Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Côte d’Ivoire - 155 tués, bilan des violences, selon les partisans de Ouattara Les forces de l’ordre montrées du doigt

De nombreux témoignages mettaient en cause hier les forces de l’ordre après les violences politiques et ethno-religieuses de la semaine dernière en Côte d’Ivoire, alors que le pays retrouvait une vie normale. Selon les partisans de l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, la répression des manifestations de la fin de la semaine pour demander un nouveau scrutin présidentiel s’est transformée en une véritable «chasse» aux musulmans et aux gens du Nord, dont M. Ouattara est originaire. 155 personnes ont été tuées, selon le Rassemblement des républicains (RDR), tandis qu’hier, 475 personnes étaient venues se faire soigner dans un centre de soins de fortune installé par la Croix-Rouge devant le domicile abidjanais de M. Ouattara. Nombre de ces blessés ont affirmé avoir subi des sévices dans des camps de gendarmerie ou de police après leur interpellation. Baba, 33 ans, arrêté par des policiers jeudi à Yopougon, raconte avoir été transféré le lendemain à l’école de police. «Il y avait au moins 300 personnes raflées là-bas. Ils nous ont frappés, on nous a torturés. Quand ils frappaient les gens, ils nous disaient de regarder à terre pour qu’on ne voie pas ce qu’ils faisaient». «Les policiers avaient la liste de nos noms. Ils ont fait des groupes de 25 et nous ont dit que toutes les heures ils prendraient un groupe et qu’ils nous tueraient». «Un premier groupe est parti vers 19 heures. Il y avait beaucoup d’étrangers parmi eux. On les a pas revus», raconte Baba, le visage encore tuméfié, qui dit avoir été sauvé grâce à un policier que connaît sa sœur. Il n’était pas immédiatement possible d’obtenir une réaction du ministère de l’Intérieur sur ces témoignages. Le gouvernement du nouveau président Laurent Gbagbo a promis en fin de semaine dernière une enquête «sans impunité» après la découverte d’un charnier de 57 corps près d’Abidjan. Le RDR, qui a demandé une commission d’enquête internationale, et un homme affirmant avoir survécu à ce massacre ont mis directement en cause des éléments de la gendarmerie pour ce carnage. Le ministre de la Défense, Moïse Lida Kouassi, avait souligné dimanche que les nouvelles autorités ivoiriennes, qui souhaitent «se blanchir», accepteraient une telle commission. Lundi, les activités économiques ont repris à travers le pays, après une semaine de paralysie due aux troubles qui ont suivi l’élection présidentielle du 22 octobre et au soulèvement qui a chassé du pouvoir le chef de la junte, le général Robert Gueï, qui s’était proclamé vainqueur. À Abidjan, banques, magasins et services ont rouvert et les embouteillages ont fait leur réapparition. Pendant le week-end, les débris des barricades érigées à travers la ville ont été déblayés. À l’extérieur du pays, des voix se sont élevées pour demander la reprise de la présidentielle, avec la participation de tous les candidats déclarés. M. Ouattara et tous les candidats de l’ex-parti au pouvoir avaient vu leurs candidatures invalidées par la Cour suprême. Les présidents sud-africain Thabo Mbeki et nigérian Olusegun Obasanjo ont lancé lundi un appel en ce sens et pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. Les États-Unis, l’Onu et l’Organisation de l’unité africaine (OUA) avaient également demandé un nouveau scrutin présidentiel, ce que M. Gbagbo a exclu. Depuis, Washington a indiqué, le 27 octobre, son intention de «travailler avec» le président Gbagbo. Pour sa part, le président togolais Gnassingbé Eyadéma, président en exercice de l’OUA, a déclaré le 28 octobre que si le gouvernement formé par le président Gbagbo «convient aux Ivoiriens», il faut «les accompagner». Le RDR a refusé d’entrer au gouvernement comme le lui avait proposé M. Gbagbo, du moins dans l’immédiat. Mais les partisans de M. Ouattara, tout en réclamant un nouvelle présidentielle, ont annoncé leur intention de participer aux législatives du 10 décembre et envisagent ensuite d’entrer au gouvernement. Attitude qui ressemble à une reconnaissance de facto de M. Gbagbo.
De nombreux témoignages mettaient en cause hier les forces de l’ordre après les violences politiques et ethno-religieuses de la semaine dernière en Côte d’Ivoire, alors que le pays retrouvait une vie normale. Selon les partisans de l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, la répression des manifestations de la fin de la semaine pour demander un nouveau scrutin...