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Actualités - BIOGRAPHIE

PORTRAIT - Encourager les investissements pour résoudre la crise économique Nabil de Freige : Le rôle du député est d’améliorer le quotidien du citoyen

Le 3 septembre, Nabil de Freige a été élu député de Beyrouth des minorités, sur la liste de la Dignité de M. Rafic Hariri. Père de famille moderne, amateur de musique pop, francophone jusqu’au bout des ongles, il n’en reste pas moins un Libanais, très engagé. Engagé dans la lutte pour un Liban meilleur, pour la restauration de la confiance et l’encouragement des investissements, pour la création d’emplois et la lutte contre l’émigration, mais aussi pour que les droits de chaque citoyen soient respectés, des droits d’expression aux droits les plus simples de la vie quotidienne. L’œil clair, le visage poupon, la parole facile, Nabil de Freige appartient, à 45 ans, à la jeune génération de députés récemment élus au Parlement. Pantalon de flanelle grise et veste marine, une élégance qui sied bien à cet ancien élève des pères jésuites, pourtant adepte de tenues plus confortables, selon ses dires. Car le nouveau député de Beyrouth est un grand amateur de chevaux arabes, passion qu’il a héritée de son père, l’ancien député, Moussa de Freige. Après des études de commerce à Paris, Nabil de Freige réintègre le bercail durant les années de guerre, évoluant entre la vie citadine d’Achrafieh, les plaines de la Békaa et Baalbeck, où son père gérait des domaines agricoles et pratiquait l’élevage des chevaux arabes. «Mes continuels déplacements d’une zone à l’autre et le fait que ma famille est restée durant la guerre dans une région pourtant hostile à l’Est chrétien m’ont beaucoup appris sur le plan des relations personnelles avec les gens», explique-t-il. Et s’il a été élu au siège des minorités de Beyrouth, il est conscient de représenter chaque Libanais au Parlement. Car, dit-il, «j’ai l’avantage de connaître à fond les problèmes des agriculteurs de la Békaa et de toute la région, vu que je travaille dans ce domaine». En effet, Nabil de Freige ne tarit pas sur le malaise de l’agriculture libanaise, l’absence d’une politique agricole efficace, la surproduction dans certains secteurs, la cherté des coûts de production et donc des produits, les subventions mal placées de l’État, la concurrence, à l’heure où les agriculteurs n’arrivent plus à écouler leur marchandise, alors que l’échéance de 2007 de l’application des accords du GATT n’est pas loin. Résoudre la crise économique Alors, quand on lui demande quelles sont ses priorités, ses objectifs premiers, il répond : «Il n’y a pas de priorité première. Tout est prioritaire car tous les secteurs vont mal, à cause de la crise économique». Et d’énumérer les problèmes des entreprises qui effectuent des compressions de personnel, des gens qui se retrouvent au chômage par manque de travail, des scolarités impayées, de l’émigration… »Une crise qui ne peut être résolue, selon M. de Freige, que dans la création d’emplois, consécutive à la restauration de la confiance des citoyens dans le pays, et l’encouragement des investissements». Cet encouragement, estime-t-il, devrait se traduire, de la part du gouvernement, par des aides aux secteurs productifs de l’industrie, de l’agriculture et du tourisme ainsi qu’aux petites entreprises, par la révision à la baisse des taxes et des droits de douanes, mais aussi et surtout par la mise en place d’une politique administrative adéquate. «Seuls les investissements pourront créer des emplois et encourager les Libanais à rester dans leur pays, insiste-t-il. Mais pour cela, le gouvernement doit faciliter les démarches et annuler toutes ces paperasseries administratives qui ont déjà découragé plus d’un investisseur», déplore-t-il. Mais peut-on parler de confiance dans un pays où des dirigeants représentant des fractions bien précises sont exilés ou emprisonnés ? Prônant la liberté d’expression absolue de tout citoyen libanais, dans le respect de la Constitution et des lois, Nabil de Freige aborde la question avec diplomatie. «Je suis contre le fait que M. Geagea soit en prison pour des raisons politiques, mais s’il est reconnu coupable de l’assassinat de la famille Chamoun, c’est différent, dit-il. Quant au général Aoun, je trouve regrettable qu’il soit encore en France». Et d’ajouter : «Nous sommes tous d’accord qu’il faut libérer le pays, mais le général Aoun a adopté une politique suicidaire. D’ailleurs, ce n’est pas ainsi qu’on traite, et surtout pas avec la Syrie». Car M. de Freige insiste sur la nécessité de préserver ces relations que l’on qualifie de privilégiées entre les deux pays : relations entretenues dans l’intérêt des deux pays et dans le cadre d’un respect mutuel. «Je suis toutefois pour la révision de ces relations privilégiées, comme l’ont d’ailleurs dit des proches du régime syrien, en l’occurrence M. Négib Mikati, car il ne faut pas oublier que c’est la classe politique traditionnelle libanaise qui a encouragé cette influence prépondérante de la Syrie», ajoute-t-il. Mais il est conscient de l’enjeu que constitue l’ouverture potentielle du marché syrien pour le Liban et du rôle des relations entre les deux pays dans l’ouverture de ce marché aux Libanais. L’implantation palestinienne au Liban est hors de question À propos de l’épineuse question de l’envoi de l’armée au Liban-Sud, Nabil de Freige pense qu’il serait néfaste à l’heure actuelle de charger l’armée d’une telle mission. «Car il ne fait aucun doute, aujourd’hui, que les fermes de Chébaa font partie du Liban. Et le fait d’envoyer l’armée au Sud signifie désarmer le Hezbollah. Or tant que les problèmes des hameaux de Chébaa et des Palestiniens du Liban n’ont pas été réglés, le désarmement du Hezbollah est prématuré», pense-t-il, ajoutant qu’il est hors de question que les Palestiniens réutilisent le Liban-Sud comme zone de combat contre Israël. «De même, souligne M. de Freige, l’implantation palestinienne au Liban est impensable, et je crois qu’il y a une entente locale à ce niveau». Pour éviter cette implantation, il est convaincu que les moyens existent, comme l’octroi d’un passeport palestinien ou d’une carte d’identité palestinienne. «A ce moment, ajoute-t-il, ils n’auront pas le droit de vote au Liban, mais y resteront le temps de voir où ils pourront s’installer définitivement». Quant à l’abolition du confessionnalisme politique, «elle doit émaner d’une décision libanaise des représentants de toutes les confessions, pense le député, et doit découler d’un consensus national. Si elle a lieu, il est évident que le procédé sera long. Mais pourquoi ne pas l’entamer ?». Les idées de Nabil de Freige en accrocheraient plus d’un et plus d’une, car le nouvel élu est aussi partisan des droits de la femme et de son implication dans la vie politique, du vote à 18 ans, de la réglementation de la chasse (car il aime aussi chasser), de la réhabilitation de l’hippodrome qui attirerait les investisseurs arabes, qui représenterait un débouché pour les agriculteurs et qui permettrait, par la même occasion, la création d’un jardin public ouvert à tous. «Mais il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées, déclare le député. Il est facile de promettre, quand tout va mal. L’euphorie des élections est passée. Je fais partie d’une équipe qui veut faire du bon travail et non seulement figurer dans les inaugurations, les mariages et les enterrements. Mon rôle est de voter, d’amender les lois et d’œuvrer à assurer les besoins du citoyen et améliorer sa vie quotidienne». Anne-Marie EL-HAGE
Le 3 septembre, Nabil de Freige a été élu député de Beyrouth des minorités, sur la liste de la Dignité de M. Rafic Hariri. Père de famille moderne, amateur de musique pop, francophone jusqu’au bout des ongles, il n’en reste pas moins un Libanais, très engagé. Engagé dans la lutte pour un Liban meilleur, pour la restauration de la confiance et l’encouragement des...