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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - À l’église de l’Université Saint-Joseph Impressions et gravité romantiques de l’Orchestre symphonique mational libanais

Belle initiative de l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Walid Gholmieh, que de présenter un des premiers concerts de la saison à l’église de l’Université Saint-Joseph - Achrafieh. Une église archipleine pour un concert unique. Souverain écrin pour un somptueux programme où, sous les voûtes et les nefs éclairées, ont résonné les partitions de Mendelssohn, Schubert et Brahms. Ouverture qui mérite toute l’attention de l’auditoire : une symphonie inachevée avec, en fait, une œuvre absolument accomplie et un double concerto pour violon et violoncelle d’un romantisme échevelé. Les grands accords d’une œuvre majeure – et bien injustement méconnue – Les Hébrides de Mendelssohn marquant les premières mesures de ce concert dégageant avec un délicieux pittoresque sonore les impressions de voyage (notamment en Écosse) du plus «mondain» des musiciens qui confesse sans ambages être constamment dans «un bonheur parfait», reflet d’une narration aux éclats sereins et lumineux. Magnifique ouverture qui, sans être un poème symphonique, ne s’approche pas moins d’un certain esprit beethovenien surtout par la forme. «La groote de Fingal», située dans l’île Staffa de l’archipel des Hébrides surnommée la «grotte musicale», est à l’origine de cette inspiration. D’un pittoresque achevé, on retrouve là, à travers les chatoyances orchestrales, le flux et le reflux de l’eau, échos renvoyés par les rochers qui emprisonnent ce redoutable élément liquescent. Toute la vie de la mer, en perpétuel mouvement ou captive, est évoquée ici avec une sorte de grandeur et un certain sens du mystère. Deux motifs se rejoignent, l’un en si mineur et l’autre en ré majeur. Le premier concis et court entretient l’auditeur de la mer, et le second plus lyrique traduit les sentiments de crainte, d’admiration et d’un certain émoi du musicien. On enchaîne avec la Symphonie n° 8 écrite en octobre 1822, dite inachevée de Schubert. Et pourtant nulle œuvre n’est en fait aussi «achevée» que cette majestueuse narration oscillant entre effusion et retenue et bâtie autour de deux mouvements (allegro moderato et un andante con moto). Jamais jouée du vivant de l’auteur du Roi des Aulnes, cette œuvre de coupe classique débute sur un motif d’introduction mystérieux joué par les violoncelles et les contrebasses suivi du thème exposé par le hautbois et la clarinette. Puis le deuxième thème déroule ses courbes en douces et aimables harmonies par le biais des violoncelles. Sur un départ en pizziccatti des contrebasses, le second mouvement expose par les violons une première «idée» très courte pour être aussitôt développée. Le deuxième motif, chanté par une clarinette généreusement inspirée, est repris par le hautbois tandis que la flûte lui répond en écho… C’est encore elle, toujours sous les auspices d’un dieu Pan d’une intarissable et charmante faconde, qui clôt le premier thème repris avant la conclusion finale. En douceur, dans un souffle que rien ne saurait retenir… Après l’entracte, place à Brahms, ténébreux romantique. On l’écoute ici dans le double concerto pour violon et violoncelle en la mineur (trois mouvements : allegro, andante – vivace). Au violon Mihaila Vlad et au violoncelle Roman Storojenko. Si l’auteur des bouillonnantes Danses hongroises gomme ici toute trace de virtuosité pour les deux instruments cités, par contre il s’évertue à combler l’auditeur par des recherches sonores poussées. Deux thèmes assez opposés en tonalités et humeur servent de base au développement de l’allegro. L’andante, teinté de mélancolie avec une mélodie fuyante, est probablement une des plus belles pages de Brahms. Avec le final à nouveaux deux thèmes antithétiques; l’un éthéré, volatiles, presque d’une poésie diaphane tout en «spiritualité», et l’autre rythmé, présent, marqué par une certaine gravité. Salve d’applaudissements d’un public ravi et encore tout émerveillé des images sonores d’une grotte aux eaux mystérieuses, des propos schubertiens pleins d’élégants et délicieux paradoxes et de la voix d’un Brahms à pleine méditation romantique. Un bis généreusement honoré par un morceau de Tchaïkovski. Edgar DAVIDIAN
Belle initiative de l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Walid Gholmieh, que de présenter un des premiers concerts de la saison à l’église de l’Université Saint-Joseph - Achrafieh. Une église archipleine pour un concert unique. Souverain écrin pour un somptueux programme où, sous les voûtes et les nefs éclairées, ont résonné les...