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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Deux leaders modérés pour un dialogue incertain

L’apparent triomphe d’Ibrahim Rugova aux municipales de samedi au Kosovo, un mois après l’arrivée au pouvoir de Vojislav Kostunica à Belgrade, semble confirmer un retour à la modération dans les Balkans, sans pour autant ouvrir une claire perspective de règlement définitif de la question kosovare. Pacifiste, homme de dialogue, Ibrahim Rugova paraît a priori plus à même d’engager le dialogue avec Belgrade que son jeune rival Hashim Thaçi, issu de l’ancienne Armée de libération du Kosovo (UCK). Mais il pourrait être tenté de tenir une position très ferme sur l’indépendance de la province et vis-à-vis de Belgrade, pour ne pas décevoir une opinion publique qui y est massivement favorable, estiment les diplomates occidentaux. Son attitude jugée ambiguë pendant les bombardements de l’Otan sur la Yougoslavie pourrait aussi l’inciter à adopter une position dure, pour se prémunir de toute accusation de mollesse vis-à-vis de Belgrade, ajoutent-ils. En annonçant dimanche la victoire de son parti, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), Ibrahim Rugova s’est bien gardé de tout geste d’ouverture en direction du nouveau président yougoslave. Il a indiqué qu’il était «trop tôt pour dire» s’il était prêt à rencontrer Vojislav Kostunica, et a insisté sur le sort des 950 prisonniers albanais du Kosovo détenus dans les geôles yougoslaves. Il a aussi martelé la revendication des Albanais du Kosovo. «Je demande à Paris, Londres, Berlin et Washington de reconnaître l’indépendance du Kosovo cela ira plus vite», a-t-il lancé à l’adresse des Occidentaux. Selon lui, la résolution 1244 de l’Onu n’est qu’un «document provisoire», «un compromis qui a permis de mettre fin à la guerre». Cette résolution régit la province en lui accordant une «autonomie substantielle», tout en la maintenant officiellement dans les frontières yougoslaves. Vojislav Kostunica, de son côté, a indiqué que «la Yougoslavie ne peut pas reconnaître les résultats» des élections au Kosovo et a appelé «à la pleine application de la résolution 1244», de plus en plus rejetée par les Albanais de la province. Le scrutin «contribue à légaliser une société mono-ethnique qui a commencé à se créer après le départ du Kosovo des Serbes et des autres communautés non albanaises», a estimé le président yougoslave, en rappelant que les quelque 100 000 Serbes du Kosovo ont boycotté les élections. Selon des diplomates occidentaux, s’il a gagné une nouvelle légitimité par ces élections, Ibrahim Rugova reste marqué par l’épisode de la poignée de main donnée à Slobodan Milosevic pendant les bombardements alliés sur la Yougoslavie, en avril 1999. «Ce geste peut rendre suspecte toute concession à Belgrade et inciter Rugova à garder une attitude dure», confie un observateur international, soulignant que les positions des grands partis sont quasiment identiques sur la question de la souveraineté de la province. Ibrahim Rugova ne s’est jamais clairement expliqué sur ce geste, tout en laissant entendre qu’il avait agi sous la contrainte. Une autre question se pose, celle des relations entre Ibrahim Rugova et les Occidentaux. S’il a conservé de bonnes relations avec plusieurs pays européens, l’action du leader modéré ne semblait plus entrer dans la stratégie des États-Unis dans les Balkans. Le département d’Etat américain avait fait le pari, depuis les négociations de paix entre Serbes et Albanais à Rambouillet (France) en février 1999, de soutenir, voire même de «chouchouter» le jeune et bouillant Hashim Thaçi. Un choix qui se révèle aujourd’hui fort peu judicieux.
L’apparent triomphe d’Ibrahim Rugova aux municipales de samedi au Kosovo, un mois après l’arrivée au pouvoir de Vojislav Kostunica à Belgrade, semble confirmer un retour à la modération dans les Balkans, sans pour autant ouvrir une claire perspective de règlement définitif de la question kosovare. Pacifiste, homme de dialogue, Ibrahim Rugova paraît a priori plus à même...