Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Budget - Le débat pourrait s'étirer au Parlement L'économie du pays se trouve à un tournant

Le président de la commission parlementaire des Finances, M. Khalil Hraoui, indique que cette instance devra en avoir terminé avec l’examen du projet de budget 2000 dans une petite semaine. La Chambre devrait ensuite en connaître, dans le courant de ce même mois. Selon l’article 32 de la Constitution, quand le budget est en chantier, l’Assemblée doit s’y consacrer entièrement et ne rien faire d’autre. Mais pourra-t-elle expédier le projet avant fin janvier, et la session extraordinaire ouverte à cet effet ne risque-t-elle pas de s’étaler jusqu’à la session ordinaire de la mi-mars ? En d’autres termes, le débat sur le budget pourrait tourner à l’empoignade politique généralisée. En effet, nombre de députés semblent affûter leurs armes, pour polémiquer à perte de vue avec le gouvernement. Ils comptent l’accrocher sur des sujets qui n’ont rien à voir avec la question financière ou avec l’économie, comme les négociations de paix ou la sécurité intérieure, ébranlée par les derniers événements. Sur le plan des chiffres mêmes, les parlementaires ne devraient pas avoir beaucoup de questions à poser au ministre des Finances, M. Georges Corm, qui s’est longuement expliqué à plusieurs reprises devant les commissions comme à l’adresse de l’opinion, via les médias. En revanche, les opposants sont résolus à passer sévèrement au crible les stratégies gouvernementales économiques et fiscales qui, à leur avis, causent du tort au pays et au Trésor plutôt que de leur rapporter. Pour sa part, M. Adnan Kassar, président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture, reste confiant. Il estime, en substance, que «le pouvoir est résolu à poursuivre les efforts de reconstruction et d’amélioration des structures économiques. La réalisation de la paix, ajoute-t-il, va sans doute stimuler l’essor de ce pays pour qu’il recouvre sa position prédominante dans l’économie régionale. De même, poursuit M. Kassar, nous devrions retrouver la croissance à l’ombre de sages politiques financières adoptées en fonction des changements locaux, régionaux et internationaux. Il faut soutenir les secteurs de production, encourager l’investissement par des législations susceptibles d’attirer les capitaux arabes ou internationaux. Les pressions de subsistance sur les classes de la société à revenu limité se font considérables. Le relèvement du niveau de vie est lié à l’amélioration de la situation économique, à la création d’emplois et à la promotion du revenu national», conclut le président de la CCIA. Les responsables Le ministre de l’Économie et du Commerce, M. Nasser Saïdi, pense pour sa part que le Liban a de bonnes chances, à l’ombre de la paix régionale, de devenir un pays très sûr et très stable, ce qui favoriserait les investissements, la croissance et l’essor économique. Il insiste : la paix devrait provoquer un fort afflux de capitaux et aussi une amélioration de la qualité même des investissements. À son avis, le nouvel ordre à venir devrait susciter un climat de compétition économique régionale, ce qui imposerait l’adoption de méthodes de travail différentes, marquées par la haute technologie, la compétence alliée à la vitesse d’exécution. Le ministre des Finances, M. Georges Corm, voit pour sa part dans la paix un défi nécessitant la transformation de la productivité de la société libanaise qui doit affermir ses capacités à résister aux pressions de la mondialisation. Ancien ministre, le député Chawki Fakhoury réclame de son côté du sérieux, c’est-à-dire l’élaboration d’un plan économique pour bien préparer le pays à la phase compétitive de la paix. Effort d’autant plus nécessaire, relève-t-il, qu’Israël dispose d’un haut niveau technologique et de fortes possibilités de production économique. L’ancien bras droit du président Hraoui ajoute en substance que «les défis vont être nettement plus difficiles. Le Liban risque en effet d’être la cible des visées d’un puissant bloc économique qui noyauterait son économie en profondeur, par la création d’un marché régional proche se substituant au marché européen. Les gouvernements précédents avaient donné la priorité à l’infrastructure et à la reconstruction. Il faut maintenant songer à transposer cette priorité au volet économique, en mettant sur pied un comité d’urgence regroupant des responsables officiels et des cadres du secteur privé». Le fisc dans le collimateur Par ailleurs, plusieurs experts critiquent la politique d’augmentations fiscales adoptée par le gouvernement actuel. À leur avis une telle orientation est inopportune quand un pays subit une situation de marasme économique, car elle pose des barrières supplémentaires à l’activité économique, nuit à l’importation, à la consommation (facteur de croissance), au commerce et aggrave la cherté. Ces experts affirment que les rentrées supplémentaires réalisées par l’État au niveau de l’impôt sur le revenu sont gommées en fait par la hausse incidente des dépenses publiques, ce qui fait que le déficit budgétaire s’en trouve en réalité accru. Signalons une controverse mineure qui met aux prises des spécialistes, au sujet de la baisse des taux d’intérêt. Certains pensent en effet qu’elle influe sur la livre sans atteindre les objectifs recherchés, c’est-à-dire sans encourager les investissements productifs et l’afflux des capitaux, qui ont surtout besoin de stabilité politique et sécuritaire. Mais d’autres, plus nombreux, répondent que la baisse des taux d’intérêt allège beaucoup le service de la dette publique (quelque 290 milliards de LL économisés en un an), tout en favorisant les investissements de production au lieu des placements financiers des capitaux. Le rapport 1999 du Pnud (Programme des Nations Unies pour le développement) relève que le taux de croissance n’a cessé de baisser au Liban en 97 et 98. Il attribue cette régression au ralentissement de l’activité économique, à l’aggravation du déficit budgétaire et de l’endettement public, ce qui affecte à la baisse le volume de l’investissement privé. Le texte souligne aussi que l’investissement public a lui aussi baissé, à cause de la politique d’austérité adoptée par le gouvernement. Le Pnud juge que le Liban a atteint un palier de stagnation certaine au cours du premier quart de l’année 1999. Cela à son avis à cause notamment de la régression des moyennes de demande réelle, de consommation et d’investissement, le tout assorti de l’affaiblissement des principaux secteurs de production. Le Pnud conseille de promouvoir le secteur privé. Il estime que la fusion des économies arabes dans l’économie mondiale peut être un facteur positif pour le Liban, en raison des liens entre son économie et les économies régionales. En conclusion, le Pnud se dit toutefois confiant dans l’avenir économique du Liban, à cause des avantages spécifiques dont il peut disposer et qu’il faut cultiver.
Le président de la commission parlementaire des Finances, M. Khalil Hraoui, indique que cette instance devra en avoir terminé avec l’examen du projet de budget 2000 dans une petite semaine. La Chambre devrait ensuite en connaître, dans le courant de ce même mois. Selon l’article 32 de la Constitution, quand le budget est en chantier, l’Assemblée doit s’y consacrer...