en fonction du dynamisme et de l’envergure des présidents qui se sont succédé à la tête de l’ULCM depuis 1964. Depuis l’élection de Georges Traboulsi comme premier président de l’Union, en 1964, douze autres présidents lui ont succédé à ce poste de la façon la plus démocratique. Selon certaines sources, les problèmes ont commencé à apparaître lorsque le 12e président de l’ULCM, Nicolas Khoury, s’est arrogé le droit de proroger son mandat initial de 1985 à 1991. Entre-temps, Nicolas Khoury avait été nommé ministre d’État, ce qui en principe aurait dû faciliter la recherche d’une solution d’autant que la personne chargée de ce dossier n’était autre que son collègue, le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz. Plus d’une partie avait espéré que les deux hommes, évoluant au sein de la même équipe gouvernementale, allaient pouvoir trouver une issue à cette crise, (factice à plus d’un titre). C’était mal connaître les gens et les raisons profondes qui dictent parfois les décisions les plus surprenantes. N’ayant pas réussi à convaincre son collègue Nicolas Khoury de convoquer un congrès mondial extraordinaire qui se chargerait de désigner un nouveau président de l’ULCM, le ministre Boueiz prit l’initiative de convoquer une telle réunion à l’issue de laquelle il fut décidé de mettre fin à la présidence de Nicolas Khoury et de nommer à ce poste Ali As-Sabbah, chargé alors de préparer la tenue du 10e congrès ordinaire. Il devait se faire aider dans sa mission par Sami Khoury, ancien président de l’«Union». Parallèlement, une autre réunion s’est tenue à Washington et M. Ibrahim Mlaïss fut chargé d’une mission similaire à celle confiée à la commission de Beyrouth. Les deux commissions ne s’étant toutefois pas acquittées de leur mission, une troisième réunion regroupant les deux équipes s’est tenue à Miami le 25 janvier 1992. Les participants à cette rencontre ont convenu de convoquer un congrès mondial à Mexico sous la présidence de Anouar Khoury pour l’élection d’un nouveau comité directeur. Il a été décidé aussi de tenir un autre congrès mondial à Beyrouth du 18 au 20 mars 1993. Les mauvaises surprises se multiplient La réunion de Mexico s’est tenue à la date prévue et Anouar Khoury a été élu président de l’ULCM, le 13e dans l’histoire de l’organisation. Le nouveau président arriva au Liban fier de la mission qu’il espérait mener à bien. Mais alors qu’il se trouvait dans le bureau du ministre des Affaires étrangères, une nouvelle peu réjouissante lui parvint : l’ancien président de l’Union par intérim Ali as-Sabbah, dont la mission s’était achevée avec l’élection de Anouar Khoury à la présidence de l’ULCM, avait nommé Mansour Azar, secrétaire général de l’Union. La réplique ne s’est pas fait attendre : M. Joseph Younès fut nommé secrétaire général à son tour. Et depuis, la dualité s’est installée au sein de l’organisation. Actuellement, tout le monde continue de s’interroger sur les causes de cette crise que rien ne prévoyait et surtout que rien ne justifiait. Le congrès de 1994 Le congrès de l’ULCM qui s’est tenu en 1994 à Sao Paulo a abouti à la formation d’un conseil présidentiel composé comme suit : M. Négib Zahr pour l’Afrique avec comme suppléant Mohsen Houjeij ; Carlos Abraham pour l’Amérique latine et les Caraïbes avec comme suppléant Alexandre al-Adm; Nagi Naïm pour l’Amérique du Nord et le Canada avec comme son suppléant Ibrahim Saad ; Louis Moussa pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande avec comme suppléant Antony Tarabay ; Georges Antoine pour le Brésil avec comme suppléant Élie Hakmi ; et Camille Tawil pour l’Europe. Afin d’assurer l’ordre de préséance pour la présidence tournante, les congressistes ont procédé à un tirage au sort qui a donné l’avantage au Brésil, suivi successivement de l’Amérique du Nord, de l’Europe, de l’Australie, de l’Afrique et de l’Amérique latine. Au moment de prendre ses fonctions le délégué brésilien Georges Antoine a demandé aux congressistes de lui accorder une dérogation, l’autorisant à garder la présidence pendant deux ans en raison de l’ampleur de la tâche qu’il ne pourrait accomplir dans le délai réglementaire. Les congressistes ont accordé satisfaction au nouveau président de l’Union, le 14e à être élu à ce poste. Mal leur en prit. En effet, à l’issue de son mandat, M.Georges Antoine a refusé de passer la main à son successeur légal, le représentant de l’Amérique du Nord, M.Naji Naïm. Ce dernier entreprit alors un coup de force et convoqua l’ULCM à un congrès à Los Angeles du 4 au 6 avril 1997 et se fit élire président de l’organisation. La dualité déjà en place du fait de la présence de deux secrétaires généraux s’est ainsi accentuée, cette fois-ci en raison de la présence de deux présidents. Le dernier acte dans cette série de maladresses qui a abouti à la paralysie de l’institution fut le congrès organisé entre les 9 et 11 janvier 1998, en collaboration avec le ministère des Émigrés, par Georges Antoine et Joseph Francis (le secrétaire général nommé par M. Antoine). Ce congrès s’est tenu en présence de personnalités pas du tout au fait de l’histoire de l’ULCM. Tentative de sauvetage Une dernière tentative pour remettre de l’ordre dans la maison a été entreprise avec la formation d’un conseil supérieur présidé par M. Farid Matar, ancien président de l’Union, et comprenant MM. Fouad Turk et Badawi Abou-Dib, respectivement ancien secrétaire général des Affaires étrangères et ancien secrétaire général de l’ULCM. ainsi que MM. Charles Loutfi, secrétaire général de la Fédération des clubs libanais au Brésil, Joseph Younés, représentant Nagi Naïm, et Georges Jeha, représentant Georges Antoine. L’action de cette commission, qui s’est réunie à deux reprises seulement au Liban, est totalement gelée. M. Joseph Younés se trouve au Libéria depuis juillet 1997 et M. Matar – qui s’est déclaré, à la surprise générale, démissionnaire peu de temps après la formation de cette commission – a regagné le Venezuela pour suivre ses affaires personnelles. Au stade actuel, une proposition semble faire son chemin : retourner à la case «départ». Les autorités libanaises prendraient ainsi l’initiative de nommer une commission ad hoc qui se chargerait de convoquer un congrès fondateur. Cette proposition a l’avantage certain de faire assumer à toutes les parties leurs responsabilités, notamment vis-à-vis des autorités libanaises que nul ne pourrait accuser de favoritisme. Il est certain que le sort de l’ULCM, seul lien avec les descendants des émigrés libanais, intéresse l’ensemble du pays. Le rôle qu’elle peut jouer en faveur de la cause libanaise est reconnu par toutes les parties, d’autant plus qu’elle a déjà fait ses preuves par le passé en organisant non seulement des congrès continentaux ou mondiaux, mais aussi des congrès sectoriels comme ceux tenus par les avocats, les hommes d’affaires, les médecins, les ingénieurs, les journalistes et surtout les jeunes qui, depuis leur premier congrès de 1971, ont récidivé en tenant une série de rencontres à Montevidéo, Saint-Domingue, Mexico, Buenos Aires, Bogota et Santiago de Chili. Les succès enregistrés par ces différentes rencontres apportent la preuve que les manœuvres politiciennes peuvent être neutralisées permettant ainsi à l’ULCM de donner la meilleure image possible du Liban.
Il a fallu que la crise au sein de l’Union libanaise culturelle mondiale atteigne un point de non-retour, après que l’ULCM se soit scindée en deux, pour que le Liban officiel et populaire réalise les retombées d’une éventuelle marginalisation, voire d’un éclatement définitif de cette association représentant la diaspora libanaise. Dès le début du nouveau mandat...