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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

WORLD MUSIC - Yuri Mrakadé signe de A à Z un album chez EMI-Virgin La reconversion réussie d’un enfant de la pub

Tout change chez Yuri Mrakadé, comme s’il vivait une mue. «Je tourne la page», dit-il. La pub, exit. La musique, l’autre, celle que l’on «labellise» comme World Music, il s’y lance à fond. «Ce qu’il y a de bien dans ce changement de carrière, dit Yuri, élégamment vautré sur un canapé de cuir rouge, c’est qu’il m’évite ce dédoublement de personnalité et me permet de me délecter à plein temps de ma liberté de création». Il parle beaucoup et vite, avec le débit saccadé d’un éternel ado enthousiaste. Tout en grignotant une man’ouché, il exulte. Il est content de son premier album. Il peut l’être. Jamais il ne la joue vieux crocodile revenu de tout. Loin de le pousser à ratiociner, ses transhumances ont consolidé sa candeur. Sorte d’agitateur curieux et attentionné. Lunettes rouges, montre rouge, canapés en cuir rouge, murs vert anis et… rouge. «Cette couleur ne signifie rien en particulier», dit-il en souriant. Yuri Mrakadé, 30 ans, est bien dans ses baskets (aux lacets éternellement déliés) . Une tignasse aux pointes méchées, un bouc taillé très fin. Attitude désinvolte cachant mal un esprit fignoleur, perfectionniste. Du talent, il en a, certes. Et il le sait pertinemment bien. Il veut donc l’utiliser à bon escient. En 1989, Yuri M. a gagné le premier prix de la chanson au Japon pour une chanson intitulée Humanless. Comme le titre l’indique, il chantait en anglais. Le directeur de Youri M. Productions faisait cela pour s’amuser. Plus maintenant. «Je suis devenu un artiste à 100 %». Cela fait longtemps que ça le travaillait mais il attendait le bon moment, une certaine maturité. Il sort donc un premier single intitulé Arabiyon Ana (Arabe je suis). Une sorte de ballon d’essai. Succès immédiat. Cette chanson figure en «track number one» dans une compilation intitulée Sunshine Arabia ( Virgin – EMI). Comme le titre ne l’indique pas, il s’agit d’une chanson d’amour. D’ailleurs, tout l’album qui doit sortir en novembre est placé sous le signe d’Aphrodite. Si romantiques, si sensuelles. En arabe littéraire parce que c’est «la langue la plus vivante, la plus riche et la plus subtile». «Je me suis résolu à tirer la crème des deux civilisations, dit-il. Prendre le meilleur de l’Occident que je traduis dans la discipline : avoir des rendez-vous exacts, des horaires fixes…». «Les Occidentaux savent également où s’arrête le rêve et où doit commencer sa réalisation». Ne pas calquer, imiter, cloner. Prendre le meilleur, y mettre beaucoup de soi, de sa propre culture. Tels sont les maîtres mots de Yuri. «Si on veut être universel, il faut taper du pied et monter. Prendre du recul, une perspective des choses». Le jeune artiste revendique l’éclectisme dans l’art. «Tout le monde a le droit d’exister. De Mozart à DJ Yoyo. Le reste est une question de goût. Il y a des jours où j’écoute Prodigy et d’autres Farid el-Atrache. Au Liban, nous avons ce mélange, cette culture riche en contradictions. Il faut mettre cela à profit. Cultiver notre différence». Yuri Mrakadé se considère aujourd’hui comme «l’homme le plus heureux au monde». Explication : «Je fais exactement ce que j’ai envie de faire. Pas de concession. Pas de faux-semblant pour cause de marketing». Il dédie l’album, qui doit sortir en novembre, à «tous ceux qui ont connu l’amour, ses joies comme ses peines, ses triomphes comme ses défaites». Un album dont les arrangements musicaux ont été fignolés avec son ami et néanmoins collaborateur Hadi Charara. Youri Mrakadé est sollicité pour des concerts et des festivals en Occident comme dans le monde arabe. Tous les matins du monde, Yuri se réveille avec une interrogation en tête : porter des babouches ou des baskets ? Orient ou Occident ? Avec ses poèmes en arabe littéraire arrangés sur la World Music, on peut dire qu’il a trouvé chaussure à son pied. Maya GHANDOUR HERT
Tout change chez Yuri Mrakadé, comme s’il vivait une mue. «Je tourne la page», dit-il. La pub, exit. La musique, l’autre, celle que l’on «labellise» comme World Music, il s’y lance à fond. «Ce qu’il y a de bien dans ce changement de carrière, dit Yuri, élégamment vautré sur un canapé de cuir rouge, c’est qu’il m’évite ce dédoublement de personnalité et me...