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Actualités - REPORTAGES

Déstabilisation - L'assaillant de l'ambassade russe abattu par les FSI Mazraa, comme aux heures sombres de la guerre (photos)

Au milieu de la matinée et en pleine corniche de Mazraa, les commerçants du quartier ont entamé hier leur première journée du millénaire sur fond de combats et de bruits stridents de roquettes et de mitraillettes. Alors qu’une véritable bataille de rues se déroulait en pleine journée sous leurs yeux, les habitants de ce secteur de la capitale ont vu renaître les vieux démons de la guerre. L’accrochage, qui a fait suite à une attaque à la roquette menée par un fondamentaliste protéchétchène contre l’ambassade russe, s’est soldé par la mort de l’extrémiste, d’un motard, et par sept blessés parmi les forces de l’ordre. Un incident qui laisse planer plusieurs interrogations sur le mobile et la cible réelle de l’agresseur. Lancé par un Palestinien du camp de Aïn el-Heloué, l’assaut s’est avéré être par la suite une attaque-suicide. L’homme, du nom de Ahmed Raja Abou Kharroub, a été tué au bout d’une heure et demie de combats avec les forces de l’ordre, qui ont retrouvé dans sa poche un communiqué dans lequel il exprimait sa volonté de «mourir en martyr pour Grozny», a-t-on indiqué, selon les premiers éléments de l’enquête. La police a précisé de son côté que le tireur, embusqué dans un immeuble à une vingtaine de mètres de l’ambassade russe, a tiré plusieurs roquettes antichars dont deux en direction de la caserne Hélou, située de l’autre côté de la rue. Un autre projectile s’est abattu sur l’artère, tuant un agent de la circulation, Jihad Khalil. C’est un combat en bonne et due forme qui s’est alors déclenché entre les forces de l’ordre dépêchées sur les lieux en un rien de temps et l’assaillant. À la suite d’un violent accrochage, les agents ont pris d’assaut l’immeuble où s’était réfugié l’intégriste avant de parvenir à le tuer. Une famille en otage D’après les témoignages recueillis auprès des curieux qui ont suivi le déroulement de l’opération, l’assaillant s’était faufilé dans une appartement situé au cinquième étage de l’immeuble situé en face de l’ambassade de Russie. Ayant pris en otages les membres de la famille présents sur les lieux, l’homme les aurait ensuite enfermés dans la salle de bain avant de lancer son opération. Abou Kharroub aurait annoncé aux otages qu’il «lutterait jusqu’à ce que mort s’ensuive, jusqu’à ce qu’il soit tué par les forces de l’ordre» afin qu’il soit considéré comme un martyr, aurait-il dit. Il leur aurait également confié au bout d’un certain temps qu’il «était chagriné à l’idée qu’il n’avait tué aucun Russe». Le Palestinien portait un bandana avec l’inscription Allahou Akbar (Dieu est le plus grand) et portait sur lui un exemplaire du Coran. «Le terroriste s’est mis à tirer comme un fou, dans tous les sens», affirme Samer Maroun, visant tantôt le bâtiment de l’ambassade, tantôt la caserne des FSI. «Une véritable atmosphère de guerre n’a pas tardé à régner dans tout le quartier, nous ramenant plusieurs années en arrière», affirment les parents de Samer, propriétaires de la pâtisserie La Gondole, située en plein champ de bataille. Le sifflement des balles, les explosions des roquettes et des grenades à main étaient ponctués par les cris des gens paniqués qui couraient dans toutes les directions et par les porte-voix des FSI enjoignant aux piétons de se mettre à l’abri. Les magasins, nombreux dans ce secteur de la ville, ont immédiatement baissé leurs rideaux de fer pour aller s’abriter à l’arrière de leurs locaux. Retranchés dans un café, au bas de l’immeuble, plusieurs personnes dans la force de l’âge ont repris, une heure à peine après que le calme soit revenu, leur jeu de cartes et leur narguilé . Des «excuses»… Vraisemblablement exaspérés par l’afflux de journalistes qui les avaient pris d’assaut, l’un d’entre eux lance laconiquement qu’il n’a rien vu, pour changer d’avis aussitôt après et livrer quelques informations sur l’interrogatoire des personnes séquestrées, qui avait eu lieu en sa présence. L’un des otages avait affirmé, raconte le témoin, que l’agresseur s’était «excusé» auprès d’eux, avant d’appeler ses proches au Liban-Sud pour leur annoncer qu’il s’offrait en martyr pour la Tchétchénie . Les forces de l’ordre ont pour leur part strictement interdit aux journalistes de rencontrer les personnes qu’avaient été séquestrées, encore sous le coup du choc. Criblée de balles, l’entrée de l’appartement d’où avait été lancée l’attaque était farouchement gardée par les FSI. Côté russe, c’est la confusion la plus totale. Interrogé par la chaîne américaine CNN sur le véritable mobile de l’assaillant et les liens éventuels qu’un tel acte pourrait avoir avec la question tchétchène, le chargé d’affaires russe semblait plutôt perplexe et affirmait que lui-même et ses collègues en étaient encore à chercher une explication plausible à l’incident. Toujours est-il que par-delà les faits bruts, les symboles religieux et les slogans politiques brandis, aussi que les timides tentatives d’interprétation de cet incident, une peur profonde s’est emparée des Beyrouthins. Entre les affrontements de Denniyé, les incidents de Aïn el-Heloué et l’attaque surprise contre l’ambassade russe, les Libanais ne peuvent qu’être tentés d’établir un lien avec les pourparlers de paix, un lien auquel personne n’est prêt, en ce début de millénaire, à croire.
Au milieu de la matinée et en pleine corniche de Mazraa, les commerçants du quartier ont entamé hier leur première journée du millénaire sur fond de combats et de bruits stridents de roquettes et de mitraillettes. Alors qu’une véritable bataille de rues se déroulait en pleine journée sous leurs yeux, les habitants de ce secteur de la capitale ont vu renaître les vieux...