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Actualités - REPORTAGES

Infrastructure - Le transport multimodal pour réduire les coûts La coordination des politiques arabes, un choix stratégique

L’abolition des frontières entre les pays ouvre grand la porte devant une concurrence serrée. Le transport, pierre angulaire de l’activité économique, pose un problème de coût élevé. Le transport multimodal ou intégré, qui combine le transport aérien, maritime et terrestre faisant de ces trois moyens une unité complémentaire et efficace, pourrait constituer une solution à ce problème. Reste, cependant, la question de la durée du trajet, qui peut s’avérer on ne peut plus longue. Le transport joue un rôle primordial dans l’économie, ayant des répercussions directes sur le mouvement des échanges commerciaux entre les pays et les hommes. Le transport intégré vise à faciliter l’opération de transport et à améliorer la prestation des intermédiaires tout en contribuant à baisser le coût de l’opération jusqu’à atteindre un niveau de coût optimal. «Ce modèle de transport peut générer des économies pouvant atteindre les 20% du coût initial de la transaction», déclare Fadi Saab, membre de la commission de transport à la Chambre internationale de commerce. «La marge de réduction du prix sera d’autant plus grande que le contrat de transport est important et que la distance entre le fournisseur et le destinataire est plus grande», souligne Élie Zakhour, président de la Chambre internationale de navigation de Beyrouth, qui met l’accent sur le fait qu’une opération de transport multimodal nécessite un seul connaissement et une seule police d’assurance . L’Escwa, de son côté, poursuit l’examen d’un plan à long terme visant à développer un système de transport complémentaire dans le Mashreq arabe, un système que les pays membres ont approuvé lors de la tenue de la 20e session en mai 1999 sur base d’une résolution présentée par la commission du transport. Ce système, qui reconnaît le rôle stratégique du secteur du transport dans la dynamisation du processus de développement des pays, se base sur trois fondements : l’implantation d’un réseau de transport complémentaire qui comprend les principaux moyens de transport ; un réseau informatique qui couvre ce système et qui constitue une base de données pour toute la région de l’Escwa et un cadre méthodologique pour mettre au point et analyser les politiques de transport. «Pour assurer des services de transport multimodal efficaces entre les différents pays arabes, il est impératif de mettre en place une infrastructure moderne comprenant un réseau de transport complémentaire et de faciliter les opérations de déplacement des produits et des personnes au niveau des postes frontières, des ports et des aéroports en unifiant les formalités et les procédures administratives», souligne M. Saab. Pour Élie Zakhour, avant de procéder à une évaluation des avantages et inconvénients du transport multimodal encore faut-il a priori faciliter le déplacement des produits et des personnes entre les pays arabes en synchronisant et coordonnant les politiques de transport des pays concernés ? La globalisation gagne chaque jour plus de terrain comme conséquence des changements accélérés dans les domaines des communications, du commerce et de l’industrie ainsi que dans les secteurs du transport maritime, aérien et terrestre. Elle a imposé la création de blocs économiques énormes, tels l’Organisation mondiale du commerce, l’Union européenne et le rassemblement des pays de l’Amérique du Nord et l’émergence de mégas qui commandent le cours des marchés. «Les rassemblements susmentionnés ne se seraient pas imposés à la communauté internationale s’ils n’avaient pas choisi de faciliter le passage des produits et des personnes entre les pays en abolissant les barrières douanières et en aplanissant tous les obstacles qui entravent le flux des marchandises, des véhicules et des camions ainsi que le déplacement des personnes, a-t-il dit. Est-il encore possible alors que nous vivons à l’ère de la globalisation que des camions transportant des conteneurs soient empêchés de pénétrer ou de transiter par certains territoires arabes pour des raisons soi-disant de sécurité au moment où il existe une multitude de moyens qui permettent à ces pays de surveiller la marchandise transportée». Comment peut-on expliquer que certains pays arabes accordent aux ressortissants de pays occidentaux un visa d’entrée à leur arrivée chez eux alors qu’ils imposent aux citoyens arabes de verser une caution comme condition à l’obtention d’un visa d’entrée. «En dépit de cet état de fait, la coordination des politiques de transport entre les pays arabes devrait rester notre choix stratégique», a fait valoir le président de la Chambre internationale de navigation de Beyrouth. Déséquilibre dans les investissements Parmi les entraves à un développement équilibré du transport dans la région figurent notamment la différence entre un pays et l’autre dans le volume des investissements affectés à la mise en place de l’infrastructure routière et aéroportuaire, la différence des procédures, l’absence d’une vision claire relative aux priorités de l’avenir et le non-respect par certains pays arabes des accords internationaux et régionaux concernant le transport. «Avant la guerre, le port de Beyrouth était surnommé le port des Arabes. Aujourd’hui, le transit terrestre vers l’interland arabe via le port de Beyrouth est presque paralysé pour des raisons indépendantes de notre volonté. Par contre, les opérations de transbordement via le terminal de conteneurs (secteur où le Liban agit en toute autonomie) sont susceptibles de générer une activité dense si trois conditions sont remplies : implanter un service de haute qualité aux grands navires (Mother Vessels) qui déchargent des conteneurs destinés au transit ; appliquer des tarifs concurrentiels pour les opérations de transit et mettre en place une législation douanière flexible», souligne M. Zakhour. Les obstacles, qui entravent le déplacement des marchandises à travers les portes internationales, ne manquent pas et se présentent comme suit : hausse du coût des formalités ; lenteur de la procédure à suivre ; manque de compétence des cadres humains et corruption administrative. Abondant dans le même sens, M. Saab déplore l’absence d’un guide à l’adresse des intermédiaires qui informerait sur les démarches à entreprendre et les formalités à accomplir. L’inexistence d’un tel guide crée un manque de transparence au niveau de la procédure à suivre, ce qui entraîne des frais supplémentaires. «Les lois en vigueur exigent la présence personnelle de l’intermédiaire aux postes douaniers pour accomplir les formalités. Au lieu que ces formalités ne soient achevées suivant un système électronique, les règlements tels qu’ils sont appliqués donnent l’occasion à certains employés de créer artificiellement des entraves entraînant une hausse des coûts», dit-il. Il existe également un manque de coordination entre les organismes concernés par les formalités ( ministère, Chambre de commerce, capitainerie du port, douanes, intermédiaire ou agent maritime...) entraînant un gaspillage du temps, une hausse des coûts globaux et un manque de précisions dans les informations. De même, les acteurs dans le domaine du transport relèvent la diversité des établissements publics et autorités gouvernementales concernés par l’opération de transport et déplorent l’absence au niveau régional de normes claires pour évaluer le prix des produits qui est à l’origine des différends entre les commerçants et la douane. Recommandations Pour moderniser les services de transport et implanter un réseau international de transport développé entre les pays arabes, pierre angulaire de la mise en œuvre de services de transport intégré, un partenariat entre les secteurs public et privé est indispensable pour assurer une infrastructure adéquate, moderniser et dynamiser les procédures douanières, développer les services logistiques fournis et adopter une informatisation des différentes étapes de l’opération de transport. Il s’agira dans la pratique d’opter pour une simplification des démarches et des procédures à suivre tout en diminuant le nombre des formalités et des signatures requises, en unifiant les documents, les normes et les règles ainsi qu’en créant des postes douaniers communs entre les pays limitrophes et en modernisant et amendant les législations en vigueur dans ce domaine. Il s’agira aussi de mettre en place des mesures opérationnelles susceptibles d’assurer un maximum d’intégrité au niveau des pratiques administratives tout en réduisant au maximum le contact direct entre les intermédiaires et les fonctionnaires. Pour M. Saab, il serait utile de diminuer ou d’abolir totalement les taxes de transport et de transit pour mettre un terme aux pratiques de corruption et baisser les charges pesant sur l’opération et de simplifier les documents relatifs aux opérations de transport aérien, terrestre et maritime en particulier ceux relatifs aux permis de livraison de la marchandise. À l’initiative de la Trans Mediterranean Airways, la formation d’une équipe nationale représentant le secteur privé du transport maritime, terrestre et aérien est en gestation. Elle aura pour mission de mettre au point un document de travail qui sera présenté au gouvernement et concernerait les amendements à apporter aux législations en vigueur notamment au niveau de la loi sur les douanes afin de faciliter l’opération de transport. Les pays membres de l’Escwa, qui ont participé fin septembre à la Maison des Nations unies à Beyrouth à un séminaire sur le transport, ont préconisé l’application des normes internationales comme celles qui sont adoptées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour l’évaluation du prix des produits transportés en profitant du réseau arabe d’informations commerciales (Inter-Arab Trade Information Network), la réduction du nombre des classifications douanières et l’unification des horaires de travail entre les pays concernés afin d’assurer des services efficaces non-stop au niveau de toutes les portes de sortie selon les besoins commerciaux et exigences opérationnelles. Reprenant les recommandations des participants au séminaire de l’Escwa, M. Saab s’est prononcé en faveur de la conclusion d’un accord régional entre les pays arabes portant sur la simplification et l’unification des formalités concernant le transport des produits via les portes internationales et la ratification des traités internationaux en vigueur, tels l’accord TIR pour le transit terrestre et la convention de Kyoto pour la simplification des formalités. L’adoption du système du transport combiné se fait dans la perspective d’accroître le potentiel concurrentiel dans le commerce international. Le Liban se doit de développer sa politique du transport étant habilité de par sa position géographique et sa proximité des différentes capitales arabes à devenir un centre pour les services du transport au Proche-Orient.
L’abolition des frontières entre les pays ouvre grand la porte devant une concurrence serrée. Le transport, pierre angulaire de l’activité économique, pose un problème de coût élevé. Le transport multimodal ou intégré, qui combine le transport aérien, maritime et terrestre faisant de ces trois moyens une unité complémentaire et efficace, pourrait constituer une...