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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE Ce n’est plus une affaire de grands-mères Le « quilt », célèbre au musée et pratiqué par les jeunes

 WASHINGTON-Irène MOSALLI «Tire, tire, tire l’aiguille ma fille…», n’est plus un refrain désuet. En l’an 2000, la gent féminine américaine a retrouvé le plaisir de coudre et plus particulièrement le plaisir de l’art de «quilter» (ou patchwork). Une manière d’exercer leur créativité et de déstresser. Autrement dit, cette activité a cessé d’être l’apanage des grands-mères en train de faire toutes sortes de points, installées sur une chaise à bascule, lunettes sur le nez. Cette image à la Rockwell a été remplacée par celle de jeunes femmes à l’allure dans le vent s’initiant à cette discipline dans un cours spécialisé ou réunies à domicile, travaillant ensemble et bavardant de tout et de rien. Ce regain de ferveur pour ce genre de travail manuel a été sans doute initié par le spectaculaire patchwork honorant les personnes victimes du Sida. Rappelons que cet ouvrage (qui mesure aujourd’hui environ 77 000 m2) est formé de pièces, destinées chacune à la mémoire d’une personne ayant succombé des suites de la maladie. Il y a aussi le fait de trouver un centre de convivialité et de détente. Selon le Quilter’s Newsletter Magazine, 12 millions de foyers américains génèrent l’industrie du patchwork dont le chiffre d’affaires est estimé à 1,2 milliard. Le patchwork né en 3 400 av. J-C On fait remonter le patchwork à l’an 3 400 av. J-C. Il avait été utilisé par les Égyptiens pour confectionner des vêtements destinés à être portés sous les armures. Quant au premier couvre-lit de ce style, c’est en Sicile qu’il avait fait son apparition à la fin du XIVe siècle. Aux États-Unis, il est l’œuvre des pionniers qui lui ont donné sa caractéristique américaine : le capitonnage. Aux XVIIIe et XIXe siècles, il se pratiquait collectivement. Pour les femmes qui étaient attelées par groupe à un même ouvrage, cela était l’occasion d’échanger des idées et des informations. Aujourd’hui, la technologie a facilité quelque peu la réalisation d’un patchwork. Les machines à coudre informatisées et les types de fils et de matériaux rendent la tâche moins ardue. C’est pour cela aussi que les jeunes n’hésitent plus à s’y essayer. Sans compter que le «quilting» s’est taillé une place au soleil sur l’Internet où sont proposés de multiples sites. Comptant actuellement comme l’un des plus grands hobbies féminins, le patchwork reste un art que cultivent des talents chevronnés qui ont leur place dans les grands musées. C’est ainsi que la Renwick Gallery, relevant du Smithonian, donne à voir en ce moment, deux expositions, l’une intitulée «Spirit of the Cloth» et l’autre «Amish Quilts». La première rassemble 50 œuvres portant la signature d’artistes afro-américains qui ont fait de ce média l’expression de leur identité et de leurs aspirations. Ils sont sortis des sentiers battus et ont utilisé des matériaux propres au continent africain. Leurs compositions, dominées soit par le symbole soit par des formes abstraites, contiennent toutes des messages, souvent résumés en quelques mots brodés sur le tissu. La seconde exposition, «Amish Quilts», c’est le patchwork dans sa forme traditionnelle (à la fois décorative et fonctionnelle), illustrée par des créations réalisées dans l’État du Ohio entre 1880 et 1940. On connaît l’austérité dans laquelle vit, jusqu’à présent, la communauté des Amish qui rejettent les acquis du progrès (dont l’électricité, les matières synthétiques, etc). Leurs «quilts» dévoilent un aspect de leur caractère peu connu : leur palette de couleurs, des plus vibrantes et des plus enjouées, et ils ont de l’espace une vision originale et dynamique. Leurs assemblages ont souvent une ressemblance avec les peintures de Vasarely. Dans un cas comme dans l’autre, jouer si savamment avec des restes de tissu ne peut que relever de la pure esthétique.
 WASHINGTON-Irène MOSALLI «Tire, tire, tire l’aiguille ma fille…», n’est plus un refrain désuet. En l’an 2000, la gent féminine américaine a retrouvé le plaisir de coudre et plus particulièrement le plaisir de l’art de «quilter» (ou patchwork). Une manière d’exercer leur créativité et de déstresser. Autrement dit, cette activité a cessé d’être...