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Actualités - REPORTAGES

« Pour que mon fils reste au Liban »

Il y a Amsterdam, il y a Anvers... et il y a Batroun. La ville est un port depuis plusieurs milliers d’années. Et comme dans toutes les villes portuaires, il existe à Batroun une tolérance certaine qui n’existe pas ailleurs. D’ailleurs, ce n’est pas à Tripoli, à Tyr ou dans d’autres villes loin de la capitale que l’on passera des soirées comme les soirées de Batroun. Dans l’unique boîte de nuit de la localité, La Taïga, les noctambules font la fête jusqu’à 5h du matin. Ici, les filles qui se dandinent et qui flirtent sur la piste arrivent accompagnées. Elles sont avec des jeunes hommes qui ont réservé des tables. Le bar est l’endroit le plus prisé des garçons qui viennent pour faire la fête entre hommes, ou peut-être qui viennent draguer des filles arrivées en groupes mixtes. En résumé, à Batroun, une fille toute seule ne va pas en boîte et ne s’installe pas au bar. N’empêche qu’à La Taïga les noctambules s’amusent en faisant fi des préjugés qui pourraient exister dans une ville de vingt mille habitants. La boîte de nuit a tout juste six mois et déjà elle est connue parmi les habitants d’Enfé, de Chekka, de Zghorta…voire de Zahlé. Georges Barbari, le propriétaire du local, raconte cependant que La Taïga a ouvert ses portes pour la première fois en 1968. «Nous étions un groupe de six jeunes étudiants et nous avions décidé d’aménager un endroit tout juste au-dessous de chez moi pour nous retrouver», dit-il. «Au lieu d’organiser des anniversaires dans nos propres maisons, on faisait la fête ici», ajoute-t-il. À la longue, Georges, qui est devenu ingénieur, a transformé le local en café-restaurant où l’on pouvait manger une pizza ou une mankoucheh au charbon de bois, ou encore siroter la fameuse limonade de Batroun. En avril dernier, il a converti l’endroit en boîte de nuit. Explication : «Je ne voulais pas que mon fils Émile quitte le Liban». Émile a à peine 22 ans, il projetait de partir aux États-Unis pour poursuivre ses études de marketing. Actuellement, il occupe le poste de DJ dans la boîte de nuit de son père. Pour le moment, il a légué aux oubliettes ses histoires de partir loin pour faire sa vie. Comment Georges a eu l’idée d’ouvrir une boîte de nuit ? «Pourquoi les jeunes de Batroun devraient-ils aller loin pour veiller dans un bel endroit ?», demande-t-il en ajoutant : «Il manquait à la ville une véritable boîte de nuit qui rassemble les jeunes et qui propose à boire et à manger à des prix abordables». Le propriétaire n’a effectué aucune étude de marché, «mon seul repère était mes enfants : qu’est-ce qu’ils apprécient, leur budget du week-end», etc, explique-t-il Georges a d’autres ambitions, dans quelques mois la boîte de nuit sera agrandie. Les travaux ont déjà commencé. Bientôt, il ouvrira un café-restaurant sur l’autoroute du Nord, à Batroun, non loin de la citadelle de Msaylha. Il ne pourra jamais renoncer à ses pizzas, ses manakish et ses véritables limonades de Batroun.
Il y a Amsterdam, il y a Anvers... et il y a Batroun. La ville est un port depuis plusieurs milliers d’années. Et comme dans toutes les villes portuaires, il existe à Batroun une tolérance certaine qui n’existe pas ailleurs. D’ailleurs, ce n’est pas à Tripoli, à Tyr ou dans d’autres villes loin de la capitale que l’on passera des soirées comme les soirées de...